Au cours de l’éloge funèbre, le président de la République a cité tous les noms des personnes décédées au cours du vendredi 23 mars dans l’Aude. « Nous pensons à cet instant à ces blessés, à ces morts, nos morts et à leurs familles dans le recueillement », a-t-il débuté.
« Un soldat aussi aguerri sentait sûrement qu’il avait rendez-vous avec la mort »
Il est ensuite revenu sur les évènements à l’intérieur du supermarché de Trèbes, et sur le sacrifice du lieutenant colonel, qui s’est substitué à une otage. « Cette vie comptait pour Arnaud Beltrame, elle comptait même plus que tout car elle était comme toute vie la source de sa vocation de servir […] Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l’engagement du soldat ». Et d’ajouter : « Là était cette grandeur qui a sidéré la France ».
« Il a pris une décision qui n’était pas seulement celle du sacrifice mais celle d’abord de la fidélité à soi même, de la fidélité à ses valeurs, de la fidélité à ce tout ce avait toujours été et voulu être, à tout ce qui le tenait […] Un soldat aussi aguerri sentait sûrement qu’il avait rendez-vous avec la mort »
« Son destin ne lui appartenait pas tout à fait »
Selon le chef de l’État, « l’exemplarité était pour lui une vertu cardinale ». Ses collègues, blessés durant l’assaut, ont aussi reçu un hommage de la part du président de la République, de même que les soldats qui ont perdu la vie dans les théâtres d’opérations extérieures. « Tous ont droit à notre respect inconditionnel ».
« Son destin ne lui appartenait pas tout à fait. Il l’avait en partie lié avec quelque chose de plus élevé que lui-même car il était un engagé et il avait juré de faire corps avec quelque chose de plus grand et plus haut. Cet idéal, c’était le service de la France » a poursuivi le chef de l’État dans l’un des moments forts de son éloge.
« Nous tous, Français, avons tremblé d’un frisson singulier. L’un d’entre nous venait de se dresser, droit, lucide et brave » a poursuivi Emmanuel Macron évoquant ici « l’esprit français de résistance ». « Cette détermination inflexible face au nihilisme barbare convoqua aussitôt dans nos mémoires les hautes figures de Jean Moulin, de Pierre Brossolette, des martyrs du Vercors et des combattants du maquis. Soudain se levèrent obscurément dans l’esprit des Français, les ombres chevaleresques des cavaliers de Reims et de Patay, des héros anonymes de Verdun et des Justes, des compagnons de Jeanne et de ceux de Kieffer ».
« Nous l’emporterons par la cohésion d’une nation rassemblée »
Le Chef de l’État a également fait référence au meurtre à caractère antisémite de Mireille Knoll, « une femme innocente et vulnérable, assassinée parce qu’elle était juive ». « Non, ce ne sont pas seulement les organisations terroristes, les armées de Daech, les imams de haine et de mort que nous combattons. Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain qui progresse par les réseaux sociaux » (…) endoctrine par proximité et corromps au quotidien ».
« Nourrir les vocations de toute notre jeunesse »
« Nous l’emporterons grâce au calme et à la résilience des Français. Nous l’emporterons par la cohésion d’une nation rassemblée » a-t-il ponctué. Puis, le chef de l’État a révélé que jusqu’à samedi matin, il avait « au combien espéré » avant d’apprendre la mort d’Arnaud Beltrame comme « un coup au cœur ».
« Nourrir les vocations de toute notre jeunesse », c’est ce à quoi peut servir aussi « le sacrifice suprême » d’Arnaud Beltrame selon Emmanuel Macron à l’adresse d’une jeune génération « qui cherche sa voie et sa place ».
En conclusion, le président de la République a assuré qu’Arnaud Beltrame n’était pas mort en vain. « Sa mémoire vivra, son exemple demeurera. J’y veillerai » a-t-il assuré. Emmanuel Macron a enfin nommé Arnaud Beltrame au grade de colonel et a fait de lui à titre posthume commandeur de la légion d’honneur.