Voilà presque trois ans que le village de Saint-Martin-le-Bouillant vit sans eau potable au robinet. Depuis 2022, l’eau du domicile de Julien Lebassard a été jugée impropre à la consommation. En cause, un gaz cancérogène, le CMV, issu de la dégradation des canalisations plastiques posées dans les années 1970.
Depuis, si la mairie met à sa disposition de l’eau en bouteille, le quotidien est contraignant pour la famille Lebassard : « C’est très pénible, ce n’est pas normal » de ne pas avoir d’eau potable directement au robinet, alerte-t-il.
Pourquoi payer de l’eau non potable au prix de l’eau potable ?
S’il ne boit plus l’eau polluée, il continue de s’en servir « pour laver les légumes ou se brosser les dents », et continue de recevoir des factures au même tarif : « On n’a absolument rien changé, nos tarifs n’ont pas été modifiés. C’est juste que maintenant, on nous met de l’eau en bouteille à disposition. Heureusement que le maire communique avec nous, sinon on serait pris pour des pigeons », estime le technicien en bureau d’études. « On paye, même si c’est mauvais », résume-t-il.
Pour la sénatrice écologiste Antoinette Guhl, cette situation est totalement anormale. Elle demande à ce que « l’accès à l’eau potable » soit « un droit inaliénable pour chaque Français ». L’élue de Paris prône une évolution du droit pour accorder ce droit d’accès à l’eau potable à tous les citoyens.
« On est un peu délaissés » dans les petites communes
L’habitant de la petite commune de Normandie dit ne pas avoir été informé de la dangerosité de l’eau du robinet suffisamment rapidement : « On a appris la contamination par hasard avec des agents de l’eau qui sont venus faire des prélèvements chez nous, par la suite on a appris que l’eau était devenue impropre à la consommation ».
Il est possible qu’ils aient bu de l’eau contaminée depuis des années. Pour Julien, « quand on est dans des petites communes, on n’est pas prioritaires par rapport à d’autres citoyens qui sont dans les villes, on est un peu délaissés », raconte-t-il.