En préambule, le président du groupe socialiste au Sénat commence par tacler le camp présidentiel qui « [s’accapare] le pouvoir et qui s’y [accroche] », et le « cirque joué » par les Républicains, « qui excluent ceux qui font le choix personnel d’y participer, mais qui soutiennent ce même gouvernement ».
Alors que « la tentation était grande de sanctionner d’emblée ce gouvernement » était « grande », Patrick Kanner justifie la décision du PS de ne pas censurer l’équipe Lecornu II, « car nous avons fait le choix des Français ». Le sursis accordé au gouvernement par les socialistes tient à la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, annoncée hier par Sébastien Lecornu devant l’Assemblée nationale, ardemment réclamée par le parti à la rose ces dernières semaines : « Il était temps d’y renoncer ! ». Patrick Kanner y voit « une victoire indéniable », gagnée au prix d’un exécutif « en péril », « pour les 3.5 millions de Français qui vont pouvoir partir plus tôt à la retraite. Il salue aussi la décision de ne pas recourir à l’article 49.3. Néanmoins, le répit pourrait être de courte durée : « Nous vous jugerons sur vos actes », avance l’élu socialiste, « notre décision de ne pas censurer ne vaut ni approbation, ni chèque en blanc à votre gouvernement ». Et d’ajouter : « Nous ne rentrerons jamais dans la compromission avec un gouvernement de droite ».
L’occasion aussi pour Patrick Kanner de rappeler la « ligne écarlate » du PS : « Nous refusons que les plus modestes paient une fois de plus le prix des erreurs accumulées depuis 2017 ». Et de préciser que ses troupes n’accepteront « jamais » le doublement des franchises médicales, le gel du barème de l’impôt sur les revenus, et l’année blanche, soit le gel des prestations. « Nous resterons intraitables sur ces sujets, vous promettez rupture nous vous prenons au mot ».
Sur la taxe Zucman, portée par la gauche pour taxer les plus haut patrimoines, le patron des socialistes du Sénat explique que son groupe déposera un amendement en ce sens, « et si le gouvernement s’entête à la rejeter, nous attendrons qu’il avance des alternatives concrètes et solides ». A l’extrême-droite, le RN a déjà fait savoir qu’il s’y opposerait, alors qu’il « prétend défendre les classes populaires ». « Les masques tombent », déplore Patrick Kanner.
Il tape aussi sur le gouvernement pour sa considération pour les territoires ultra-marins, « une fois encore relégués au second plan de votre action », et pour les collectivités territoriales, à qui « vous (…) demandez toujours plus, en leur donnant toujours moins ». Enfin, le sénateur socialiste en profite pour remettre sur la table les projets de loi sur la fin de vie et l’audiovisuel public qui « ne [coûtent] rien », et qui attendent de revenir au Parlement.