Direction LREM: le chemin étroit entre démocratie interne et efficacité
Un "patron" choisi avant d'être élu, une équipe grande favorite pour l'épauler: La République en marche (LREM) joue les équilibristes entre sa...

Direction LREM: le chemin étroit entre démocratie interne et efficacité

Un "patron" choisi avant d'être élu, une équipe grande favorite pour l'épauler: La République en marche (LREM) joue les équilibristes entre sa...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Un "patron" choisi avant d'être élu, une équipe grande favorite pour l'épauler: La République en marche (LREM) joue les équilibristes entre sa promesse de démocratie interne et la nécessité de se reconstruire efficacement pour peser.

Le scénario est déjà écrit: à Lyon, samedi 18 novembre, le "Conseil" de LREM plébiscitera à huis clos Christophe Castaner comme "délégué général" puis accordera sa majorité pour le bureau exécutif à la liste N.4, menée par la députée de Paris Laëtitia Avia.

Cette partition bien réglée est-elle de nature à faire tiquer les quelque 380.000 "marcheurs" revendiqués par le parti, avides de renouveau des usages et des visages ?

"On se pose tout de même la question de l'utilité d'aller à Lyon, si tout est joué d'avance", glisse ainsi Cyrille Marques, maire de Bergnicourt (Ardennes) et membre de la liste N.1 "En marche citoyen". "J'ai l'impression que la promesse hyperdémocratique est en train de s'effriter", ajoute-t-il.

"On n'a pas ficelé le truc, on n'a pas confisqué non plus la démocratie", se défend Arnaud Leroy, en pointant les quatre listes en course et "les modalités de parrainage" pour présenter sa candidature au poste de délégué général, selon lui "jouables".

"Ce n'est pas de la vieille politique, c'est de l'efficacité", argue un député LREM, marcheur de la première heure. "Il faut que ce parti renaisse, il doit être réincarné", plaide-t-il pour justifier ce zeste de verticalité dans un parti au fonctionnement soi-disant horizontal.

Laëtitia Avia, à Paris le 18 mai 2017
Laëtitia Avia, à Paris le 18 mai 2017
AFP/Archives

L'installation des nouvelles instances provoque cependant quelques points de friction, dans le milieu bien policé de LREM qui prône à l'envi la bienveillance.

Pas tant sur le cavalier seul de M. Castaner, adoubé par l'Elysée mais dont l'arrivée aux commandes semble faire consensus de la base au sommet car "il coche toutes les cases" selon le même parlementaire.

C'est plutôt la liste favorite de 20 membres pour le bureau exécutif, plus estampillée politique que société civile, qui fait grincer des dents. Car, si ce n'est pas officiellement formulé ainsi, il ne fait aucun doute qu'elle a été composée par et pour M. Castaner.

- Calculs politiques -

Y figurent 8 députés, dont le patron du groupe Richard Ferrand, ainsi que le chef de file des sénateurs François Patriat.

Cette liste compte aussi six noms rendus éligibles pour intégrer le bureau exécutif sur une décision du conseil d'administration discrètement publiée fin octobre, "au regard de leur contribution à la vie du mouvement". Parmi eux, le communicant Claude Posternak, le trésorier Cédric O -un historique d'En Marche!- ou encore la jeune maire de Rieumes (Haute-Garonne) Jennifer Périssé-Courtois, qui n'a pourtant adhéré au parti que très récemment.

Avec l'adjoint au maire de Strasbourg Alain Fontanel et le président de la région Guadeloupe Ary Chalus, cette liste envoie aussi un message d'ouverture aux élus locaux, alors que LREM veut se structurer pour l'échéance des municipales en 2020 (ou 2021).

"On reçoit des messages qui expriment une fierté d'être représentés par nous", assure Laëtitia Avia, tout en martelant que "personne (...) ne peut dire que c'est joué d'avance".

Ces calculs très politiques semblent toutefois laisser peu de chances aux trois autres listes, y compris celle du député Joachim Son-Forget qui rassemble sept parlementaires.

"Ca fait de l'émulation dans le parti. Et puis un scrutin téléphoné, ça m'embêtait", explique pour justifier sa candidature celui dont la liste "Territoires en marche! porte l'ambition d'une diversité réelle et durable dans nos instances, parfois perçues comme trop parisiennes, trop verticales".

M. Son-Forget dit aussi s'interroger sur le vote à main levée qui cristallise certaines tensions. Les statuts prévoient pourtant la possibilité d'un scrutin à bulletins secrets si un nombre suffisant le demande, ce qui ne semble pas satisfaire les représentants de la liste N.1 qui sont venus mardi s'en plaindre au QG.

"On est un mouvement politique et j'attends les adhérents sur les idées, on n'a pas vocation à discuter la couleur des trombones", balaye en retour un cadre du parti.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : Francois Bayrou recoit Marine le Pen et Jordan Bardella
3min

Politique

Le sénateur PS Eric Kerrouche veut empêcher le RN de « violer la Constitution » pour en faire « un régime autoritaire »

Les sénateurs PS défendent une proposition de loi constitutionnelle qui limite strictement toute modification de la loi de 1958 au seul article 89 de la Constitution. Une réaction à un texte du RN sur l’immigration, qui reviendrait à transformer la France en « régime autoritaire, avec des mesures illibérales », selon le sénateur PS Eric Kerrouche.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
6min

Politique

Sébastien Lecornu aux sénateurs : « Je ne serai pas le premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella »

Alors que les relations se sont dégradées entre la majorité sénatoriale et le premier ministre, Sébastien Lecornu s’est rendu à la conférence des présidents du Sénat. Si le geste « a été salué par le président Larcher », il reste insuffisant pour gommer les « frustrations » de sénateurs qui apprennent maintenant les concessions faites au PS « en regardant la télé ». Cherchant à « dramatiser », selon l’un des participants, « il a dit que "censure vaudra démission et que ça vaudra dissolution" ».

Le

France Macron
5min

Politique

« Demain soir, si tout va bien, Alfred Dreyfus sera général » : le Sénat s’apprête à voter un « texte très symbolique », malgré quelques difficultés…

Les sénateurs examinent ce jeudi la proposition de loi de Gabriel Attal élevant à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les sénateurs PS, qui ont déposé un texte identique via Patrick Kanner, ont repris à leur compte le texte de l’ancien premier ministre pour lui permettre d’aller au bout, malgré les « réserves », voire l’opposition « d’Emmanuel Macron », selon le patron des sénateurs PS.

Le