Dissolution : « Le quinquennat d’Emmanuel Macron s’est terminé le 9 juin », affirme Patrick Kanner

Invité de la matinale de Public Sénat, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat s’est exprimé sur les enjeux de la campagne pour les législatives. L’élu du Nord n’a pas épargné le président de la République, considérant que « sa parole n’existe plus ». Le socialiste s’inquiète également des conséquences de la dissolution.
Henri Clavier

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« Nous avons un apprenti sorcier complètement irresponsable qui décide de dissoudre le soir d’une élection, au moment où le RN est le plus haut », pointe le sénateur PS qui dit être « furieux » de la décision prise par Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale le soir du 9 juin. Lors d’une interview accordée au podcast « Generation do it yourself », Emmanuel Macron s’est inquiété d’un risque de « guerre civile » en cas d’arrivée au pouvoir du RN ou de LFI. Une démonstration de son irresponsabilité, selon Patrick Kanner qui rappelle judicieusement l’adage latin : « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ». En procédant à la dissolution le soir du 9 juin et d’un score record pour le RN, Emmanuel Macron est passé de « maître des horloges » à « maître de tous les risques », poursuit l’élu du Nord. « Le quinquennat d’Emmanuel Macron s’est terminé le 9 juin », tranche le président du groupe socialiste au Sénat. Sans majorité à l’Assemblée nationale, la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron pourrait être marquée par l’impuissance du chef de l’Etat.

Patrick Kanner appelle Renaissance à faire barrage au RN

Au-delà du président de la République lui-même, la stratégie des différentes formations politiques face au RN reste en suspens. Usé, le barrage républicain ne semble plus vraiment fonctionner et le RN insiste sur sa normalisation tandis que le camp présidentiel renvoie les « extrêmes » dos à dos. Une fois de plus, le sénateur socialiste doute des troupes macronistes et appelle à faire du barrage au RN une boussole à gauche. « On annonce une centaine de triangulaires, il y aura besoin de désistements pour faire barrage au RN, on verra bien ce que fera Renaissance », tacle Patrick Kanner s’inquiétant du manque de clarté de ces derniers. L’augmentation de la participation, par rapport aux élections européennes, pourrait, en effet, favoriser l’accès d’un troisième candidat au second tour. Pour accéder au second tour les candidats doivent arriver parmi les deux premiers où obtenir au moins 12,5 % des voix des inscrits de la circonscription. Avec un taux de participation autour des 65 % comme estimé par les sondeurs, cela placerait le seuil d’accès au second tour à 18 %. Une situation qui inquiète à gauche et la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier, a d’ores et déjà annoncé que si des candidats écologistes arrivaient en troisième position ils devraient se retirer pour faire barrage au RN.

« Le nom de Monsieur Mélenchon n’est pas consensuel »

Patrick Kanner a d’ailleurs pressé LFI de procéder à une « clarification » sur ce point et appelle les insoumis à adopter la stratégie du désistement. Le 21 juin, Mathilde Panot avait assuré que LFI appellerait à voter « contre le Rassemblement national ». Logiquement, Patrick Kanner, qui était opposé à la Nupes, a évoqué le fonctionnement du Nouveau Front Populaire et la recherche d’équilibre entre les différents partis de gauche. L’élu du Nord a d’abord affirmé que comparer LFI et le RN relevait de la « caricature totale » avant de relancer la bataille pour l’hégémonie à gauche. Alors que la gauche ne s’est pas mise d’accord sur le nom d’un Premier ministre en cas de victoire, Patrick Kanner privilégie une personnalité issue du Parti Socialiste. « Le nom de Monsieur Mélenchon n’est pas consensuel, c’est un repoussoir. Surtout pour les électeurs modérés, centre-gauche », juge l’élu du Nord qui ajoute, « je pense qu’un Premier ministre [socialiste] serait plus rassembleur ».

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