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« Europe mortelle », défense, économie : les temps forts du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe

« Europe mortelle », défense, économie : les temps forts du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe

Le président de la République a dévoilé ce jeudi 25 avril sa vision d’une « Europe puissance », à un peu plus d’un mois des élections européennes. Durant 1h45, Emmanuel Macron a égréné les grands défis du continent.
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Retour sur les bancs de la Sorbonne. Emmanuel Macron a prononcé un discours fleuve de près de deux heures sur l’Europe ce jeudi 25 novembre, depuis le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, sept ans après une allocution prononcée au même endroit, le 26 septembre 2017. À l’époque, il avait longuement brossé sa vision de l’Europe.

Cette fois, le chef de l’Etat est revenu son bilan européen mais a aussi tracé des perspectives d’avenir sur le thème de « l’Europe puissance » dans un contexte international de plus en plus incertain, du fait notamment de la guerre en Ukraine et de la bataille commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine. Dans un moment où l’Europe « peut mourir d’elle-même », selon le mot d’Emmanuel Macron, il a notamment appelé les Européens a à bâtir une « défense crédible du continent », à investir massivement dans différents secteurs stratégiques, et à trouver les fonds pour « doubler » rapidement le budget de l’Union.

Le timing choisi par le chef de l’Etat pour cette intervention, qualifiée « d’institutionnelle » par l’Elysée, a fait bondir les oppositions. Elle intervient à moins de 50 jours des élections européennes, alors que la candidate de la majorité, Valérie Hayer, peine à décoller dans les sondages, où elle est devancée d’une dizaine de points par la liste du Rassemblement national, conduite par Jordan Bardella, mais également talonné par celle de Raphaël Glucksmann (PS-Place Publique).

La prise de parole d’Emmanuel Macron, devant un parterre d’ambassadeurs européens, des parlementaires, une délégation de la Commission européenne, des chefs d’entreprise, des étudiants et des chercheurs, pourrait marquer une accélération dans une campagne qui, jusqu’à présent, intéresse peu les Français. Seuls 8 % d’entre eux connaissent la date exacte du scrutin, prévu le 9 juin, selon une enquête Eurobaromètre commandée par le Parlement européen.

12h58

Emmanuel Macron réaffirme sa volonté d’inscrire l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’UE

En conclusion de son discours, Emmanuel Macron a énuméré un certain nombre d’enjeux relevant d’une forme d’ « humanisme européen ». Le chef de l’État a notamment réaffirmé, après la constitutionnalisation de l’IVG, sa volonté d’inscrire ce droit dans la charte des droits fondamentaux de l’UE.

En matière de politique sociale, le président de la République a également souhaité la mise en place d’un « programme européen des solidarités » pour accompagner financièrement des projets de lutte contre la précarité. Pas question, pour autant, de taxer les plus hauts revenus au niveau européen, a assumé Emmanuel Macron, estimant qu’il s’agit d’un débat international. « C’est à l’échelle du G20 que nous devons mener ce combat existentiel », a-t-il affirmé.

12h51

« Nous devons imposer la majorité numérique à 15 ans »

Emmanuel Macron a beaucoup insisté sur la nécessité de contrôler « l’espace numérique ». « Est-ce que nous sommes sérieux, nous, Européens, de le déléguer à d’autres ? » demande le chef de l’Etat. Entre le modèle anglo-saxon, « qui choisit de déléguer cet espace de vie à des sociétés privées », et « celui du contrôle » strict, comme « en Chine », il prône une troisième voie : « Je veux défendre une Europe de la majorité numérique à 15 ans. Avant 15 ans, il doit y avoir un contrôle parental de l’accès à cet espace numérique ».

« Cet espace n’est pas régulé, modéré », « nous devons reprendre le contrôle de la vie de nos enfants et imposer la majorité numérique à 15 ans. Et imposer aux plateformes la modération, la fermeture de certains sites », insiste le chef de l’Etat. Pour Emmanuel Macron, « c’est un combat civilisationnel et démocratique ».

12h45

« La démocratie libérale n’est pas un acquis »

Troisième grand axe de ce discours de la Sorbonne 2 : l’humanisme. « Etre européen, ce n’est pas seulement habiter une terre, […] c’est défendre une certaine idée de l’homme ». « Nous avons un rapport unique à la liberté, à la justice. […] De la Renaissance, aux lumières et jusqu’à la sortie des totalitarismes, c’est ça qui a constitué l’Europe », lance-t-il. Il ajoute : « Si on veut protéger nos frontières, rester un continent fort qui produit et crée, c’est quand même parce qu’on n’est pas comme les autres. Il ne faut pas l’oublier ».

