Devant les préfets, Emmanuel Macron appelle à «refonder les relations avec les collectivités»
Emplois aidés, APL, sécurité : le président de la République a cherché à déminer plusieurs polémiques devant le corps préfectoral et a précisé certaines annonces.

Devant les préfets, Emmanuel Macron appelle à «refonder les relations avec les collectivités»

Emplois aidés, APL, sécurité : le président de la République a cherché à déminer plusieurs polémiques devant le corps préfectoral et a précisé certaines annonces.
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Le rendez-vous est peu commun pour les préfets, plutôt habitués aux salons de l’hôtel Beauvau du ministère de l’Intérieur que de la salle des fêtes de l’Élysée. Durant près de deux heures, le chef de l’État a dressé une feuille de route détaillée au corps préfectoral, multipliant les mots d’ordre à ces relais locaux de l’exécutif qu’il incite à devenir « des entrepreneurs de l’État ».

En les invitant à prendre des risques, à faire preuve de pragmatisme face aux différentes réalités locales, Emmanuel Macron a multiplié les annonces et les explications pour les préfets de départements et de régions qui auront à « piloter » les réformes sur le terrain. Tout y est passé : la sécurité, la politique de l’emploi ou encore les services publics.

Au chapitre des collectivités, le président de la République a notamment appelé à « refonder les relations avec les collectivités territoriales ».

Crédits des collectivités : la « mauvaise polémique »

Il a d’abord cherché à éteindre les tensions avec les élus locaux, qui ne sont pas retombées depuis l’annulation de 300 millions d’euros de crédits fin juillet. « Cette mécanique est parfaitement connue », s’est défendu le président de la République, dénonçant « une mauvaise polémique » :

« Les engagements pris sont pleinement respectés. La régulation budgétaire annoncée par le Premier ministre a été conçue en partant sur des autorisations d’engagements et sur des crédits de paiement sur des projets d’investissements simplement décalés dans le temps, afin que les collectivités locales ne soient pas affectées. »

Passé la séance d’explication sur l’exercice budgétaire en cours, Emmanuel Macron a tenté de rassurer pour 2018. « Je l’assume pleinement : je n’ai pas souhaité procéder à une baisse brutale des dotations qui s’inscrive dans la droite ligne de 2017 », a-t-il confirmé. « C'est un engagement pris, il sera respecté ».

300 collectivités territoriales passeront un « contrat financier » avec l’État

Les contreparties financières du « pacte de confiance » entre l’État et les collectivités, annoncées lors de la Conférence nationale des territoires le 17 juillet dernier, ont ensuite été détaillées. Modération des dépenses comme visibilité des recettes : le suivi du budget des collectivités locales fera l’objet de « contrats financiers », dont les préfets seront chargés de la préparation. Au total, selon le président, « 300 collectivités représentants 80% des dépenses locales » seront concernées par l’exercice.

Le discours devant les préfets a également été l’occasion pour Emmanuel Macron de répéter l’une de ses promesses énoncées durant la Conférence des territoires : redonner un nouvel élan à la décentralisation. « On a assisté à un processus de recentralisation au sein de l’État, il faut redonner de réelles marges de manœuvre au niveau local », a déclaré le président de la République.

Nouvelles mesures de « déconcentration »

De nouvelles mesures en matière de « déconcentration » en matière budgétaire ou de gestion des ressources humaines des collectivités seront annoncées avant la fin de l’année, sous l’autorité du Premier ministre, a également annoncé Emmanuel Macron.

 Soucieux d’un « État qui parle d’une seule voix dans les territoires », le chef de l’État a expliqué que la future Agence de cohésion des territoires sera un interlocuteur de premier plan et « constituera une organisation déconcentrée », autour des préfets.

De la lutte antiterroriste aux emplois aidés, une série d’annonces

Pendant son discours, à l’issue duquel il s’est prêté à un jeu de questions-réponses avec quelques préfets, le chef de l’État en a profité pour distiller les annonces ou préciser certains caps.

La sécurité, tantôt qualifiée de « première mission de l’État » ou « priorité absolue », a occupé une grande partie de l’allocution. Concernant l’antiterrorisme, Emmanuel Macron a annoncé une adaptation du dispositif Sentinelle, et a précisé que le projet de loi sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme, qui sera discuté au Parlement à l’automne avant la sortie de l’état d’urgence, fera l’objet d’une évaluation en 2020.

Près de trois mois après l’attentat raté des Champs-Élysées, le président de la République a encouragé à ne faire aucune « rétention d’information » à l’égard des préfets, encourageant à croiser les fichiers, et appelant revoir le projet de loi sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme.

Au « défi immense » de la crise migratoire, Emmanuel Macron a critiqué la « situation indigne de notre pays et de notre tradition d’accueil ». Des pays de départ, à l’accueil, en passant par l’intégration des réfugiés, le président de la République a proposé de revoir profondément chaque étape des flux, plaidant pour que la future loi présentée au semestre prochain s’inspire du modèle allemand.

Séance d’explication également sur sa politique de l’emploi. Face à la polémique grandissante sur la réduction du nombre de contrats aidés, Emmanuel Macron a répondu que ce dispositif n’était « pas une réponse durable au problème de l’emploi ». Ces contrats seront désormais limités à l’avenir à « quatre priorités : l’accompagnement des élèves en situation de handicap, l’urgence sanitaire et sociale, les postes dans les territoires ruraux et l’outre mer.

Quant à la politique du logement, Emmanuel Macron a souligné l’inefficacité des politiques actuelles. « Nous n’avons pas cherché à répondre à la raréfaction et l’augmentation incessante des prix », a-t-il déploré. « J'appelle publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros par mois », a-t-il ajouté subitement, en réponse à la baisse de 5 euros des APL. Une invitation inattendue qui n'a pas manqué de déclencher de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Le président de la République a annoncé qu’un projet de loi serait dévoilé « dans les prochaines semaines » pour un « vrai choc d’offre » en matière de logement.

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