Politique
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Quasiment neuf mois après cette journée de décembre où François Bayrou se projetait face un « Himalaya de difficultés », aux côtés de son prédécesseur Michel Barnier, la même scène va se rejouer ce 10 septembre dans la cour de Matignon. La passation de pouvoir entre François Bayrou et Sébastien Lecornu, appelé hier à former un gouvernement par l’Élysée, s’est tenu à midi.
Le ministre des Armées sortant, s’installe dans ses nouvelles responsabilités alors plusieurs villes sont marquées par une mobilisation pour « bloquer » le pays. La première tâche qui incombera au nouveau chef du gouvernement sera de « consulter » les forces politiques en vue de trouver des « accords » pour préserver la « stabilité institutionnelle » du pays. Des consultations qui débutent dès cet après-midi avec les représentants du bloc central et ceux des LR.
Depuis le perron de l’hôtel de Matignon, à l’issue d’un entretien d’une cinquantaine de minutes avec son successeur, François Bayrou a prononcé quelques mots avant de passer la main en tant que Premier ministre à Sébastien Lecornu. Le Palois a évoqué un « moment très important, très exigeant et très dangereux pour la France ».
« À ce moment, il y a trois mots qui me viennent : aider, rassembler, inventer », a-t-il déclaré. François Bayrou a « promis de tout faire pour aider le gouvernement, car nous avons une petite expérience des choses ». « Je ne crois pas une seconde que notre pays va rester éternellement dans la division, les injures et la violence », a estimé le président du MoDem, au surlendemain de la censure de son gouvernement, alertant contre « un handicap profond pour l’avenir ».
« Nous devons inventer le monde nouveau qui va s’imposer. […] Je suis persuadé qu’il y a des millions de Français qui ont envie de participer à cette reconstruction réaliste », a-t-il conclu, au terme d’une très brève prise de parole.
Revenant sur la proposition du PS d’imposer les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, la sénatrice socialiste espère que cette mesure reviendra sur la table si « le gouvernement veut donner du pouvoir d’achat à ceux qui en demandent, relancer les services publics ». Elle condamne une fiscalité française qui « est injuste, entre ceux qui vivent de leur travail et qui gagnent difficilement leur vie et ceux qui ont des très hauts patrimoines ».
« Le budget Bayrou avait un vice majeur, c’est un budget de récession » lance-t-elle. Or, « pour créer de la richesse, il ne faut pas commencer par avoir une politique économique qui est une politique récessive », l’élue du PS défend « une politique de relance de l’investissement et de la richesse ».
« Le président a choisi de nommer Sébastien Lecornu. C’est quelqu’un qui connaît bien l’Etat. Il est ministre depuis 2017, il a été un grand ministre de la Défense et aujourd’hui, il lui appartient d’engager les travaux avec un nouveau gouvernement », explique Hervé Marseille, le président du groupe centriste au Sénat. « Je crois que ce qui est important, c’est que le socle parlementaire soit préservé, qu’on ait un premier ministre opérationnel dès maintenant, à la tâche. »
D’un point de vue de la méthode, l’élu des Hauts-de-Seine considère qu’il y a un « travail interne » au socle gouvernemental à réaliser, négligé par les précédents chefs de gouvernement qui ne pouvaient pas s’appuyer sur une majorité à l’Assemblée nationale. « Il y a d’abord un travail interne à faire. C’est peut-être ce qui a pêché avec Michel Barnier et François Bayrou : l’animation politique du socle parlementaire, c’est-à-dire les présidents des partis qui constituent le soutien au gouvernement. »
Hervé Marseille évoque la mise en place « d’un contrat de gouvernement » susceptible d’accorder les différentes composantes de ce socle commun. « Et puis, à partir de là, [on pourra] travailler avec les socialistes à un compromis, parce qu’on sait très bien qu’il n’y a pas de majorité, et qu’il faut donner de la stabilité au pays. »