« C’est une confiance dans l’individu libre, doté de raison. Une confiance dans le savoir, la liberté, la culture. C’est une tension constante entre des traditions, des permanences et des modernités », avance le Président, qui prévient : « La démocratie libérale n’est pas un acquis ». « La liberté se conquiert », souligne Emmanuel Macron, « c’est pourquoi il nous faut continuer de défendre ce qui est constitutif de l’Etat de droit : la séparation des pouvoirs, la justice indépendante, une presse libre, l’université autonome et la liberté académique. Elle est reniée dans trop de pays d’Europe ».

Pour défendre cette démocratie, il « faut renforcer notre capacité à lutter contre les ingérences et la propagande », avec de « fausses informations ». Il convient « d’interdire ces contenus quand ils viennent déstabiliser des élections ».

Pour donner plus de vigueur à cette démocratie européenne, il regrette qu’il n’y ait « pas de liste à travers le sol européen » pour les élections européennes, faute d’unanimité entre Etats sur l’idée. Il faut par ailleurs « aller à la majorité qualifiée en politique étrangère et sur la fiscalité, mais il faudrait aller beaucoup plus loin sur ce sujet ».

Emmanuel Macron défend aussi la « création de musées européens, l’alliance de bibliothèques », « aller vers des diplômes européens », développer Arte « avec des contenus dans toutes les langues » et aller vers « une européanisation du pass culture ».

12h30

Emmanuel Macron appelle à « doubler » le budget de l’UE

« La dernière condition de ce pacte de prospérité, c’est la capacité à investir. Pardon de le dire comme ça : l’argent ! », a souligné Emmanuel Macron après avoir longuement insisté sur la nécessité de réarmer l’Europe dans différents secteurs stratégiques. « Nous avons en Europe des règles du jeu qui ne sont plus adaptées. Si l’on prend la défense et la sécurité, l’intelligence artificielle et la décarbonation de nos économies nous avons un mur d’investissements ! », a relevé le chef de l’Etat qui appelle à doubler la capacité budgétaire de l’Union.

« Il y a un consensus : tout le monde dit, c’est entre 650 et 1000 milliards d’euros de plus par an. C’est beaucoup. On ne peut pas différer ces investissements, on ne peut pas remettre à demain notre sécurité. C’est dans la décennie qui arrive que nous devons faire ces investissements massifs. Nous sommes en retard par rapport aux Etats-Unis et à la Chine », a-t-il alerté.

Il se dit ainsi « favorable » à la réouverture du dossier des « ressources propres de l’Europe », « mais sans jamais peser sur les citoyens européens », insiste-t-il. Taxe carbone aux frontières, taxation des transactions financières, imposition des bénéfices des multinationales… Le président de la République a énuméré différentes pistes. « Il y a des tas de ressources propres qui ne touchent pas les ressortissants européens à utiliser pour ce budget. »

Emmanuel Macron appelle également à revoir les règles de fonctionnement de la Banque centrale européenne (BCE). « On ne peut pas avoir une politique monétaire dont le seul objectif est un objectif d’inflation. Nous dévons lever le débat théorique et politique de savoir comment intégrer dans les objectifs de la BCE au moins un objectif de croissance, voire un objectif de décarbonation pour nos économies. »

12h28

Emmanuel Macron défend la création d’un « plan européen de recherche et d’investissement »

« La concurrence américaine et asiatique est là », constate le président de la République qui a formulé dans son discours plusieurs propositions pour faire de l’Union européenne « une grande puissance d’innovation et de recherche ». Emmanuel Macron souhaite ainsi affirmer comme « prioritaire » l’objectif de consacrer 3 % du PIB européen à la recherche.

Le chef de l’État appelle également à davantage de coopération européenne dans plusieurs domaines via « un plan européen de recherche et d’investissement pour les traitements contre les cancers, la maladie d’Alzheimer et les maladies neurodégénératives, ou les maladies rares et orphelines ».

