Dialogue difficile à Téhéran pour le chef de la diplomatie française
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, est à Téhéran lundi pour demander à l'Iran des gages sur son programme balistique et ses...
Par Valérie LEROUX, Siavosh GHAZI
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Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, est à Téhéran lundi pour demander à l'Iran des gages sur son programme balistique et ses ambitions régionales afin de tenter de sauvegarder l'accord sur le nucléaire iranien, menacé par les États-Unis.
Mais le "dialogue franc et exigeant" que le responsable français souhaite avoir avec ses interlocuteurs iraniens apparaît mal engagé tant les prises de position de la France vis-à-vis de l'Iran crispent Téhéran depuis plusieurs mois.
M. Le Drian a rencontré dans la matinée l'amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) et proche du guide iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.
En début d'après-midi, le ministre français a commencé une session de travail avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, qui a dénoncé dans la presse l'"extrémisme" dont font preuve selon lui les pays européens "pour conserver les États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien".
Cette attitude "nuira en fin de compte à la politique de l'Europe", a-t-il averti.
M. Le Drian est le premier haut responsable des trois pays de l'Union européenne parties de l'accord sur le nucléaire iranien (Allemagne, France et Grande-Bretagne) à venir à Téhéran depuis l'ultimatum posé en janvier par Donald Trump à propos de ce texte présenté par ses partisans comme le meilleur moyen d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique.
- 'Laquais' -
Description et chronologie des principaux points de l'accord de Vienne signé le 14 juillet 2015 concernant le nucléaire iranien
AFP
Le président américain, pour qui il s'agirait d'un des pires accords jamais accepté par les États-Unis, a donné jusqu'au 12 mai aux Européens pour remédier aux "terribles lacunes" de ce texte conclu en 2015, faute de quoi Washington en sortira et réintroduira des sanctions contre l'Iran.
La France cherche à obtenir de Téhéran des engagements à modérer son programme balistique et son influence au Proche et au Moyen-Orient, où Paris accuse la République islamique de visées "hégémoniques".
Deux points sur lesquels l'Iran a dit jusque-là pouvoir "dialoguer", mais certainement pas "négocier", sauf à ce que l'Occident détruise d'abord tous ses missiles et armes nucléaires, comme l'a déclaré samedi un haut responsable militaire iranien.
Réunion entre Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (g) et son homologue français Jean-Yves Le Drian, le 5 mars 2018 à Téhéran
AFP
"La politique de l'Europe qui consiste à donner des gages aux États-Unis pour les garder au sein de l'accord nucléaire est une erreur synonyme de [...] capitulation face" à M. Trump, a déclaré l'amiral Shamkhani lors de sa rencontre avec M. Le Drian, selon un communiqué du CSSN.
Selon le texte, M. Shamkhani a ajouté que "le renforcement de la capacité défensive de l'Iran, en particulier la puissance balistique du pays, est une nécessité inévitable dans le cadre de la politique de dissuasion de l'Iran".
Lundi matin, la presse ultraconservatrice iranienne s'en est violemment pris à M. Le Drian, s'offusquant de propos que le Journal du Dimanche français a prêtés au ministre et selon lesquels l'Iran "s'exposera à de nouvelles sanctions" s'il ne prend pas "à bras le corps" le sujet des "programmes balistiques de plusieurs milliers de kilomètres de portée qui ne sont pas conformes aux résolutions" du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le quotidien Kayhan a parlé d'"insulte" au "peuple iranien". Son confrère Javan titre "Le laquais parisien de Trump à Téhéran".
- 'Action inutile' -
Pour Paris, la remise en cause de l'accord sur le nucléaire iranien ouvrirait la porte à la prolifération dans une région déjà très instable et ne ferait qu'encourager la Corée du Nord à aller plus loin dans son programme atomique militaire.
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian (à gauche) reçu à Téhéran par l'amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne le 5 mars 2018
AFP
Mais pour M. Zarif, "toute action pour satisfaire la partie qui a le plus violé l’accord nucléaire [les États-Unis, NDLR] est inutile".
Face aux critiques de Paris sur le rôle de l'Iran en Syrie, en Irak et au Liban, et aux "inquiétudes" exprimées par M. Le Drian sur le rôle que jouerait Téhéran dans la guerre au Yémen, M. Zarif a rappelé les griefs de la République islamique à l'encontre de l'Occident.
Il a dénoncé l'appui de l'Occident à l'Irak contre l'Iran pendant la guerre entre ces deux pays (1980-1988) et le soutien politique et militaire qu'apportent aujourd'hui les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne à "l'agresseur" qu'est l'Arabie saoudite dans le conflit au Yémen.
M. Le Drian doit encore être reçu dans l'après-midi par le président Hassan Rohani avant d'inaugurer une exposition inédite du Musée du Louvre à Téhéran.
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