En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Discours de politique générale : « Le Premier ministre n’a rien compris à ce que demandent les agriculteurs sur les barrages »
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En pleine crise du secteur agricole, Gabriel Attal était attendu au tournant par les agriculteurs, en attente de nouvelles annonces dans le cadre de son discours de politique générale. Le Premier ministre a affirmé vouloir œuvrer pour « une exception agricole française » et a dévoilé plusieurs mesures, notamment d’ordre financier : déblocage d’un fonds d’urgence pour les viticulteurs « avant la fin de la semaine », renforcement d’un dispositif fiscal pour les éleveurs bovins, ou encore versement des aides de la Politique agricole commune (PAC) « d’ici le 15 mars ».
« Tant qu’on n’ouvrira pas le dossier des normes environnementales, les annonces ne seront pas à la hauteur »
Pour le sénateur Les Républicains Laurent Duplomb, les annonces de Gabriel Attal ne sont pas satisfaisantes : « Le Premier ministre n’a rien compris du tout à ce que demandent les agriculteurs sur les barrages routiers ». Le 24 janvier, il a lui-même déposé une proposition de loi pour répondre à la crise agricole, qui s’attaque aux volets de « la lutte contre la complexité administrative », « la lutte contre la stigmatisation » et « la lutte contre les surtranspositions ».
C’est surtout sur ce dernier volet que le sénateur attendait des annonces du Premier ministre ce 30 janvier : « Tant qu’on n’ouvrira pas le dossier de la surtransposition des normes environnementales, qui créent de la concurrence déloyale, les annonces ne seront pas à la hauteur ». Laurent Duplomb plaide notamment pour la réintroduction de certains pesticides de la famille des néonicotinoïdes, « c’est une mesure simple qui peut être prise rapidement par décret ».
« Derrière ces annonces, on sait ce qui est attaqué, c’est la transition agroécologique »
Les différentes annonces de Gabriel Attal ne satisfont pas non plus l’écologiste Daniel Salmon. « La crise agricole est plus profonde que ça, ces mesures de répondent pas aux vrais questionnements : Quelle agriculture voulons-nous demain pour la France ? Comment fait-on en sorte de donner un revenu décent aux agriculteurs ? », énumère le sénateur.
Une mesure retient particulièrement son attention, comme symbole de ce manque d’approfondissement : l’annonce du versement des aides de la PAC d’ici au 15 mars. « Le gouvernement n’interroge pas la logique même de la PAC, qui fait que 20 % des agriculteurs touchent 80 % des aides », dénonce Daniel Salmon.
Après une première série d’annonces le 26 janvier, notamment des dispositions de simplification des normes, Daniel Salmon estime que ces nouvelles mesures entrent dans une même logique de stigmatisation des normes environnementales. « Le Premier ministre se contente de regarder la crise agricole au travers du prisme des normes trop nombreuses, en mettant derrière ce qualificatif un tas de choses qui ne sont pas d’égale importance. Derrière ces annonces, on sait ce qui est attaqué, c’est la transition agroécologique », dénonce-t-il.
Des convois toujours en route vers Paris
Une position partagée par les associations environnementales. Dans un communiqué, Greenpeace regrette un discours de Gabriel Attal focalisé « sur la suppression des normes environnementales » : « Le Premier ministre privilégie l’agro-industrie au détriment des agriculteurs et des écosystèmes dont ils dépendent. »
Du côté des syndicats agricoles, la colère ne semble pas non plus être retombée. « Il ne répond pas à nos attentes », a assuré à l’AFP le président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne Serge Bousquet-Cassagne, parti d’Agen avec un convoi de 200 tracteurs en route vers le marché de Rungis. Même son de cloche auprès de la FNSEA, syndicat majoritaire de la profession. Interrogée par l’AFP, la secrétaire générale adjointe de la section FNSEA de l’Oise, qui bloque l’autoroute A1 avec le même objectif de se rendre à Paris, assure : « On ne bouge pas, nous allons rester là jusqu’à ce que des mesures concrètes d’urgence soient prises. »
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