12h23

Emmanuel Macron souhaite « réajuster très profondément notre politique commerciale », tout en affirmant ne pas vouloir « tomber dans le rejet de tout accord »

Soutenant la « révision » de la politique de commerce européenne, qu’il estime comme « un des changements de paradigme les plus fondamentaux », le chef de l’Etat juge que « cela ne peut pas marcher si nous sommes les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu’elles avaient été écrites il y a quinze ans ».

« Nous sommes trop naïfs », juge-t-il, appelant à « protéger notre santé […], notre modèle social […] [et] nos ambitions climatiques », « en appliquant strictement nos standards », « sinon nous allons inventer un continent qui surcontraint les producteurs sur son sol, et par sa politique commerciale, lève les contraintes sur les produits qu’il importe ».

« Si nous voulons être cohérents, nous devons réajuster très profondément notre politique commerciale », défend Emmanuel Macron, qui déplore le rejet de l’accord bilatéral avec le Canada, le CETA, qu’il assure être un « bon accord ». « Nous ne devons céder à aucune démagogie, ni tomber vers le rejet de tout accord commercial », martèle-t-il, affirmant être « pour la concurrence loyale ». « Les accords de commerce moderne et juste sont ceux où le respect de l’accord de Paris sur le climat est essentiel, qui incluent des clauses fortes sur les conditions de production sur certains biens sensibles », opposant le CETA avec l’accord sur le MERCOSUR, que le chef de l’Etat qualifie d’accord « d’ancienne génération ». « Si un bien ne respecte pas les normes clés, alors il ne doit pas pouvoir entrer sur le sol européen comme si de rien n’était », détaille-t-il.

Défendant également le mécanisme de taxe carbone aux frontières, qu’il souhaite « étendre, compléter et améliorer », le président de la République prône le « renforcement de nos instruments de sécurité économique », qui passe par défendre la « sécurité de nos emplois, de nos entreprises, de notre création », mais également une meilleure protection de la « propriété intellectuelle » et des « investissements extra-européens dans les secteurs sensibles ».

12h20

« Nous n’avons pas le droit de laisser s’installer des dépendances alimentaires »

Autre dossier sensible, comme l’a illustré l’actualité des dernières semaines : l’agriculture. Emmanuel Macron a là aussi rappelé l’importance de défendre une capacité de production européenne. « Nous n’avons pas le droit de laisser s’installer des dépendances alimentaires », prévient-il. Le chef de l’Etat appelle à une politique agricole commune (PAC) « forte, simplifiée, qui diminue la complexité et la charge administrative ». Comme dans une réponse aux agriculteurs, il déclare par ailleurs qu’il est « insensé que l’agriculture soit à chaque fois la variable d’ajustement des contrats commerciaux ».

Voulant s’attaquer aux « pratiques déloyales », il défend une « mise en œuvre homogène au niveau européen » du contrôle sanitaire, et la mise en place d’une vraie force douanière » aux frontières extérieures pour s’assurer que les produits importés respectent les mêmes standards que l’Europe.

12h17

« Nous devons assumer de construire l’Europe de l’atome »

Le moment est venu pour Emmanuel Macron d’aborder les questions liées à l’énergie, deux ans après une envolée massive des prix de l’électricité, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Pour Emmanuel Macron, l’enjeu d’une décarbonation rapide est « majeur » puisqu’il répond à la problématique de la « compétitivité prix ». « Il faut une stratégie combinée, d’efficacité énergétique, de déploiement des renouvelables et du nucléaire », expose-t-il.

Le président de la République insiste particulièrement sur le rôle de l’énergie atomique, qui avait fait l’objet d’une vive bataille politique pour être intégrée dans le label vert européen des énergies. « Il nous faut bâtir une Europe de libre circulation des électrons décarbonés. Qu’importe qu’ils soient produits avec du renouvelable ou du nucléaire, on s’en fiche », résume Emmanuel Macron, appelant à « consolider » l’alliance du nucléaire qui regroupe une quinzaine d’Etats membres.

12h12

Emmanuel Macron propose une « préférence européenne » et des dérogations à la libre concurrence dans certains « secteurs clefs »

Emmanuel Macron a fustigé la lenteur des politiques d’investissement européennes face à l’« Inflation réduction act » (IRA) mis en place par les Etats-Unis et face aux investissements chinois. « On doit donner de la visibilité à nos industriels, réduire les délais en les divisant par deux et avoir des mécanismes aussi simples que le crédit d’impôts », a-t-il expliqué.

