Depuis la révision constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, le chef de l'État peut prendre la parole devant les deux chambres du Parlement réunies et « sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l'objet d'aucun vote ». À l’image du discours sur l'état de l'union du président américain, Emmanuel Macron utilise, depuis l’année dernière, cette possibilité constitutionnelle pour s’exprimer devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles. Un discours qui commencera à 15 heures lundi 9 juillet. Mais la Constitution ne donne pas la possibilité d’un débat entre le chef de l’État et parlementaires. Les présidents de groupe politique s’exprimeront donc, tour à tour, après le départ du Président.
Un discours pour expliquer le « pourquoi des choses »
Quelques mois à peine après son élection, le 3 juillet 2017, Emmanuel Macron avait posé le cap de son action pour le quinquennat, insistant notamment la réforme des institutions. Lundi, le Président exprimera « l'horizon qui est poursuivi » « du pourquoi des choses » selon les mots du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Emmanuel Macron donnera, en outre, « quelques éléments de cadrage » de son plan pauvreté prévu pour septembre.
Pas de « souper du roi » chez les LR et PS
Comme l’année dernière, de nombreuses réticences à cette invitation ont vu le jour chez les parlementaires. Il y a d’abord ceux qui viendront mais qui ne participeront pas au déjeuner organisé par le président de la République. C’est le cas du président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau et de son homologue à l’Assemblée nationale, Christian Jacob, des questeurs Éric Ciotti et des vice-présidents Annie Genevard et Marc Le Fur. « Je n'y étais pas allé l'an passé. Je vais déjà subir le discours du trône, alors le souper du roi… », a ironisé Bruno Retailleau.
Les députés PS membres du bureau de l'Assemblée nationale ont également « décliné l'invitation à déjeuner du président de la République », a indiqué pour sa part dans la soirée la présidente du groupe Nouvelle Gauche, Valérie Rabault. Députés et sénateurs socialistes prévoient aussi de se regrouper en amont de la séance. « Ce sera un rassemblement de parlementaires ceints de leur écharpe tricolore », a détaillé le député du Val-de-Marne, Luc Carvounas
Un nouveau serment du Jeu de paume pour les communistes
Il y a également ceux qui viennent mais pour faire entendre leurs voix. Députés et sénateurs communistes prêteront auparavant « le serment de défendre une République démocratique », devant la salle du Jeu de paume. Ils appelleront à un « référendum » sur la réforme des institutions. Les parlementaires veulent par exemple supprimer le mot « race » de la Constitution (déjà supprimé par les députés en commission), et compléter la Charte de l'environnement, qui est adossée à la Constitution. « Nous proposerons à toutes les forces engagées dans les mobilisations du printemps de venir dire ce jour-là à Macron (...) ce que la République pense de sa politique et de l'exercice monarchique de son pouvoir » a indiqué le sénateur communiste Pierre Laurent.
Comme l’année dernière, les députés de la France insoumise boycotteront le discours du chef de l’État. « Le monarque Emmanuel Macron recevra de nouveau les représentants du peuple à Versailles. Ils auront le droit d’écouter sa majesté et de lui répondre une fois qu’il sera parti. Ce nouveau monde a tout de l’ancien régime et rien de la République. Ce sera sans nous » a tweeté le député Éric Coquerel.
D’autres députés LR comme Fabien Di Filippo ont annoncé leur absence. « Une communication politique à 500 000 euros » a fustigé l’élu de Moselle. La députée et présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen a, quant à elle, indiqué sa présence.
Le discours du chef de l’État et les interventions des présidents de groupe politique sont à suivre sur les chaînes parlementaires à partir de 14 heures. Émission spéciale, avec duplex, invités en plateau. Sans oublier un live sur publicsenat.fr et les réseaux sociaux.