Dissolution, démission d’Emmanuel Macron : que demandent les oppositions si le gouvernement Bayrou est renversé ?
Par Stephane Duguet
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François Bayrou donne « 13 jours » aux oppositions pour réfléchir et décider si oui ou non elles voteront contre la confiance au gouvernement le 8 septembre prochain. A l’université d’été de la CFDT, le Premier ministre leur a demandé de renoncer à leurs « réflexes spontanés ». Le vote organisé à l’initiative du chef du gouvernement aura lieu à l’Assemblée nationale le 8 septembre devant des députés qui ont déjà exprimé leur choix par médias interposés. Dès la fin de la conférence de presse organisée hier, La France insoumise, le Rassemblement national, les Ecologistes, le Parti communiste et le Parti socialiste ont annoncé qu’ils voteraient contre la confiance et feraient ainsi chuter le gouvernement. Signe que ces positions sont bien arrêtées, les oppositions se projettent déjà après le vote du 8 septembre.
Nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale
Les troupes de Marine Le Pen et Jordan Bardella continuent de plaider en faveur d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. La cheffe des députés du Rassemblement national (RN) estime que « seule la dissolution permettra désormais aux Français de choisir leur destin. » Marine Le Pen espère ainsi, en dépit de l’inéligibilité qui la frappe et dont elle a fait appel, que si de nouvelles élections législatives devaient se tenir, son parti remporterait la majorité absolue.
Mais la dissolution n’a rien d’automatique. Elle relève de la compétence du président de la République prévue par l’article 12 de la Constitution. Même si le gouvernement de François Bayrou doit démissionner après le vote de confiance, Emmanuel Macron est seulement tenu de nommer un Premier ministre, en aucun cas de dissoudre l’Assemblée nationale. « S’il est un président responsable, il se tourne vers les Français, il dissout l’Assemblée et il leur dit ‘donnez une majorité’ », affirmait ce mardi Sébastien Chenu, vice-président du RN sur Europe 1 et Cnews.
Le scénario d’une nouvelle dissolution est pour le moment exclu par Emmanuel Macron mais le ministre de la Justice Gérald Darmanin a indiqué ce matin sur France 2 qu’il « ne faut pas écarter cette hypothèse ». D’autres macronistes comme la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet estime, au contraire, que ce n’est pas souhaitable de renvoyer les députés devant les électeurs un an à peine après leur élection.
A gauche, les socialistes, les communistes et les écologistes se préparent à devoir repartir en campagne bien qu’ils n’appellent pas de leurs vœux une nouvelle dissolution de la chambre basse. « Il y a encore d’autres solutions avant de renverser la table, assure auprès de Public Sénat Thomas Dossus, sénateur écologiste et membre du bureau politique du parti. L’urgence est de trouver un budget pour la France et on appelle Emmanuel Macron à changer de politique économique. » Son collègue communiste Ian Brossat abonde : « Nous avons besoin que le président de la République sorte du déni et tienne enfin compte des résultats des élections législatives en mettant en place une politique de justice sociale. »
Démission ou destitution d’Emmanuel Macron
Les deux sénateurs se montrent encore plus réservés sur la destitution du chef de l’Etat demandée par La France insoumise. Jean-Luc Mélenchon a rappelé sur France Inter ce lundi « la nécessité qu’on passe à autre chose ». Et s’il pense à la chute du gouvernement Bayrou, il regarde surtout du côté de l’Elysée. « Il faut aller à la cause. M. Bayrou n’est pas le responsable de la situation dans laquelle il se trouve. C’est tous ceux qui l’ont précédé par leurs mauvaises politiques économiques et leurs politiques de gestion. S’il y a un responsable, c’est le président de la République », a tancé le fondateur de LFI. Ainsi, il a annoncé que les députés insoumis déposeront le 23 septembre comme l’an dernier, une motion de destitution d’Emmanuel Macron. La procédure avait été rejetée à l’Assemblée nationale en commission des Lois et en conférence des présidents empêchant son examen en hémicycle.
Dans le cas de la motion de destitution, il reviendrait aux députés et sénateurs de se prononcer par un vote. Dans le cas d’une démission, c’est une décision qui revient au chef de l’Etat lui-même. Une hypothèse loin d’être probable : « Si le président de la République démissionnait aujourd’hui, cela signifierait que tous les prochains présidents de la République, en cas d’élections intermédiaires perdues ou en cas de crise politique ou sociale » devraient eux aussi démissionner, réagit sur Franceinfo Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement. Ce proche parmi les proches de François Bayrou se refuse d’imaginer un départ d’Emmanuel Macron : « Ce n’est pas ce que je veux pour mon pays ! »
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