Le SGLCE, qui fédère des employés dans le secteur de l'imprimerie et de la distribution de la presse, avait appelé à une grève de 24H, de mardi soir à mercredi soir, à l'occasion de l'ouverture des débats sur cette réforme au Sénat.
Si la presse quotidienne régionale a pu paraître normalement, les lecteurs des quotidiens nationaux (dont Le Parisien, Libération, Le Figaro...) ont dû se contenter des versions électroniques de leurs titres. Plusieurs de ces journaux avaient laissé leurs éditions numériques en accès libre ce mercredi, tout en regrettant cette non-parution.
Le projet de loi en cause vise, selon le gouvernement, à moderniser le système de distribution des journaux en France, régi depuis l'après-guerre selon un modèle coopératif par la loi Bichet, notamment en confiant la régulation du secteur au gendarme des télécoms, l'Arcep, et en l'ouvrant à la concurrence en 2023.
Une réforme lancée dans le sillage de la quasi-faillite, il y a un an, du groupe Presstalis (ex-NMPP), principal distributeur de journaux et magazines en France, qui s'était retrouvé au bord du gouffre et a dû être sauvé par l'État et les éditeurs de presse.
Mais lors d'un rassemblement organisé mercredi matin devant le Sénat, qui a réuni plusieurs centaines de militants, la CGT du Livre a redit son opposition à ce projet qu'elle pourfend depuis le début.
« Cette concurrence va ouvrir la voie dans les années à venir à la reconstitution de monopoles cette fois privés », a lancé le sénateur communiste Pierre Laurent, venu soutenir les ouvriers du Livre CGT, se disant déterminé à « combattre ce projet ». « Les puissances d'argent qui contrôlent de plus en plus de titres et de plus en plus de médias contrôleront aussi la distribution avec un risque évident pour le pluralisme », a-t-il prévenu.
« Derrière l'ambition affichée (par le gouvernement, NDLR) de préserver la loi Bichet, il la vide en réalité de sa substance », a abondé Didier Lourdez, secrétaire général du SGLCE avant d’ajouter que « ce que prévoit le gouvernement, est le retour d'un monopole tout puissant, dans un secteur régulé par une autorité à la botte du pouvoir politique ». Un « danger », selon lui, pour la démocratie et le pluralisme.
Le syndicat a par ailleurs rejeté lors de ce rassemblement les accusations de « censure » qui lui ont été adressées la semaine dernière, après que certains de ses membres ont empêché la distribution des hebdomadaires Le Point, Paris Match et Valeurs Actuelles dans plusieurs régions, dans le cadre d'actions contre la réforme. Le directeur du Point Étienne Gernelle avait notamment dénoncé dans un éditorial « une discrimination entre les titres » opérée selon lui par « les militants cégétistes ». « Non, il n'y a pas eu de censure de qui que ce soit par qui que ce soit », a assuré Didier Lourdez. Selon lui, la non-parution de ces hebdomadaires était liée à des arrêts de travail pour protester contre la réforme, et ne visait aucunement telle ou telle publication.
Le terme « censure » a d’ailleurs été repris par le ministre de la Culture, Franck Riester, cet après-midi, lors de l’examen du projet de loi.
Grève du secteur de l'imprimerie et de la distribution de la presse: Franck Riester parle de censure