« Il y a des dates qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943 ». Des premiers mots forts de la part d’Elisabeth Borne, en se remémorant les arrestations de son père, grand-père et oncles par la Gestapo, puis déportés à Auschwitz-Birkenau. De confession juive et miraculé de la déportation, Joseph Borne, père d’Elisabeth, s’est suicidé en 1972 alors qu’elle n’avait que 11 ans. « Ce qu’il s’est passé là-bas, mon père l’a écrit dans deux lettres. Elles sont le seul témoignage que je conserve de lui » a-t-elle raconté devant le CRIF. « Certains ont réussi à garder le goût de l’espérance et la foi dans la vie. D’autres non. Je ne le sais que trop bien » a-t-elle poursuivi devant le millier d’invités (politiques, ambassadeurs, religieux, syndicalistes, artistes, etc.) réunis au Carrousel du Louvre, à Paris.
Ce dîner n’est pas sans rappeler la présentation du plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, présenté à l’Institut du monde arabe le 30 janvier. La première Ministre souhaite toujours « que chaque élève de France effectue au moins une visite d’un lieu de mémoire dans sa scolarité ». « Transmettre, réparer, faire vivre la mémoire : c’est d’abord pour notre jeunesse que nous le faisons » a-t-elle déclaré. Une jeunesse très évoquée par la cheffe du gouvernement, à travers le système scolaire et « la bataille des préjugés à l’école, au collège, au lycée ». « Dans certains établissements, tout ne peut pas être dit. Tout ne peut pas être enseigné et certaines insultes sont banalisées » a-t-elle renchéri. Des actes ne devant pas être « ignorés ou minimisés ». « Encore moins quand cela conduit trop de jeunes à préférer quitter l’école de la République ». Elisabeth Borne a d’ailleurs rappelé que des équipes avaient été mises en place afin d’aider les établissements en cas de problèmes, et ce, au niveau national. « Je suis très claire : nous ne devons rien laisser passer » a-t-elle dit avec détermination.
Dans son discours figurait aussi le décompte du CRIF concernant la baisse des faits antisémites en France, basé sur les données du Service de protection de la communauté juive (SPCJ). L’ancienne Ministre de la Transition écologique et solidaire a ainsi indiqué qu’ « au cours de l’année 2022, le nombre de faits antisémites a reculé de plus d’un quart par rapport à 2021 », un chiffre encourageant mais nuancé par Elisabeth Borne. « Aujourd’hui encore, il y a plus d’un acte antisémite par jour, recensé par les forces de l’ordre. Et les résultats obtenus [par les mesures prises] ne sont certainement pas le signe qu’il faut arrêter. Ils signifient, au contraire, que nous allons dans la bonne direction, et qu’il faut continuer ».