« Discours coupables »: lexique de la montée en tension du débat politique
Alors qu'Emmanuel Macron cible des discours qui, selon lui, inoculent "l'idée que nous ne serions plus dans une démocratie", voici un lexique...
Par Baptiste BECQUART
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Alors qu'Emmanuel Macron cible des discours qui, selon lui, inoculent "l'idée que nous ne serions plus dans une démocratie", voici un lexique non-exhaustif de la montée en tension du débat politique, vue à travers les expressions de responsables de tous bords.
Barbarie
Le patron du groupe LR à l'Assemblée nationale, Damien Abad, s'est insurgé le 22 janvier contre les coupures de courant de la CGT contre la réforme des retraites du gouvernement : "Comment un syndicat comme la CGT peut se permettre de faire des coupures de courant, de faire des actes de barbarie, des actes qui sont contraires à l'État de droit et à la légalité qui doivent être sanctionnés?"
Jean-Luc Mélenchon a pour sa part taxé les forces de l'ordre de "barbares" en discutant avec des manifestants affirmant avoir été victimes de violences policières lors d'une Marche pour le climat.
Régime
"On est dans un régime autoritaire", a assuré vendredi Ségolène Royal, cinglant "un pouvoir qui n'écoute pas, qui n'en fait qu'à sa tête, qui assiste à la souffrance des citoyens sans réagir".
Le chef de file des députés LR, Damien Abad, le 27 mai 2019, à Paris
AFP/Archives
Mais c'est probablement Jean-Luc Mélenchon qui utilise le plus le terme "régime" : près d'une dizaine de fois dans son dernier article de blog.
Prise d'otages
L'expression est souvent employée pour parler des grèves pénalisant les usagers. Les syndicats rappellent sa signification réelle au regard des attentats qui ont touché la France. Mais des responsables continuent de l'utiliser, comme le député LR de l'Oise Eric Woerth mi-décembre: "C'est tout à fait inadmissible de penser qu'on puisse bloquer les Français, les prendre en otages pendant les fêtes de Noël".
Populisme
Le mot est péjoratif pour les uns, positif pour les autres. La secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poirson a ainsi brocardé cette semaine à l'Assemblée nationale le "populisme vert" qui "vise, soit à utiliser l'écologie comme excuse pour casser le système actuel", en référence "à l'extrême gauche avec Jean-Luc Mélenchon, les Insoumis et Yannick Jadot à EELV", "soit à vanter une écologie du repli, dont le projet secret est de refermer la France sur elle-même et de l'isoler, comme le souhaite Marine Le Pen".
"Je veux bien que vous me qualifiiez de populiste vert", a rétorqué le chef de file des Insoumis, pour qui le populisme trouve des lettres de noblesse dans la défense des classes populaires.
Dictature
Marine Le Pen le 16 janvier 2020 lors de ses voeux à la presse, au siège du RN à Nanterre
AFP/Archives
A Mantes-la-Ville en septembre 2018, la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen avait appelé ses partisans à brandir le drapeau français, "symbole de liberté, en ces temps de dictature larvée". Le même mois, elle qualifiait l'Union européenne de "dictature populicide".
En réagissant sur Twitter à la décision du gouvernement de ne plus attribuer de couleur politique aux candidats sans étiquette dans les communes de moins de 9.000 habitants lors des municipales de mars, le député LR d'Eure-et-Loir Olivier Marleix a, pour dénoncer un "maquillage", tweeté le hashtag #democrature, condensé de démocratie et dictature.
Attentat
Haranguant les grévistes à un dépôt de bus de la RATP à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Jean-Luc Mélenchon a dénoncé, dans la réforme des retraites, "le coup de force et l'attentat contre la démocratie sociale" perpétrés selon lui par le gouvernement, notamment parce que les députés comme lui vont devoir "voter un texte de loi avec des trous".
Terrorisme
Début janvier, Jean-Pierre Pont, député LREM du Nord, a comparé les blocages de raffineries ou les coupures d’électricité de certains grévistes mobilisés contre la réforme des retraites à des "faits de terrorisme".
Coup d'Etat
Pour qualifier la saisie de 2 millions d'euros d'aide au RN en juillet 2018, Marine Le Pen a parlé de "coup d'Etat" des juges, de "peine de mort" contre le parti, de "persécution" et de "dérive dictatoriale".
Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale a annoncé sa candidature pour la tête du parti, ce 13 février. L’officialisation intervient dès le lendemain de celle de son rival Bruno Retailleau.
Les responsables du parti de droite se sont réunis ce jeudi matin. Ils ont décidé que les adhérents LR éliront leur nouveau président d’ici trois mois, alors que Bruno Retailleau défendait un calendrier plus serré, sur fond de guerre de chefs avec Laurent Wauquiez.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas se déclare en faveur de la candidature du ministre de l’Intérieur à la présidence du parti Les Républicains. Bruno Retailleau « veut porter une espérance pour la droite », et aujourd’hui au gouvernement, il en a « la légitimité », estime-t-elle.
Le ministre de l’Intérieur est officiellement candidat à la présidence des LR. Il peut compter sur « une très large adhésion majoritaire du groupe LR », selon le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Mais les soutiens de Laurent Wauquiez, comme le sénateur Laurent Duplomb, l’accusent de relancer une « dramatique guerre des chefs ». L’enjeu pour Bruno Retailleau est maintenant d’obtenir un congrès au plus vite, car « les sondages, ça va, ça vient »…