« Il va falloir trouver des points de compromis sur la justice fiscale, peut être des taxes supplémentaires concernant les hauts patrimoines », suggère le centriste, alors que le contre-budget porté par le PS prévoit une refonte de la fiscalité et la mise en place de la taxe Zucman. « Les problèmes du pouvoir d’achat ont été insuffisamment pris en considération depuis des mois, voire des années », estime encore Hervé Marseille. « On se souvient que pendant le covid-19, le président de la République mettait à l’honneur tous ceux qui étaient en première ligne. […] On a un peu oublié ce problème du pouvoir d’achat dans lequel j’inclus le logement. »
Cinquième Premier ministre en trois ans, Sébastien Lecornu sera-t-il l’homme de la situation alors que les crises politiques s’enchaînent depuis la dissolution de juin 2024 ? « Je le connais depuis longtemps, il a à la fois beaucoup d’expériences ministérielles et l’expérience des territoires pour avoir été une figure de son département. Et puis c’est un homme de dialogue, de consensus, même ses adversaires le reconnaissent », salue Claude Malhuret, le chef de file des sénateurs Horizons au Sénat. « De ce point de vue-là, je pense que c’est sans doute un bon choix. »
Mais le sénateur reconnait que le nouveau chef de gouvernement se retrouve face à une « situation complexe ». « Pour moi, l’urgence c’est que la France se dote d’un budget sinon elle sombrera dans la crise budgétaire, financière et sociale », avertit Claude Malhuret. « Pour cela il n’y a qu’une seule solution : ce que j’appellerai la coalition des raisonnables, depuis la droite républicaine jusqu’à la gauche social-démocrate. Est-ce que nous allons y parvenir ? Est-ce que Sébastien Lecornu va y parvenir ? À titre personnel, je pense que c’est un de ceux qui peut le faire ».
Avec ce risque, nénamoins, que l’ancien LR voit son futur gouvernement renversé sur la base des orientations budgétaires qu’il présentera, à l’image de ses deux prédécesseurs. « Bien entendu, personne ne sera satisfait de ce budget », concède Claude Malhuret. « Tout le monde a des objectifs qui sont en grande partie contradictoires. C’est le propre de la situation, on n’y est pas habitué en France, d’autres pays le sont. Il va falloir qu’on apprenne à le faire », martèle ce proche d’Edouard Philippe.
Andréa Kotarac, porte-parole du Rassemblement national et conseiller régional d’Auvergne Rhône-Alpes, rappelle qu’« on est dans une situation inédite, ou ceux qui ont perdu les législatives de 2024 vont devoir gouverner le pays ». « Sébastien Lecornu a peut-être des qualités de négociateur, je pense surtout qu’il ne faudra pas faire preuve de déni des rapports de force à l’Assemblée nationale », ajoute celui qui est aussi collaborateur parlementaire de Marine Le Pen.
Au lieu de « démissionner », comme le demandait le RN, le Président « a choisi de nommer son plus proche collaborateur, un fidèle parmi les fidèles. (…) C’est Emmanuel Macron qui sera à Matignon », lance Andréa Kotarac. Pour la suite, « nous ne censurons jamais a priori », souligne le responsable du parti d’extrême droite, « on va savoir ce qu’il va faire sur l’immigration, sur la contribution à l’Union européenne, en matière de santé ».
Réagissant à la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre, le sénateur de l’Oise évoque un choix « étonnant » qui relève de « la macronie pure et dure ».
Sébastien Lecornu devra savoir « parler à son aile droite et à son aile gauche », ce qu’Olivier Paccaud juge « assez iconoclaste », rappelant que « les LR n’iront pas à n’importe quel prix dans ce gouvernement », il évoque la révision de l’AME qui pourrait symboliser « un petit geste pour la droite ». Il insiste sur le « contrat d’urgence nationale » défendu par Bruno Retailleau, le patron des Républicains, qui comprend des efforts relatifs à la fiscalité qui produiront « des désaccords avec le PS ». Sceptique, en somme, Olivier Paccaud souligne toutefois qu’il « ne le condamne pas d’avance, j’attends de voir ».
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