Sénat : les temps forts de la conférence de presse de Gérard Larcher
Crise sanitaire, finances publiques, décentralisation, loi séparatisme… Revivez les temps forts de la conférence de presse de Gérard Larcher, devant l’Association des journalistes parlementaires.
Par Public Sénat
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Le 9 janvier 2020, lors de sa précédente conférence de presse, le président du Sénat insistait sur « la situation préoccupante de la France » dont le déficit public avoisinait les 100 milliards d’euros. Un an plus tard l’épidémie de covid-19 a fait passer la France et le reste du monde dans un autre paradigme.
11h00. « C’est en janvier 2020 que le nouveau monde est né »
« Cette partie de mon propos introductif paraît dans le contexte d’aujourd’hui quelque peu surréaliste », a reconnu Gérard Larcher insistant sur « cette pandémie qui a déstabilisé nos finances publiques, fragilisé notre démocratie, creusé les inégalités, accru la défiance de nos compatriotes, différé puis écarté concrètement toute possibilité d’engager des réformes avant la fin du quinquennat, réformes pourtant nécessaires ». « C’est en janvier 2020 que le nouveau monde est né » a-t-il rappelé.
Gérard Larcher ne s’est pas étendu sur la gestion de la pandémie par l’exécutif largement critiquée cette année par les oppositions. « La France depuis le début gère des pénuries avec peu d’anticipation. Certes, tous les pays sont confrontés à cette pandémie. Un certain nombre réussit mieux ».
Si pour le président de la Haute assemblée « peu de choses ont été faites en 5 ans ». « Hormis la réforme de la SNCF, la réforme de l’assurance chômage est restée au milieu du gué, celle des retraites ne verra probablement pas le jour, la dépendance n’a finalement jamais été sérieusement engagée, quant à la réforme réelle de notre système de santé, elle s’est limitée à des dispositifs salariaux et n’a jamais franchi les murs de l’avenue de « Ségur » a-t-il listé.
« Dans cette crise il fallait sauver l’économie française, l’essentiel a été fait, je le reconnais. Mais quel en est le prix ? »
Toutefois, Gérard Larcher « mesure la difficulté de la tâche » ? « Dans cette crise il fallait sauver l’économie française, l’essentiel a été fait, je le reconnais. Mais quel en est le prix ? »
Dans son viseur le « quoi qu’il en coûte » du chef de l’Etat qui a tenu « lieu de politique économique ». « Mais les réalités chiffrées portent notre fragilité : la France, déjà lourdement endettée, est l’un des pays européens dont la dette va le plus augmenter : 25 points de PIB en deux ans, et seulement 15 points en Allemagne ». « L’endettement public a atteint près de 120 % du PIB fin 2020. Il va continuer d’augmenter cette année » a-t-il souligné.
Pour le président du Sénat « seule la maîtrise rigoureuse de nos dépenses publiques (près de 64 % du PIB en 2020) avec une politique ambitieuse de réformes structurelles nous permettra, la pandémie passée, d’assurer la soutenabilité de la dette, puis réduire progressivement notre taux d’endettement ». Un objectif qui pour lui n’est « nullement contradictoire avec le maintien de notre modèle social, de services publics performants et une juste redistribution fiscale et sociale ».
Le président de la chambre des territoires qualifie de « mal originel » la trop forte centralisation de l’Etat. « Un Etat anesthésié par trop de normes, trop de réglementations trop de surtranspositions qui ont découragé l’initiative et l’investissement ». Il ne manque pas de rappeler non plus que Conférence des Territoires organisé par Emmanuel Macron en 2018 a tourné court « par manque d’écoute et de volonté ».
« A l’inverse, l’État a renforcé sa tutelle en substituant des dotations à des impôts locaux (réforme de la taxe d’habitation, baisse des impôts de production…) et absence de déconcentration » a-t-il déploré.
Le projet de loi 4 D « est loin de marquer une nouvelle étape de la décentralisation »
Et quant au prochain projet de loi 4 D attendu cette année, il « est loin de marquer une nouvelle étape de la décentralisation : il ne répond pas aux attentes des maires, qui veulent plus de souplesse dans le fonctionnement de leurs intercommunalités ; il ne répond pas vraiment aux attentes des élus qui veulent plus de responsabilités en matière de santé, médico-social ou emploi (départements et régions), mais aussi de culture et de sport (communes). Le texte ne dit rien des enjeux financiers, notamment des modalités de compensation des transferts de compétences » a-t-il énoncé.
Parmi les textes majeurs qui arrivent en examen au Sénat dans les prochaines semaines, Gérard Larcher a cité : la proposition de loi relative à la sécurité globale en mars et le projet de loi sur le respect des principes de la République en avril. En ce qui concerne le projet de loi constitutionnelle visant à inscrire la question climatique dans la Constitution, le projet de loi de décentralisation dit « 4D » (juin ? juillet ?), ou encore le projet de loi « Climat » pour traduire tout ou partie des propositions formulées par la Convention citoyenne, ils ne sont pas encore inscrits à l’ordre du jour.
« Le Parlement restera par ailleurs mobilisé pour gérer la crise sanitaire »
« Le Parlement restera par ailleurs mobilisé pour gérer la crise sanitaire : il devra peut-être se prononcer à nouveau si le Gouvernement décide de proroger l’état d’urgence sanitaire au printemps prochain. Il exercera sa fonction de contrôle » a-t-il prévenu avant de rappeler qu’une mission d’information sur les effets des différentes mesures liées à la situation sanitaire et à ses conséquences économique et social a été mise en place en début d’année.
