Écologie : vers la reconnaissance d’un « crime d’écocide » ?
Le groupe socialiste du Sénat a déposé une proposition de loi portant reconnaissance du « crime d’écocide », passible de 20 ans de prison et de 7,5 millions d’euros d’amende.

Écologie : vers la reconnaissance d’un « crime d’écocide » ?

Le groupe socialiste du Sénat a déposé une proposition de loi portant reconnaissance du « crime d’écocide », passible de 20 ans de prison et de 7,5 millions d’euros d’amende.
Public Sénat

Par Marion D'Hondt

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Qu’est-ce que l’écocide ? À l’article 1 du texte, consultable ici, est considéré comme écocide, « le fait de porter atteinte, de façon grave et durable, à l’environnement et aux conditions d’existence d’une population ». Ce crime, ajouté au Code pénal, serait passible de 20 ans de prison et de 7,5 millions d’euros d’amende.

Actuellement, le Code pénal français ne prévoit pas de sanction particulière en cas d’atteinte grave à l’environnement. Seules sont prévues les atteintes aux personnes (livre II), aux biens (livre III) et aux États (livre IV). La proposition de loi prévoit d’adjoindre un livre II bis, Des crimes contre l’environnement.

Les sanctions concerneraient les personnes physiques et morales, partant du constat que les atteintes à l’environnement ne sont « plus le seul fait de mafias ou d’organisations criminelles, [mais] d’entreprises multinationales ou transnationales ». Les peines prévues, ainsi que l’action publique, seraient imprescriptibles.

Jérôme Durain, auteur du texte : « Nous prenons l’initiative et nous en sommes fiers »

Écologie : le groupe socialiste du Sénat souhaite créer un « crime d’écocide »
01:56

Le 9 avril, Jérôme Durain était l’invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur y défend sa proposition de loi, déposée le 19 mars et examinée en séance plénière le 2 mai. Le texte prévoit tout autant la « reconnaissance du crime d’écocide » que sa sanction. Ce serait une avancée, pour mettre ce thème à l’ordre du jour, en pleine mobilisation pour le climat. Toutefois, le sénateur prévoit un accueil « assez tiède » de la part du gouvernement.

Trois questions à Jérôme Durain, auteur de la proposition de loi

  • Qu’est-ce qui vous a poussé à déposer ce texte ?

La mobilisation générale sur les questions écologistes et environnementales, ainsi que le travail continu des sénateurs socialistes. La proposition de loi est en cohérence avec ce qu’on a pu faire, notamment le travail de Dominique Potier.

Face à l’urgence écologique, tout le monde s’attend et personne ne fait rien. Il faut prendre la main.

  • Le texte a été rejeté en commission, quelle a été votre réaction ?

Je n’ai pas été surpris par le rejet de la commission des lois. Toutefois, je réfuterai les arguments ce soir en séance. La commission a considéré que le droit international suffisait, je ne le crois pas, en la matière, le droit international n’est pas performant.

  • Qu’attendez-vous de l’examen du texte ce soir en séance ?

J’attends qu’on ait un bon débat, mais vous savez que les niches sont parfois cruelles. Pour l’instant, on va se concentrer sur le lobbying, mais le combat politique continue. Surtout que les amendements déposés viennent conforter l’esprit du texte.

Marie Mercier, rapporteure : « C’est une excellente question mais la réponse n’est pas adaptée »

Marie Mercier, rapporteure du texte, salue la démarche mais ne voit pas l’utilité d’un texte de plus. « Comme souvent, déplore-t-elle, la loi existe mais elle est mal appliquée. » D’autant plus que, concernant les deux exemples pris par le sénateur (Probo Koala et Texaco, voir ici), les crimes ont été commis en territoire étranger. Que peut faire la législation française dans ce cas ? À part s’ériger en « gendarme du monde », la sénatrice ne voit pas…

Le texte est examiné en séance plénière le 2 mai à partir de 18h30.

Dans la même thématique

Écologie : vers la reconnaissance d’un « crime d’écocide » ?
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Écologie : vers la reconnaissance d’un « crime d’écocide » ?
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Écologie : vers la reconnaissance d’un « crime d’écocide » ?
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le