La campagne de second tour de l'élection présidentielle s'est accélérée mercredi avec la visite surprise de Marine Le Pen sur le site Whirlpool...
Par Baptiste PACE, Charlotte HILL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
La campagne de second tour de l'élection présidentielle s'est accélérée mercredi avec la visite surprise de Marine Le Pen sur le site Whirlpool d'Amiens, où Emmanuel Macron, qui lui a succédé peu après, a reçu un accueil houleux avant de dialoguer longuement avec des salariés.
La candidate du FN s'est rendue à la mi-journée sur ce site promis à la fermeture, pendant que, à quelques kilomètres de là, Emmanuel Macron s'entretenait en ville avec des délégués syndicaux de l'entreprise.
"Je suis là au côté de salariés, sur le parking, pas dans des restaurants amiénois", a déclaré à la presse Mme Le Pen, qui s'est défendue de "faire un coup médiatique". Accueillie par des sourires, elle s'est fait photographier pendant une dizaine de minutes avec des salariés, certains en pleurs, enchaînant les selfies.
Le candidat d'En Marche! a répliqué du tac au tac, annonçant sa visite dans l'après-midi auprès des salariés, en compagnie des représentants de l'intersyndicale. "Mme Le Pen fait de l'utilisation politique, puisqu'elle va haranguer des militants politiques sur un parking", a-t-il dit.
Il a été accueilli par des sifflets et des "Marine présidente", alors que des militants FN étaient restés sur place, avant de dialoguer pendant plus de 40 minutes avec des salariés.
"La fermeture des frontières, c'est une promesse mensongère", a notamment mis en garde le candidat, en leur promettant de revenir "rendre compte", en présence du journaliste François Ruffin, candidat de La France insoumise dans cette circonscription aux élections législatives.
M. Macron a ensuite multiplié les attaques contre Mme Le Pen.
"Le Front national a les pires pratiques de l'Ancien Régime. Mme Le Pen est l'héritière de ce système, elle est née dans un château et elle donne des leçons, elle se prétend du peuple", a-t-il tonné lors d'un meeting à Arras, devant environ 3.000 personnes.
Auparavant, à l'occasion d'une visite à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais), où Mme Le Pen a obtenu 41% des voix au premier tour, il a promis qu'il ne laisserait "pas un centimètre d'espace, pas une seconde de répit, pas une once d'énergie" à la candidate du FN.
"Elle m'a couru après à Amiens, elle n'est restée qu'un quart d'heure. Moi je suis resté une heure et demie avec l'intersyndicale et plus d'une heure avec les salariés. Donc ne vous trompez pas, c'est elle qui me court après et elle courra longtemps", a-t-il raillé.
Marine Le Pen devant l'usine Whirlpool d'Amiens, le 26 avril 2017
AFP
Ce chassé-croisé fait monter d'un cran l'intensité autour de cette campagne de second tour. Les équipes des deux candidats ont présenté mercredi matin les affiches et slogans de cette nouvelle phase: "Ensemble, la France!" pour M. Macron, "Choisir la France" pour Mme Le Pen, chacun en veste bleue.
- "A la soupe pour un petit poste" -
M. Macron a essuyé une nouvelle salve de critiques pour son début de campagne d'entre-deux-tours. "Je crois qu'il a pensé qu'il était déjà élu. (...) Ce n'est pas si simple que cela", a dit le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.
François Hollande a demandé aux membres du gouvernement de "s'engager pleinement dans la campagne".
A droite, François Baroin s'est dit "absolument convaincu" de pouvoir remporter les législatives et d'imposer une cohabitation à M. Macron si celui-ci accède à l'Elysée. M. Baroin a mis en garde contre ceux qui, chez Les Républicains (LR), iraient "à la soupe pour un petit poste" dans un gouvernement Macron.
Les Républicains continuent par ailleurs de se diviser sur l'attitude à adopter avant le 7 mai. Alain Juppé, qui appelait à un choix clair en faveur de M. Macron, a été rejoint par Nicolas Sarkozy, convaincu que le projet de Mme Le Pen "entraînerait des conséquences très graves pour notre pays et pour les Français".
A la gauche de la gauche, Jean-Luc Mélenchon a fait savoir qu'il ne révélerait pas, malgré les critiques, son choix de vote au second tour, quel que soit le résultat de la consultation engagée auprès des militants de La France insoumise.
Quant à Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France qui n'a pas encore annoncé ses intentions pour le second tour, il a "vocation à travailler" avec Marine Le Pen, a estimé le vice-président du FN, Florian Philippot.
Après avoir grimpé en mars à la faveur de ses positions sur la scène internationale, la popularité d’Emmanuel Macron s’est de nouveau érodée le mois dernier. Le président de la République récolte désormais 73% d’opinions défavorables, selon le nouveau baromètre d’Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. La cote de François Bayrou reste stable, mais toujours à un niveau très bas de 23% d’opinions favorables.
Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez sont en campagne pour être élu à la tête des Républicains. D’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale, le ministre de l’Intérieur est considéré par les Français comme un meilleur candidat pour LR que Laurent Wauquiez dans la perspective de l’élection présidentielle. Il remporte aussi l’adhésion de l’ensemble des Français interrogés par rapport à son concurrent (31% contre 17%).
Malgré sa condamnation en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés FN, Marine Le Pen est toujours donnée largement en tête du premier tour de l’élection présidentielle 2027, d’après le dernier baromètre Odoxa réalisé avec Mascaret pour Public Sénat et la presse régionale. Même constat en cas de candidature de Jordan Bardella à la place de la députée du Pas-de-Calais. En revanche, selon ces résultats, les deux figures du RN s’inclineraient au second tour face à Edouard Philippe.
Sous la pression de la droite et du RN, la publication du décret de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) a été repoussée « à la fin de l’été » par François Bayrou. Un délai qui n’épuise pas les questions qui restent autour de cette révision de la stratégie qui doit permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050.