Discours d’Emmanuel Macron au Panthéon : après « la grande messe », les sénateurs demandent des actes
Ce matin, Emmanuel Macron a défini la citoyenneté républicaine comme une volonté de faire « bloc » face aux « menaces » qui pèsent sur elle. En réaction, Rachid Temal, sénateur PS du Val d’Oise estime que pour que la République rassemble, il fallait d’abord qu’elle tienne ses promesses, quand Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques salue le discours tout en attendant les « traductions pratiques ».

Discours d’Emmanuel Macron au Panthéon : après « la grande messe », les sénateurs demandent des actes

Ce matin, Emmanuel Macron a défini la citoyenneté républicaine comme une volonté de faire « bloc » face aux « menaces » qui pèsent sur elle. En réaction, Rachid Temal, sénateur PS du Val d’Oise estime que pour que la République rassemble, il fallait d’abord qu’elle tienne ses promesses, quand Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques salue le discours tout en attendant les « traductions pratiques ».
Louis Mollier-Sabet

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« La République doit être un combat de chaque aube. La République n’est pas donnée, elle n’est jamais acquise, c’est une conquête à toujours protéger » scandait Emmanuel Macron ce matin au Panthéon. Sur ce point, on ne peut qu’être d’accord d’après le sénateur du Val d’Oise, qui affirme lui aussi que « la République, comme la laïcité est un combat de tous les instants ». Mais d’après lui, ce combat doit être mené par une présence quotidienne de la République sur tous les territoires et pas seulement par les paroles de « la grande messe républicaine ».

Rachid Temal : « La République doit certes être ce qui nous unit, mais aussi une réalité quotidienne pour les citoyens »

C’est d’ailleurs dans une bâtisse qui devait au départ être une église que cette « grande messe » s’est tenue ce matin. Si le sénateur socialiste emploie ce terme, c’est pour souligner le décalage qui existe d’après lui entre les paroles tenues par Emmanuel Macron sur le projet républicain émancipateur et la réalité de la politique sociale pendant le quinquennat. « La République doit être ce qui nous unit, mais aussi une réalité quotidienne pour les citoyens. Or, la promesse républicaine n’existe plus : la République doit permettre de vous émanciper, mais ce n’est pas concret au quotidien. »

« Je ne suis pas naïf sur les enjeux » a insisté Rachid Temal, mais sur le séparatisme religieux, le sénateur socialiste a plus l’impression que « la République abandonne les quartiers plus que l’inverse » : « Personne ne se lève un matin en décidant soudainement d’abandonner l’ordre républicain. Le discours d’Emmanuel Macron me parlerait s’il n’avait pas réduit tout ce qui permet à la République cette présence quotidienne. Si le discours n’est pas suivi d’actes concrets c’est un problème. »

Max Brisson : « Le discours est bienvenu, reste à voir les traductions pratiques »

Une fois n’est pas coutume, même son de cloche chez le sénateur LR Max Brisson sur le décalage entre les paroles et les actes : « Il était temps que le Président de la République dénonce celles et ceux qui veulent attenter au pacte républicain, que l’on appelle cela séparatisme ou pas peu importe. Le discours est bienvenu, je regrette simplement qu’il ne soit pas arrivé plus tôt, car on sentait une sorte de gêne à traiter ces sujets. »

Sans surprise, c’est tout de même à l’aune d’autres critères que Max Brisson jugera les actes de la majorité présidentielle : « Il y a aujourd’hui des forces politiques qui voudraient faire passer des lois au-dessus des lois de la République. Qu’est-ce que l’Etat et le gouvernement mettront en œuvre pour mettre hors d’état de nuire ces forces politiques ? »

A ce propos, Emmanuel Macron a confirmé ce matin l’examen « à l’automne » d’un projet de loi visant à lutter contre le séparatisme religieux : « A-t-on besoin d’une loi supplémentaire ou d’appliquer simplement les lois de la République et de considérer que les lois communautaires ne doivent jamais primer sur les lois de la République ? » répond le sénateur des Pyrénées-Atlantiques avant d’ajouter : « Attention à une loi d’émotion visant à rattraper en fin de quinquennat une absence de parole forte depuis le début de celui-ci. »

Max Brisson : « On ne divise pas notre histoire »

Ce matin, Emmanuel Macron est aussi revenu sur les polémiques mémorielles autour des déboulonnages de statues en expliquant « qu’on ne choisit pas une part de la France ». Max Brisson, qui avait interpellé Édouard Philippe à ce sujet en juin dernier lors des questions au gouvernement () semble approuver le discours du chef de l’Etat : « On ne divise pas notre histoire, il faut replacer l’action des hommes et femmes qui ont bâti la République dans le contexte de leur époque. Extraire des positions de leurs temps ce sont des pratiques qui s’apparentent à des formes de totalitarisme. Il faut mettre sur la table ce qui fait Nation et le passé et l’histoire de cette communauté en est partie intégrante. Ecrire pour juger les morts c’est fracturer la Nation. »

Le sénateur LR met en revanche en doute le succès d’une telle position dans la majorité présidentielle : « Il n’empêche qu’il y a dans la majorité des forces qui veulent répondre une sorte de tyrannie du temps présent. Le discours de ce matin n’est pas en accord avec les positions de la majorité présidentielle. »

Rachid Temal : « Regardons l’Histoire au fond des yeux »

Le sénateur socialiste appelle, lui, à « dire la complexité » des personnages historiques. « Il faut dire la complexité de Jules Ferry. C’est le père de l’École gratuite, laïque et obligatoire » tout en ayant eu des positions « racistes » et en étant une figure du colonialisme.  Rachid Temal continue : « Le débat c’est moins ce que l’on retire de notre histoire que les personnages inconnus que l’on doit mettre en lumière. Je ne suis pas pour supprimer des choses mais regardons l’Histoire au fond des yeux. Il y a des personnalités peu ou pas connues qu’on pourrait valoriser. Au Sénat nous avons par exemple eu un Président noir, Gaston Monnerville»

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