Depuis son investiture le 20 janvier 2025, Donald Trump a décidé d’augmenter considérablement les droits de douane de beaucoup d’États, dont la Chine et l’Union européenne. Pour Pascal Lamy, ex-directeur de l’OMC, président du Forum de Paris sur la paix et coordinateur des Instituts Jacques Delors, la situation ne va pas durer : « Monsieur Trump met en place une économie protectionniste qui consiste à entourer l’économie américaine de droits de douane comme si ça allait faire du bien à l’économie américaine. Je suis de l’opinion que cela ne marchera pas et qu’il sera obligé de reculer, ce qu’il a commencé à faire », analyse-t-il.
« Combien de temps va durer la transe trumpienne ? »
Pascal Lamy rappelle que « ça n’est pas un grand désordre commercial mondial, c’est une confrontation entre un pays qui représente 13% des importations mondiales, les États-Unis, et ses partenaires commerciaux ». « La question c’est ‘Combien de temps cette transe trumpienne sur les droits de douane va durer ?’ » s’interroge Pascal Lamy. Pour l’ancien dirigeant de l’OMC et fin connaisseur des questions de libre échange : « Il y a de bonnes raisons de penser qu’il va finir par se calmer, notamment si les consommateurs américains ou les marchés américains réagissent comme ils ont commencé à réagir ».
Le FMI accusé de financer des programmes « woke »
Le coordinateur des instituts Jacques Delors réagit aussi aux critiques de l’administration Trump envers le Fonds Monétaire International (FMI) : « Quant à l’idée que le FMI est une entreprise du wokisme, c’est du délire intégral. Quiconque travaille avec le FMI trouve ça complètement ridicule. C’est l’obsession trumpienne sur l’environnement, le droit des femmes, les transgenres, c’est leur plateforme idéologique ».
Trump entreprend « une démolition systématique de ce qui contraint l’exercice de la puissance »
Derrière le protectionnisme, Pascal Lamy dénonce une démarche plus grave selon lui qui consiste en « une entreprise de démolition systématique de tout ce qui contraint l’exercice de la puissance. (…) Je pense que le protectionnisme de Trump est un vrai sujet, mais qu’il ne faut pas qu’il cache ce qu’il y a de plus grave dans l’extension du pouvoir exécutif américain. Le Congrès, on n’en entend plus parler, ce ne sont pas les tribunaux judiciaires qui vont contrôler l’autorité du président sur les questions de commerce international », souligne-t-il.
Donald Trump « est en train de prendre des décisions en violation complète des accords internationaux que les États-Unis ont souscrit depuis 150 ans, c’est grave, et notamment dans le domaine de l’environnement », ajoute l’ex-directeur de l’OMC.