Au lendemain d'un second tour des législatives qui lui a donné une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République, Emmanuel Macron...
Doté d’une majorité nette, Macron a les mains libres
Au lendemain d'un second tour des législatives qui lui a donné une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République, Emmanuel Macron...
Par Marc PRÉEL, Baptiste PACE
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Au lendemain d'un second tour des législatives qui lui a donné une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République, Emmanuel Macron a les coudées franches pour mettre en œuvre son programme présidentiel et devrait dans l'immédiat procéder à un remaniement "technique".
Le Premier ministre Édouard Philippe a en début de soirée lundi, "conformément à la tradition républicaine au lendemain d’élections législatives", présenté la démission de son gouvernement, avant d'être renommé pour former une nouvelle équipe d'ici mercredi à 18H00.
Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires, mis en cause dans une enquête judiciaire, n'en fera pas partie: M. Macron lui a demandé de quitter le gouvernement pour briguer la présidence du groupe REM à l'Assemblée nationale.
Richard Ferrand le 18 juin 2017 à Châteaulin
AFP
Selon les résultats définitifs, la République en marche (REM) et son allié du MoDem s'adjugent 350 sièges, très largement au-delà de la majorité absolue de 289 sièges.
Mais en battant une nouvelle fois un record d'abstention (57% contre 51,3% au premier tour), les électeurs ont refusé de laisser "carte blanche" au nouveau président, relève la presse de lundi.
Le chef de l’État, interrogé par TMC, a attribué cette abstention au fait que les autres partis "n'ont pas mobilisé" les électeurs.
Sur les 350 sièges de la majorité présidentielle, le MoDem de François Bayrou en obtient 42 et devrait donc former un groupe indépendant. Mais la présidence de l'Assemblée devrait échoir à un membre de la REM, selon M. Castaner.
Les responsables d'En Marche écartent le risque d'une Assemblée aux ordres de l'exécutif, malgré l'inexpérience parlementaire de nombreux élus.
Législatives: résultats par circonscription
AFP
"Nous ne sommes plus dans une société d'obéissance où on demande aux parlementaires d'obéir au gouvernement. Nous sommes dans une société d'adhésion. Il va falloir que les ministres convainquent", a déclaré le président de la commission d'investiture Jean-Paul Delevoye.
L'alliance entre Les Républicains (LR) et l'UDI décroche 131 sièges, dont 113 LR. "Il n'y aura pas d'explosion", assure l'ancien député Bernard Accoyer, sans toutefois exclure un "débat" sur la position à adopter lors du vote de confiance au gouvernement, que plusieurs députés "constructifs" tel Thierry Solère, réélu dans les Hauts-de-Seine, souhaitent approuver.
Le Parti socialiste n'obtient que 29 sièges. Très loin des 284 sièges de l'Assemblée sortante, deux fois moins que lors du désastre de 1993. Une "déroute incontestable", a admis son Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis qui va quitter la direction du parti.
- Profond renouvellement -
Non investi par le PS, mais sans concurrent REM, Manuel Valls est l'un des rares anciens ministres à survivre au naufrage. Il a annoncé dans une ambiance houleuse sa réélection dans l'Essonne avec 139 voix d'avance sur Farida Amrani (La France insoumise). Cette dernière s'est rendue en préfecture lundi pour "faire recompter les bulletins", soupçonnant des "irrégularités".
L'ancien Premier ministre Manuel Valls arrive à l'Assemblée nationale le 19 juin 2017 à Paris
AFP
LFI obtient 17 élus et le Parti communiste, 10. Jean-Luc Mélenchon, élu à Marseille, a annoncé dimanche un "groupe parlementaire" LFI, sans évoquer les communistes.
Le Front national obtient 8 sièges et sa présidente Marine Le Pen découvrira le Palais Bourbon, de même que son compagnon Louis Aliot. Ils y rejoignent Gilbert Collard, réélu dans le Gard.
S'il quadruple le nombre de ses députés, le FN échoue cependant à constituer un groupe parlementaire de 15 députés. Mais Marine Le Pen espère y parvenir "dans les prochains mois".
Ce scrutin est également marqué par une première en Corse: l'élection de trois députés nationalistes.
Europe Écologie Les Verts disparaît pratiquement de l'Assemblée, avec un seul élu.
Les grandes manœuvres se poursuivront cette semaine au PS (bureau national mardi et conseil national samedi), chez Les Républicains (bureau national mercredi) et au FN (bureau politique mardi).
Pour cette XVe législature, l'Assemblée est en tout état de cause profondément renouvelée, avec 424 primo-députés sur 577.
Les nouveaux parlementaires ont commencé à arriver dès lundi au Palais-Bourbon. Parmi eux, un nombre record de femmes: 224, contre 155 dans l'Assemblée sortante.
Comme annoncé, la majorité sénatoriale LR et centriste a supprimé la hausse de la CSG sur le capital votée par les députés, censée rapporter 2,66 milliards d’euros. « Vous défendez le capital, le profit, de manière entêtée », a dénoncé le sénateur PS, Yan Chantrel. La rapporteure, la centriste Elisabeth Doineau, a voulu en rester aux « mesures que la majorité sénatoriale avait défendues en juillet auprès de François Bayrou ».
Alors qu’aucune piste d’atterrissage ne semble se dessiner, à ce stade, au Parlement pour l’adoption du budget, le gouvernement a choisi d’avoir recours à une loi spéciale, plutôt qu'à des ordonnances, si le blocage se poursuit.
En clôture du Congrès de l’Association des maires de France (AMF), le Premier ministre a fait part de sa volonté de simplifier les normes qui pèse sur les élus locaux. Il a confirmé son engagement en faveur d’un grand acte de décentralisation avec le dépôt d’un projet de loi avant Noël mais sans s’engager sur une baisse de l’effort demandé aux collectivités dans le budget, au grand dam des élus.
Après le discours de clôture du 107e congrès des maires de Sébastien Lecornu, le premier vice-président de l’Association des maires de partage son « profond regret » et sa « profonde déception », face aux annonces du Premier ministre.