« Dire que votre question est choquante est un euphémisme ! » : passe d’armes entre Olivier Véran et le sénateur Henri Leroy sur l’Ocean Viking

« Dire que votre question est choquante est un euphémisme ! » : passe d’armes entre Olivier Véran et le sénateur Henri Leroy sur l’Ocean Viking

Réagissant dans l’hémicycle à l’accueil de l’Ocean Viking par la France, le sénateur LR Henri Leroy a fait le lien entre l’accueil de migrants et les attaques terroristes qu’a connues le pays ces dernières années. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lui a reproché « une généralité assez grave » à l’heure de la montée des extrémismes. Des sénateurs du centre et de la droite ont également condamné les propos de leur collègue.
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Le sort des migrants du navire Ocean Viking, accueilli par la France la semaine dernière à l’issue d’un bras de fer avec l’Italie, continue d’agiter la classe politique. Quatre des questions d’actualité adressées au gouvernement par les sénateurs lors de la séance de mercredi étaient consacrées à ce sujet. Et celle du sénateur LR des Alpes-Maritimes, Henri Leroy, a fini par faire perdre son calme au porte-parole Olivier Véran, missionné pour lui répondre en l’absence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. « En accueillant l’Ocean Viking, vous confondez humanitaire et appel d’air. En accueillant l’Ocean Viking vous faites le jeu des passeurs », a accusé l’élu, voulant alerter sur le sort des « Français et étrangers assimilés, qui ont la plus grande difficulté pour se nourrir, se loger, se soigner, et demain pour se chauffer. »

« Combien faudra-t-il de Bataclan, de père Hamel, de massacre à Nice, de Lola ? »

« Sauvez des vies en péril est une priorité, mais les bateaux doivent être renvoyés dans les ports de départs. Il est urgent qu’il y ait une refonte de la politique d’immigration au niveau européen, autrement vous continuerez de mettre les Français en danger », a-t-il estimé. Avant de glisser dans la diatribe : « Oui, il existe un lien entre immigration et insécurité. Combien faudra-t-il de Bataclan, de père Hamel, de massacre à Nice, de Lola […] ? Qu’attendez-vous pour arrêter d’accueillir ceux dont les autres ne veulent pas et pour expulser tous ceux qui n’ont pas vocation à être sur notre sol national ? », a-t-il tempêté, sous les protestations d’une partie de l’hémicycle, celles de la gauche notamment.

« Qu’essayez-vous, Monsieur le sénateur, d’instiller dans l’esprit des Français ? »

« Il est certaines questions devant lesquelles on se dit, quand on est ministre et que l’on doit vous répondre, qu’il y a énormément de sénateurs, de tous bords, qui aimeraient vous répondre à ma place », a relevé Olivier Véran devant l’agitation soulevée par l’élu. « Vous dire que votre question est choquante, est un euphémisme ! », s’est ensuite agacé le porte-parole du gouvernement. « En quoi êtes-vous fondé à faire le lien entre quelques dizaines de personnes en détresse en Méditerranée, une partie venant du Bangladesh, des enfants de moins de 3 ans… et les attentats du Bataclan ? Qu’essayez-vous, Monsieur le sénateur, d’instiller dans l’esprit des Français ? », a-t-il lancé.

« Je parle sous le contrôle de votre président de groupe, mais ça ne peut pas être la ligne de la droite républicaine de notre pays que de faire le lien entre le terrorisme et le sauvetage de personnes en mer qui, si on ne les avait pas accueillies en France, auraient fini par périr », a ajouté Olivier Véran. Une référence à peine voilée à la bataille qui se déroule en interne chez Les Républicains, pour la présidence du parti, et dont les deux principaux favoris sont Bruno Retailleau, patron des LR au Sénat, et le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, que soutient Henri Leroy. Si les deux ont fait des questions de sécurité et migratoires l’un de leurs grands chevaux de bataille, Éric Ciotti a défrayé la chronique pendant la présidentielle en revendiquant une proximité idéologique avec Éric Zemmour, pour lequel il s’était dit prêt à voter.

« La non-assistance à personne en danger n’est pas dans l’ADN de la France, n’est pas dans l’ADN de la République, n’est pas dans l’ADN du pays des Lumières ! » a encore dénoncé Olivier Véran. « Vous faites une généralité assez grave après les élections que nous avons connues et la montée des populismes en Europe. »

« Des commentaires un peu sommaires et simplistes » sur un sujet complexe

Réagissant en marge de la séance à cet échange, le sénateur Hervé Marseille, président du groupe centriste, allié de la droite au Sénat, et qui avait lui aussi interpellé le gouvernement sur ce sujet, a estimé que son collègue était allé « beaucoup trop loin sur un sujet éminemment compliqué. » « On ne peut pas se contenter de commentaires un peu sommaires et simplistes », a-t-il taclé. « Je ne partage pas l’ensemble de cette forme d’expression. Ce que l’on attend, ce ne sont pas des invectives mais des solutions. »

Également invité par Public Sénat à réagir à l’intervention d’Henri Leroy, le sénateur LR François-Noël Buffet, président de la commission des lois, a condamné ses propos. « Je ne suis pas d’accord avec ça », a-t-il reconnu. « Le terrorisme est l’un des sujets les plus sensibles que l’on a à traiter quand on est élu. La gravité des attentats, l’horreur, ne permet pas de faire des généralités. Je pense que c’est une maladresse. En tout cas, je lui fais ce crédit-là. »

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