Députés et sénateurs ne sont parvenus à trouver un accord sur une version commune et ont jeté l’éponge au bout de 30 minutes de réunion en commission mixte paritaire. Dans l’entourage de Sébastien Lecornu, c’est à la droite sénatoriale d’endosser la responsabilité de cet échec. En cause, la « radicalité » d’une « petite partie du groupe LR du Sénat pour des raisons très politiciennes », qui aurait mis « en danger la réussite » des négociations, avançait Matignon dès jeudi. Avec une ligne ferme anti-hausse d’impôts et réduction de la dépense publique, la majorité sénatoriale a en effet déroulé une partition intransigeante.
A la sortie de la CMP, Jean-François Husson n’a pas caché sa colère. « Je veux tordre le cou aux insinuations qui visent le travail du Sénat », s’est-il agacé.
Depuis lundi les relations entre l’exécutif se sont, en effet, largement dégradées avec le chiffrage par le gouvernement d’un niveau de déficit, porté à 5,3 % après l’adoption du budget 2026 par le Sénat. Le ministre de l’Economie, Roland Lescure avait mis de l’huile sur le feu en pointant autant les compromis de l’Assemblée que les votes du Sénat. « Houston, we have a problem ! », a-t-il résumé ce qui avait fini de braquer la majorité sénatoriale.
« Je suis fatigué de voir cette incapacité de travailler véritablement ensemble »
« Le Sénat a rendu une copie légèrement dégradée de 6 milliards d’euros » a concédé Jean-François Husson, en la comparant avec le texte transmis par le gouvernement avec les amendements des députés, « beaucoup plus dégradé de 10 milliards d’euros » par rapport au projet de loi initial. « Ce qui a manqué aujourd’hui, c’est d’avoir un point d’atterrissage éclairé par le gouvernement », reproche-t-il.
Le sénateur rappelle qu’en début d’année, la CMP sur le budget 2025 avait été conclusive « dans un climat de travail et de confiance apaisé. Il y avait un éclairage. Le gouvernement avait donné les règles du jeu », note-t-il avant de confier fataliste : « Je suis fatigué de voir cette incapacité de travailler véritablement ensemble. Finies les postures, au boulot ! ».
A ses côtés, le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, Philippe Juvin (LR) voit, lui, le verre à moitié plein. « Le travail considérable qui a été fait par l’Assemblée nationale et le Sénat n’est pas perdu car il permettra d’aller plus vite dans les discussions budgétaires du mois de janvier. »