C’était attendu, après quatre mois de concertations, le conclave des retraites s’était soldé par un « échec », lundi soir, syndicats et patronat se renvoyant la responsabilité de l’impasse. Ce qui est plus inattendu, c’est la prise de parole du Premier ministre à 7 heures du matin ce mardi. Dans une courte déclaration, François Bayrou a invité les partenaires sociaux pour une réunion de la dernière chance.
« Echouer si près du but »
« Je peux naturellement comprendre qu’on constate un échec lorsqu’on est sur des positions radicalement différentes ou opposées. Mais je ne peux pas accepter sans réagir qu’on se satisfasse d’échouer si près du but », a-t-il justifié. « Je considère donc que notre devoir est de ne pas baisser les bras et de tout faire pour permettre de dépasser un tel blocage. C’est pourquoi j’ai décidé d’inviter les organisations (syndicales et patronales, ndlr) qui ont travaillé ensemble durant ces quatre mois à me rencontrer dès ce matin pour rechercher une voie de passage dans l’intérêt de notre pays », a-t-il ajouté.
La CGT et FO veulent être reçus
Les trois syndicats, CFDT, CFTC et CFE-CGC seront reçus ensemble, et les représentants du patronat, Medef et CPME, seront également reçus conjointement, selon les services du Premier ministre.
La leader de la CGT, Sophie Binet, a estimé mardi que la CGT et Force ouvrière, deux syndicats qui avaient quitté le conclave au début des concertations, devaient être invités également. « On sent que ce matin, c’est panique à bord à Matignon, puisque le seul objectif du Premier ministre, c’est de prolonger son bail », a-t-elle taclé.
François Bayrou est en effet mis en difficulté par cet échec du conclave, chantre de la « démocratie sociale » qui avait lancé ces négociations pour justement éviter la censure en s’assurant de la neutralité du Parti socialiste. En janvier dernier, dans le cadre d’un accord de non-censure, le chef du gouvernement s’était engagé à déposer un texte, en cas d’absence d’accord entre les partenaires sociaux « sous réserve d’un accord politique et d’un équilibre financier global maintenu ».
Le PS menace de censure
Dès le début du conclave, le Premier ministre était intervenu pour mettre comme condition un retour du régime des retraites à l’équilibre d’ici 2030, et suggéré de ne pas revenir sur l’âge de départ fixé à 64 ans. « On est passé de l’affrontement au travail en commun et c’est un grand acquis », a-t-il souligné.
François Bayrou qualifie de « pas décisif » le fait que « le principe des règles d’âge pour garantir l’équilibre financier de notre système de retraite » ait été « reconnu par tous » et souligne que « de nombreux points d’accord étaient sur le point d’être actés » en ce qui concerne la retraite des « mères de famille », « l’âge auquel on peut partir à taux plein », « un certain nombre de principes de financement », ajoutant qu’un « accord majeur se dessinait même sur un changement de gouvernance des retraites du secteur privé ».
Du côté du PS, on plaide toujours pour que la mesure d’âge soit débattue au Parlement. « Si le Parlement n’est pas saisi […] nous irons vers la censure », a prévenu Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS sur BFMTV.