« Décidons maintenant de faire de l’Europe un leader mondial d’ici 2030 dans cinq secteurs parmi les plus émergents et les plus stratégiques : l’intelligence artificielle, l’informatique quantique, l’espace, les biotechnologies et les nouvelles énergies », a énuméré le chef de l’Etat. « L’Union européenne doit se doter de stratégies de financement dédiées sur au moins ces cinq secteurs », a-t-il martelé.

« Nous devons assumer des règles différentes pour la politique industrielle et la concurrence », a encore déclaré Emmanuel Macron. Le président de la République appelle ainsi à l’inscription dans les traités d’une « préférence européenne » pour les secteurs de la défense et du spatial. Il réclame également une « dérogation à la libre concurrence pour soutenir les secteurs clefs en transition ».

12h05

« Il nous faut aussi mettre fin à l’Europe compliquée »

Après la « puissance », deuxième grand axe du « changement de paradigme », que souhaite Emmanuel Macron : « La prospérité ». « Nous avons besoin de bâtir un nouveau modèle de croissance et de production » selon le chef de l’Etat, pour qui « il n’y a pas de puissance sans assise économique solide, il n’y a pas non plus de transition écologique sans modèle économique solide, pas de modèle social non plus ».

« En quelques années, tout a changé », entre « des matières premières limitées », une « dépendance » auprès d’autres pays pour les énergies fossiles, et « tout le commerce est en train de changer », alerte le Président. S’il veut « conserver une économie ouverte », il affirme : « Nos règlements tombent trop, nous investissons trop peu, nous sommes trop ouverts et nous ne défendons pas suffisamment nos intérêts ». Il faut à la place « bâtir un nouveau paradigme de croissance et de prospérité », « car la relocalisation des facteurs de production se joue maintenant, dans les 5 à 10 ans qui viennent ». Et d’ajouter : « C’est maintenant qu’on doit être au rendez-vous de l’histoire ». Ce « pacte de prospérité qu’il faut bâtir » passe par la nécessité de « produire plus et vert. La production décarbonée, c’est l’opportunité de maintenir nos industries en Europe », « il faut cesser d’opposer décarbonation et croissance ».

Autre condition : « la simplification ». « Le marché unique, c’est un système de simplification », rappelle le Président, et « la simplification, c’est plus de marché unique ». Emmanuel Macron veut l’étendre aux secteurs « de l’énergie, des télécommunications et des services financiers ».

« Il nous faut aussi mettre fin, en quelque sorte, à l’Europe compliquée », lance le chef de l’Etat. « Nous avons bâti des réglementations utiles, […] mais nous sommes aussi, et beaucoup trop, rentrés dans les détails », avance-t-il. « Nous devons avoir le courage de l’allègement », notamment pour les « TPE/PME », dit Emmanuel Macron, vantant le « principe de subsidiarité, qui permet de laisser une flexibilité nationale dans la mise en œuvre ». Il résume l’équation : « Il faut plusieurs vagues de simplification de nos réglementations, sans rien enlever à nos ambitions ».

11h58

Emmanuel Macron appelle l’Union européenne à « agir avec plus de fermeté » en matière d’immigration

Le président de la République a salué la récente adoption du pacte asile et migration, qui renforce les contrôles aux frontières de l’UE et créé un mécanisme de solidarité entre pays européens dans la prise en charge des demandes d’asile.

Emmanuel Macron appelle toutefois à « agir avec plus de fermeté en matière de retour et de réadmission pour toutes les femmes et les hommes qui arrivent sur notre sol et qui n’ont pas vocation à rester », considérant que ces politiques de retour sont « trop divisées » entre les différents États membres. Le président propose ainsi plusieurs mesures : « conditionner nos visas et nos préférences commerciales avec les pays d’origine et de transit », « nouer de nouveaux partenariats opérationnels pour lutter contre le trafic de migrants », « aller plus loin dans la montée en charge de Frontex » et enfin transformer le conseil de Schengen en « conseil de sécurité intérieur de l’Union ».

Alors que le Royaume-Uni vient de voter un accord pour expulser les migrants illégaux de son territoire vers le Rwanda, Emmanuel Macron a également dénoncé une « géopolitique du cynisme, qui trahit nos valeurs, qui construira de nouvelles dépendances et s’avèrera totalement inefficace ».

