Mardi 22 mai, Emmanuel Macron a présenté son « non plan » banlieues. Souhaitant changer de méthode, le président de la République, qui avait pourtant demandé à Jean-Louis Borloo un rapport sur le sujet, a préféré finalement se distancier de celui-ci. Et les réactions n’ont pas tardé. Beaucoup de déception s’est fait ressentir du côté des élus et des acteurs des quartiers.
On peut même parler de colère chez Philippe Dallier, sénateur (LR) de Seine-Saint-Denis : « Si le changement de méthode consiste à demander à celui qui est certainement le meilleur spécialiste de la politique de la ville, de travailler pendant six mois, avec des élus, des acteurs associatifs et puis, au bout du compte, de le qualifier de « mâle blanc » et de ranger son rapport au rancart, alors, oui, il y a un changement de méthode. Et je trouve ça assez consternant ».
Et il ajoute : « Je pense que tous les élus de banlieues aujourd’hui sont frustrés (…) On attendait effectivement des décisions, une ligne directrice et on a un exercice de com’. On nous dit : « Il n’y a pas de « plan banlieues » ». Alors, il n’y a pas de « plan banlieues », mais il y aura quoi à la place ? »
Jean-Philippe Acensi, fondateur de l’association « Bleu Blanc Zèbre » ne cache pas non plus sa déception : « On a fait un travail colossal avec le rapport de Jean-Louis Borloo (…) Aujourd’hui, il y a eu quelques avancées (…) quelques éléments de réponse mais quid de la méthode ? Quid de la grande ambition qui était celle que nous portions, et que nous continuons à porter, les « Zèbres » et les collectivités locales ? Il va falloir nous apporter des réponses, très concrètes sur comment on va faire (…) Je rappelle quand même que sur certains territoires, on est au bord de l’explosion sociale et qu’on a des chiffres tellement terrifiants qu’il va falloir apporter des choses beaucoup plus concrètes sur l’avenir de ces territoires. »
De son côté, Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP, explique que, dans les enquêtes faites par son institut de sondages, l’ancien ministre de la Ville est plutôt plébiscité : « Il y a une vraie confiance vis-à-vis de la figure de Jean-Louis Borloo, qui est un des rares hommes politiques qui apparaît comme capable d’apporter des résultats. » Interrogé sur la teneur des propositions d’Emmanuel Macron, le directeur général adjoint de l’IFOP, glisse : « Lorsqu’on regarde les principales mesures annoncées, on reste sur une logique quantitative (…), les Français attendent d’autres types de mesures, plus qualitatives : (…) du coaching des jeunes de quartiers (…), (d)es activités bénévoles. »
Après que les invités ont évoqué quelques pistes sur le sujet, Philippe Dallier conclut le débat avec gravité : « J’ai 55 ans. J’ai grandi dans le département de la Seine-Saint-Denis, je suis élu depuis des années maintenant et je perds mon optimisme. Bien évidemment, tout ne va pas de travers, tout n’est pas noir et négatif. Mais quand je regarde la tendance sur le long terme, je me dis que l’on s’enfonce. Ce département s’enfonce. Donc il est temps de passer aux actes. Sur le constat, il y a des tonnes de rapports sur la table. Il faut que le président de la République prenne des décisions. Et ça passera forcément par des moyens financiers (…) Si on ne règle pas le problème de nos banlieues (…) c’est la cohésion de la République qui sera en cause (…) Donc maintenant, j’attends des actes. »
Vous pouvez voir et revoir le débat d’OVPL, en intégralité :
Discours Banlieues : le blues des élus et des acteurs sociaux