En conclusion, Gérard Larcher s’est félicité que de la préservation des institutions pendant la crise sanitaire. « La démocratie représentative est une force et un atout […] Nous avons dû confiner notre population, c’était nécessaire. Mais, le Sénat sera toujours très attentif à ce que l’on ne confine pas aussi notre démocratie ».
11h20. Sur la bioéthique, Gérard Larcher regrette que le Sénat « ait laissé passer sa chance d’améliorer le texte »
Le président du Sénat est revenu sur l’examen du texte portant sur la bioéthique, qui s’est déroulé dans la plus grande confusion à la chambre Haute. « En 2019, le Sénat avait voté un texte équilibré sur l’ensemble de la bioéthique : la question de la PMA mais aussi tout ce qui était expérimentations génétiques. En 2021 au cours de cette nouvelle lecture, le Sénat a maintenu dans un premier vote le principe de la PMA. Puis à l’occasion d’amendements qui réduisaient la portée, notamment pour des femmes seules, ceux-ci ont été adoptés. Et les voix de ceux qui voulaient généraliser la PMA et de ceux qui la refusaient dans son principe se sont additionnées. C’est ce qui a conduit au rejet de l’article premier », a-t-il expliqué.
Gérard Larcher a ensuite exprimé son « regret » que le Sénat ait « laissé passer la chance d’améliorer le texte ». Il estime que « le texte voté par le Sénat en 2019 était équilibré. C’est l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot et je ne suis pas certain que l’équilibre trouvé en 2019 soit retrouvé… »
11h50. loi séparatisme : « la question migratoire n’est pas indifférente à ce texte » pour Gérard Larcher
Gérard Larcher a indiqué l’attention particulière qu’il portera au projet de loi sur « séparatisme » actuellement en examen à l’Assemblée et qui arrivera au Sénat en avril. « Nous aurons à traiter de l’espace public, de la laïcité à l’intérieur des services publics notamment de l’éducation » a-t-il rappelé. La question des cultes et leurs financements sera également l’un des points forts du texte. « Pousser l’ensemble des cultes vers le choix d’un statut de 1905 est un élément important encore faut-il respecter la liberté des cultes […] C’est cet équilibre qu’il faudra respecter ».
Le président du Sénat a également rappelé une proposition de loi constitutionnelle du groupe LR votée en octobre qui vise à inscrire dans le texte fondamental que nul ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour se soustraire à la règle commune. « C’est un élément qui viendra sans doute dans le débat.
Gérard Larcher estime également que « la question migratoire n’est pas indifférente à ce texte » « Parce que la question de l’intégration de populations qui ont en héritage la religion islamique, c’est une question ». « Si on me dit qu’il n’y a pas de problème sur la question migratoire, on se trompe » a-t-il affirmé.
Toutefois, le président du Sénat estime que la loi « séparatisme » doit être vue « de manière séparée » des questions migratoires, « peut-être quelque temps après ».
11h53. « La réforme des retraites : le crash absolu du dialogue préalable »
Gérard Larcher a eu un mot sur la réforme des retraites avortée pour cause d’épidémie il y a un an. « La réforme des retraites c’est vraiment le crash absolu du dialogue social préalable. Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies pour engager à nouveau une réforme indispensable qu’est la réforme des retraites » a-t-il estimé. Une telle réforme, qui comme d’autres a pour but de réduire la hausse des dépenses publiques, devra se faire, selon lui, après la pandémie. « C’est un sujet qu’il faudra traiter avec courage » a-t-il prévenu.
Néanmoins, il estime que pour engager ces réformes, un changement de régime politique, comme une VIe République, n’est pas opportun. « Je dis : on se met au régime, c’est sans doute la première des formules ».
12h06. Gérard Larcher « rencontre les candidats potentiels » de la droite et du centre à la présidentielle
Gérard Larcher entend se placer au centre du jeu à droite pour 2022. « J’ai dit la nécessité qu’il y avait à avoir, dans l’espace politique entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, une proposition pour l’élection majeure qu’est l’élection présidentielle. C’est une responsabilité. C’est ce à quoi je travaille avec d’autres responsables. C’est une mission que nous partageons avec Christian Jacob et moi-même » a-t-il expliqué.
« Je suis en train de rencontrer les candidats potentiels mais aussi des personnalités, pas simplement de la famille des Républicains, mais aussi des familles centristes ou des personnalités qui ont marqué la vie publique dans notre pays », annonce Gérard Larcher, sans donner de noms.
2022 : Gérard Larcher « rencontre les candidats potentiels » de la droite et du centre
02:26
Il rappelle que les LR ont « décidé que si un candidat naturel n’émergeait pas après les régionales, il faudrait qu’on trouve la formule pour départager et choisir un candidat ou une candidature. C’est une formule de notaire. C’est moi qui l’aie amenée et c’est un notaire qui me l’avait soufflée. Comme dans les héritages, vous savez… »
Pour Gérard Larcher, « c’est quelque chose qui doit se faire sereinement, tranquillement. En ayant écouté les uns et les autres. Je sais bien que l’enjeu est tel que ce n’est pas simple. Mais j’appliquerai ma formule préférée de mes vœux de 2015 : calme, en avant et droit ».
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.