11h51

« Il nous faut une préférence européenne dans l’achat de matériel militaire »

« Il n’y pas de défense sans industrie de défense », tient à rappeler le président de la République. Pour son « nouveau paradigme » de sécurité, « on doit produire plus vite, davantage, et en Européens », considère-t-il. Et d’ajouter : « J’assume le fait qu’il nous faut une préférence européenne dans l’achat de matériel militaire ».

Emmanuel Macron pousse également une standardisation des matériels, afin de faciliter les interventions en commun. Pour accélérer les productions, il plaide pour des programmes industriels européens et des soutiens financiers plus massifs, à travers la Banque européenne d’investissement ou encore des emprunts.

11h41

Emmanuel Macron appelle à « faire émerger une défense crédible du continent européen »

Appelant de ses vœux à une « Europe puissance », Emmanuel Macron souhaite « une Europe qui sait se faire respecter et qui assure sa sécurité, qui voit les risques auxquels elle est exposée et s’y prépare ». A ce titre, il estime que « le principal danger pour la sécurité européenne est évidemment la guerre en Ukraine », jugeant par ailleurs comme une « condition sine qua non », le fait que le régime du Kremlin « ne gagne pas la guerre d’agression » menée contre Kiev.

« J’assume totalement le choix d’avoir réintroduit une ambigüité stratégique », défend le chef de l’Etat, en référence à ses propos, début mars dernier, où il avait affirmé « ne pas exclure » l’envoi de troupes françaises en Ukraine. « Nous devons être crédibles, dissuader, être présents et continuer l’effort », tonne-t-il.

Pour cela, le président de la République soutient « un changement très profond en termes de sécurité », en faisant « émerger une défense crédible du continent européen ». « Nous faut-il un bouclier anti-missile ? Peut-être. Est-ce en augmentant nos capacités de défense ? Sans doute. Cela sera-t-il suffisant face aux missiles russes ? Nous devons travailler sur ce point », égrène-t-il, soulignant son souhait de « mettre en place une force de réaction rapide de 5000 militaires (…), pour aider nos ressortissants ».

Selon lui, c’est « grâce à cette défense crédible que nous pourrons bâtir les garanties de sécurité qu’attendent nos partenaires partout en Europe (…), qui nous permettra le jour d’après de construire les relations de voisinage avec la Russie ». Se félicitant au passage du « véritable succès » de l’initiative européenne d’intervention, qui a réuni 13 Etats membres de l’UE, le chef de l’Etat milite pour la création d’une « académie militaire européenne », qui sera chargée de « former les futurs cadres militaires civils et européens aux futurs enjeux de sécurité et de défense ».

Enfin, Emmanuel Macron appelle à « investir les nouveaux espaces de conflictualités », via le développement d’une « capacité européenne de cybersécurité et de défense », qu’il voit comme « une occasion unique de bâtir des coopérations ».

11h35

Emmanuel Macron appelle l’Europe « à revoir son modèle de croissance »

Le président de la République a alerté sur le recul de l’influence et de la prospérité européenne dans un contexte où les grandes puissances – Etats-Unis, Chine et Russie -, s’émancipent des grands cadres internationaux, tels que ceux fixés par l’Organisation mondiale du commerce. « On ne peut pas durablement avoir les normes environnementales et sociales les plus exigeantes, moins investir que nos compétiteurs, avoir une politique commerciale plus naïve qu’eux et penser que l’on continuera à créer des emplois. Cela ne tient plus. Le risque, c’est que l’Europe connaisse le décrochage », a pointé Emmanuel Macron.

« Nous avons aujourd’hui un défi : c’est d’aller beaucoup plus vite et de revoir notre modèle de croissance », a expliqué le chef de l’Etat. « Nous ne pouvons plus tenir nos objectifs. Le risque c’est notre appauvrissement, ce qui serait dramatique pour un continent comme le nôtre, qui a le modèle social le plus exigeant. »

Emmanuel Macron a également voulu alerter sur le recul de l’influence culturelle de l’Europe, et l’amoindrissement de sa capacité à produire « de grands récits », dans un contexte où les régimes autoritaires semblent mieux armés que les démocraties pour résister aux campagnes de désinformations et aux crises géopolitiques. « La démocratie continue d’être attractive dans le monde, mais elle est aussi de plus en plus critiquée. Notre culture, nos valeurs sont menacées », a-t-il estimé. « Nos rêves, nos récits sont de moins en moins européens. Partout, les contenus auxquels sont exposés nos enfants sont américains ou asiatiques, appartenant au surgissement du numérique dans nos vies. »

« La solution est dans notre capacité de prendre des décisions stratégiques massives, d’assumer des changements de paradigmes, d’y répondre par la puissance, la prospérité et l’humanise », a martelé Emmanuel Macron.

