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President Donald Trump and European Commission President Ursula von der Leyen shake hands after reaching a trade deal at the Trump Turnberry golf course in Turnberry, Scotland Sunday, July 27, 2025. (AP Photo/Jacquelyn Martin)/FAS180/25208640441185//2507272024

Droits de douane européens : « On tremble devant les États-Unis »

Les exportations européennes seront taxées à 15% à partir du premier août, contre 10% actuellement. Réunis en Ecosse dimanche 27 juillet, la présidente de la commission européenne et Donald Trump sont arrivés à un accord, largement critiqué depuis. Les Européens y voient une soumission de l’UE aux volontés du président américain.
Clémentine Louise

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C’est le « plus grand accord jamais signé », selon Donald Trump. Et pour cause, le président américain semble remporter le bras de fer, face à une Ursula Von der Leyen que les européens espéraient un peu plus musclée.

Réunis hier, à Turneberry, en Ecosse, les deux dirigeants ont conclu un accord imposant 15% de droits de douane sur la plupart des produits européens importés aux États-Unis, contre 10% auparavant. Sachant que les biens à destination des États-Unis représentent 20% des exportations européennes.

« C’est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission », écrit le Premier ministre François Bayrou sur X.

Autres concessions accordées aux Américains, l’exemption de droits douanes sur leurs secteurs stratégiques ( énergie, défense). Plus encore, l’Union européenne s’engage à acheter 750 milliards de dollars d’énergie américaine et à investir 600 milliards de dollars aux États-Unis.

Un traité « inégal » pour l’ancien premier ministre Dominique de Villepin, une « capitulation » pour La France insoumise, et un « fiasco politique, économique et moral » pour Marine Le Pen.

Mais au milieu de cette avalanche de réactions scandalisées, pour bien saisir les enjeux de cet accord, il faut le replacer dans son contexte.

La menace d’une guerre commerciale

Depuis des mois, Donald Trump agite le spectre d’une guerre tarifaire. Souvenez vous de son tableau des droits de douanes, qu’il présentait fièrement en avril dernier. Quelques jours avant leur discussion le président américain accentuait encore la pression en estimant les chances de trouver un accord à seulement 50%. Une façon peu subtile de pousser la présidente de la Commission européenne à accepter un deal, bien en dessous de ses exigences. Arrivée dans le golf de luxe du président américain, Ursula Von der Leyen avait une mission : éviter une escalade tarifaire …

C’est chose faite, mais à un prix lourd de conséquences. « 15% c’est beaucoup, sachant qu’avant c’était 10% et encore avant c’était 2% », explique l’économiste Anne-Sophie Alsif.

Plusieurs secteurs sont néanmoins exemptés de ces nouveaux droits de douanes : la chimie, l’aéronautique et l’agroalimentaire. Des domaines stratégiques, sur lesquels l’UE n’a pas cédé. Les autres payeront les conséquences d’une manœuvre avant tout politique. « La commission européenne essaie de limiter la casse dans un premier temps, je pense qu’elle accepte 15% mais qu’elle renégociera derrière. Comme c’était le cas sous la première présidence de Donald Trump avec l’accord sur l’automobile », ajoute Anne-Sophie Alsif.

Quelles conséquences pour la France ?

« La France exporte sept fois plus en Europe qu’aux États-Unis. Ce n’est pas notre premier marché. Donc globalement ça va nous pénaliser mais ça ne va pas nous déstabiliser durablement », détaille l’économiste Stéphanie Villers.

Ellerappelle tout de même que la dépréciation du dollar aura un impact plus lourd que les 15% « dealés » avec le président américain. Le prix d’un bien européen sur le marché américain devrait augmenter d’environ 25%.

En France, la Confédération des petites et moyennes entreprises anticipe des répercussions désastreuses pour les PME.

Finalement, les moins perdants de l’accord sont sans doute les Allemands. 15% de droits de douane sur les exportations d’automobiles,  c’est 10% de moins qu’aujourd’hui. Pour un pays dont le PIB repose à 13% sur son industrie automobile, cet accord est donc plutôt intéressant. Ursula Von der Leyen aurait-elle joué pour son camp ?

 

 On peut se poser la question, Ursula Von der Leyen a effectivement défendu les intérêts allemands avant les intérêts européens. Ce n’est pas comme ça qu’on va continuer de construire l’Union européenne 

Stéphanie Villers, économiste

Ne pas oublier tout de même que les secteurs automobiles français et italiens profiteront aussi de cette baisse du taux.

« De toute façon les vrais perdants de cet accord sont les citoyens américains qui payeront plus chers les produits européens », conclut Anne Sophie Alsif.

Un cadeau qui se payera autrement

« Donald Trump a négocié à partir d’une balance commerciale qui n’incluait pas les services que les Américains importent en France. C’est-à-dire, les services numériques et financiers, dont nous sommes complétement dépendants. Ursula Von Der Leyen aurait dû ajouter ces éléments incontournables à la balance… », déplore Stéphanie Villers.

Mais pour Anne Sophie Alsif, si la présidente de la Commission européenne a délibérément omis ces sujets .. c’est peut-être qu’elle les réserve pour plus tard. « La Commission européenne lâche du lest sur les droits de douane, pour ensuite appliquer son règlement sur les données informatiques. »

L’économiste estime que si l’UE fait aujourd’hui des concessions sur un sujet, elle sera intransigeante sur son règlement numérique. Le Digital Service Act encadre les activités des plateformes, en particulier des GAFAM, presque toutes américaines. Depuis des mois, les États-Unis s’opposent à ce texte.

 

Reste à savoir si l’Union européenne réussira à rester ferme sur ce sujet. Au risque sinon que cette hausse des droits de douanes représente une soumission aux volontés du président américain.

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