Droit d’amendement : « C’est un droit fondamental. Il ne faut pas y toucher » estime Jean-Pierre Mignard
Invités de l’émission « On va plus loin », la constitutionnaliste, Anne Levade et l’avocat et président du comité d’éthique LREM, Jean-Pierre Mignard, débattent de la réforme constitutionnelle voulue par l’exécutif et du rôle du Parlement dans le futur.

Droit d’amendement : « C’est un droit fondamental. Il ne faut pas y toucher » estime Jean-Pierre Mignard

Invités de l’émission « On va plus loin », la constitutionnaliste, Anne Levade et l’avocat et président du comité d’éthique LREM, Jean-Pierre Mignard, débattent de la réforme constitutionnelle voulue par l’exécutif et du rôle du Parlement dans le futur.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La semaine dernière, le recours à l’article 44.3 de la Constitution par le gouvernement, pour bloquer le vote d’une proposition de loi communiste revalorisant les retraites agricoles, a suscité la colère des sénateurs, déjà bien échaudés par les axes de réforme constitutionnelle, que veut engager le Président de la République.

L’intention du gouvernement de limiter le droit d’amendement, qui permet aux députés et sénateurs de modifier projets et propositions de lois, a été la goutte d’eau de trop.

« L’article 44.3, c’est ce qu’on appelle dans le jargon du droit parlementaire, le vote bloqué » explique la constitutionnaliste, Anne Levade. « L’effet est assez proche de celui du 49.3 sur le plan politique, puisque ça permet à un moment donné d’interrompre la discussion parlementaire, le gouvernement décidant du contenu final du texte. Sauf que la très grande différence c’est que d’abord il y a un vote (…) et, par ailleurs, cela ne peut jamais emporter la démission du gouvernement. Donc il n’y a pas d’engagement de la responsabilité (…) Le gouvernement sélectionne dans le texte, ce qu’il conserve et ce que, le cas échéant, il supprime » ajoute-t-elle

Anne Levade estime que ce sont les médias qui présentent cette situation autour de la révision constitutionnelle « comme un bras de fer entre le gouvernement et le Sénat : « Je ne crois pas qu’on en soit là » assure-t-elle.

Concernant le vote bloqué, pour Jean-Pierre Mignard, avocat et président du comité d’éthique de la République en Marche, il n’y a pas débat : « C’est dans la Constitution. Cela ne me semble pas choquant ». En revanche, il n’est pas en faveur de la limitation du droit d’amendement : « C’est un droit fondamental (…) Il ne faut pas y toucher. Ce n’est pas une bonne idée ».

L’avocat préfère s’interroger sur le rôle du Parlement dans les années à venir : « Je suis juriste, je plaide la loi. Et je m’aperçois que, quelques fois, il serait très utile que le Parlement revoit (…) l’exécution et l’application des lois, que les parlementaires aient plus de temps pour veiller à l’application de ce qui est fait (…) On aurait besoin d’un Parlement qui soit beaucoup plus en instance de réflexion sur ce qu’il a fait (…), peut-être de voter moins de lois (….) et de laisser aux parlementaires les grands textes, là où il est nécessaire qu’il y ait un débat. »

Jean-Pierre Mignard, qui était pour que le Sénat conserve le cumul des mandats (« Ça renforçait les caractéristiques de l’Assemblée des territoires »), trouve aujourd’hui, une utilité à sa suppression : « Maintenant que les parlementaires n’ont plus de cumul, on peut penser qu’ils ont plus de temps (…) C’est aux sénateurs de veiller à la bonne, et juste, et rapide, application des lois. Parce que tout le monde serait reconnaissant au Parlement d’être extrêmement vigilant et d’être le gardien des lois qu’il [a] votées (…) Et là, je pense que la communication avec les citoyens peut revenir. Et la confiance aussi. »

 

Vous pouvez voir et revoir le match des idées, en intégralité :

Match des idées d'OVPL sur la réforme de la Constitution avec Anne Levade et Jean-Pierre Mignard
14:42

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Un accord de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne serait "extrêmement dangereux" pour cette eurodéputée

Scandale Shein, restrictions sur les terres rares, déferlement d'exportations sur le Continent : ces dernières semaines ont fourni aux européens de nombreux motifs d'inquiétude dans leur relation avec Pékin. Alors que Donald Trump a scellé un accord d'un an avec le président Xi Jin Ping, l'UE semble sur le banc de touche. Un sursaut est-il possible ? Ou bien sommes-nous condamnés à rester à la remorque de la Chine ? Débat dans "Ici l'Europe" avec les eurodéputés Sandro Gozi (Renew, France) et Estelle Ceulemans (S&D, Belgique).

Le

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Droit d’amendement : « C’est un droit fondamental. Il ne faut pas y toucher » estime Jean-Pierre Mignard
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le