Discours social de Macron : des sénateurs mitigés

Discours social de Macron : des sénateurs mitigés

Le chef de l’État s’est adressé pendant plus d’une heure au 42ème Congrès de la Mutualité à Montpellier. Emmanuel Macron y a délivré sa stratégie et sa vision en matière de politique sociale. Les sénateurs réagissent.
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Par Maud Larivière

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« Le nouveau monde, ne réinvente pas grande chose », déclare Jean-Luc Fichet, sénateur socialiste du Finistère. « On a une liste de dispositions qui ne sont pas chiffrées ». Selon lui, ce discours « plein de bons sentiments » n’enlève pas le sentiment que le Président ne connaît pas « bien » « le monde de la pauvreté ».

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Alain Milon, président LR de la Commission des affaires sociales est également partagé : « Ça semblait être de grandes phrases très humanistes, après il faudra à l’intérieur de ces phrases, avoir un programme qui s’applique » décrète-t-il. « Ce que nous attendions du Président de la République, ce n’est pas obligatoirement un discours généraliste, avec des propositions qui ont déjà été faites par le passé ». Pour Pierre Médevielle, sénateur centriste, Haute-Garonne, « On attendait des annonces plus spectaculaires ». Jean-Pierre Grand, sénateur LR de l’Hérault, quant à lui, a été séduit : « Il a fait un beau discours gaulliste. Il a bien cerné la situation de la nation ». « Ça avait de la gueule » s’exclame-t-il.

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Zéro reste à charge

Le chef de l’État a développé le dispositif le reste à charge zéro qu’il souhaite instaurer pour les prothèses dentaires, les lunettes et les prothèses auditives.

« C’est une très bonne mesure. Je souscris complètement à ça » déclare Jean-Luc Fichet. « La question qui se pose c’est la qualité des minima ». Véronique Guillotin, sénatrice RDSE de la Meurthe-et-Moselle, est d’accord : « Ceux qui n’ont pas les moyens, auront ce panier de soins, et les autres iront vers des solutions plus innovantes. Il y a aussi ce risque de déséquilibre, et peut-être d’inégalités sous-jacentes » développe-t-elle.

Alain Milon met en garde : « Le reste à charge zéro est une excellente chose pour ceux qui n’ont pas les moyens, mais ça entraînera, de toute façon, parce qu’il n’y a pas de contrôle du Parlement sur le sujet, des augmentations de cotisations, pour tout le monde au niveau des mutuelles ». Pour qu’il n’y ait pas d‘augmentation des cotisations, le sénateur propose que ce soit « le Parlement qui décide du panier de soins, et des tarifs ».

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Prévention

Le Président de la République a axé son développement sur la prévention. Les sénateurs, bien qu’ils soient d’accord avec son importance, soulignent néanmoins que ce n’est pas une proposition innovante.

« La prévention se fait aussi avec les professionnels de santé. La question qui est posée, c’est la question des financements. Si c’est un discours qui couvre des volontés de réduire les dépenses et faire des économies, alors il est généreux mais pas financé. Il faudra financer la prévention, ce qui sera, à mon avis, à terme, source d’une économie » déclare Jean-luc Fichet. Sur ce sujet, Véronique Guillotin se dit « déçue » : « Je ne vois pas de changement de paradigme en termes de prévention ». Alain Milon rejoint son constat : « La prévention, on en parle depuis les années 80, et peut-être même depuis les années 40, avec la vaccination ».

Dépendance

Emmanuel Macron a également annoncé une loi qui pourrait arriver en 2019 sur la dépendance, alors qu’un mouvement de grève touche actuellement les EHPAD.

« On attend cette loi, je suis tout à fait disponible pour y travailler et la voter si elle va dans le bon sens » estime Jean-Luc Fichet.

« La Commission des affaires sociales a fait un rapport sur le sujet, et je souhaite que le gouvernement s‘en inspire. Sachant qu’une loi sur la dépendance ne servira à rien si on ne revoit pas le système de financement de la dépendance » explique Alain Milon, qui annonce « qu’une journée supplémentaire de solidarité, serait largement insuffisante ».

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Vidéo de Macron sur les aides sociales

Jean-Luc Fichet n’a pas vraiment apprécié la méthode : « On peut le féliciter pour sa communication, parce qu’en tout cas, le « pognon de dingue » est sur la culpabilisation des gens qui bénéficient des aides sociales » raille-t-il avant de préciser : « Qu’il faille les réinterroger, je suis complètement d’accord, parce que notre société évolue. Mais les aides sociales qui existent aujourd’hui, et la solidarité, sont efficaces dans 90 % des cas ».

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