11h31

« Notre Europe peut mourir », alerte Emmanuel Macron

Après avoir consacré l’ouverture de son discours au bilan européen de ces dernières années, se satisfaisant de nombreux progrès en matière de souveraineté du continent, Emmanuel Macron a rappelé que « la bataille n’est pas encore gagnée ». « Nous sommes dans un moment inédit de bouleversement du monde, d’accélération de grandes transformations », a estimé le président de la République en énumérant plusieurs défis majeurs, notamment en matière de défense, de nouvelles technologies et de transition énergétique.

« Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe est mortelle, elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix et ces choix sont à faire maintenant », a-t-il alerté. Pointant du doigt la guerre Ukraine comme principale menace, Emmanuel Macron a estimé que « la question de la paix et de la guerre sur notre continent et de notre capacité à assurer notre sécurité, ou pas, se joue aujourd’hui ».

11h23

« Depuis 7 ans, l’Europe a commencé à sortir de cette naïveté technologique et industrielle »

Plusieurs « pas décisifs » ont été franchis, selon Emmanuel Macron. Outre « l’unité financière » et « l’unité stratégique », il évoque « une plus grande souveraineté technologique et industrielle » : avec l’Allemagne, lancement d’une filière de batteries, du « char du futur, du système de combat du futur ». « Lors du sommet de Versailles nous avons bâti une vraie stratégie d’autonomie », souligne le chef de l’Etat, avec « ce choix de mettre fin à nos dépendances stratégiques dans des secteurs clefs, les semi-conducteurs ou les matières premières critiques ». Avec à la clef des « investissements, des relocalisations ». « Depuis 7 ans, l’Europe a commencé à sortir de cette naïveté technologique et industrielle », soutient Emmanuel Macron.

Quatrième « pas décisif » : l’écologie. « Nous avons beaucoup entendu critiquer le Green deal. Mais l’Europe est le seul espace politique au monde qui a planifié les transitions », souligne le président de la République, avec en lien des « directives sur le numérique », « un texte qui pose les jalons de la transition énergétique ». « Maintenant, il nous faut prévoir les possibilités d’application dans chaque pays et la politique d’investissement qui va avec », ajoute-t-il.

« Cinquième pas décisif, c’est que l’Europe a commencé à réaffirmer clairement l’existence de ses frontières », salue le Président, qui ajoute : « Il n’y a pas de souveraineté, s’il n’y a pas de frontières ». « Malgré les divisions, nous avons conçu un premier accord sur l’asile et l’immigration qui vient d’être adopté », rappelle-t-il, avec des « filtrages systématiques à nos frontières » pour accepter les migrants éligibles et « renvoyer les autres ».

Sixième point, « nous avons commencé à repenser notre géographie dans les limites de notre voisinage », en « affirmant que l’Ukraine et la Moldavie font partie de la famille européenne et ont vocation à rejoindre l’Europe, le moment venu, comme les Balkans occidentaux », une fois « les réformes nécessaires » adoptées pour « intégrer l’acquis communautaire », tout en « réformant en parallèle notre union ». Il rappelle au passage la création de la communauté politique européenne, proposée par Emmanuel Macron en mai 2022, cadre qui inclut la Grande-Bretagne, la Norvège comme les Balkans occidentaux.

11h19

« Rarement l’Europe n’aura autant avancé »

 

« Nous n’avons pas tout réussi », concède le président de la République, sept ans après son premier discours dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Le chef de l’État constate notamment que « nous ne sommes pas assez loin » s’agissant de rendre l’Union européenne plus démocratique, malgré « quelques innovations ».

Ce regret exprimé, Emmanuel Macron liste ensuite plusieurs avancées, entreprises dans les différents soubresauts qui se sont produits dans l’Union ces dernières années. « Malgré cette conjonction de crises, rarement l’Europe autant avancé ». Il cite en particulier l’endettement commun des Etats durant la pandémie, les achats de vaccin à l’échelle européenne, la réponse énergétique face à l’agression russe ou encore le sursaut dans la défense depuis 2022.

Selon lui, le « concept très français » de souveraineté » s’est progressivement « imposé en Europe ».

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