Économie circulaire : le Sénat s’interroge sur le poids des lobbys dans la mise en place de la consigne

Économie circulaire : le Sénat s’interroge sur le poids des lobbys dans la mise en place de la consigne

À une semaine de l’examen du projet de loi sur l’Économie circulaire, le Sénat fustige une nouvelle fois le projet de consigne de bouteilles en plastique du gouvernement. Néfaste pour l’environnement et coûteux, les élus confient également qu’un tel système est fortement soutenu par les grandes firmes.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Auditionnée la semaine dernière en commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, Brune Poirson avait déjà pu prendre connaissance des nombreuses critiques formulées par les sénateurs à l’encontre de son projet de loi contre le gaspillage et relatif à l’économie circulaire (voir notre article)

Ce mercredi, Hervé Maurey, président centriste de la commission de l’aménagement du territoire et Marta de Cidrac, rapporteure LR du texte, sont restés dans cette veine. « Le volet environnemental laisse à désirer. On est en deçà de ce que nous sommes en mesure d’attendre de ce qui nous a été présenté comme un grand texte de l’acte II du quinquennat. Donc beaucoup de déception de notre part, c’est la raison pour laquelle nous avons souhaité enrichir le texte » résume Marta de Cidrac à la sortie de la présentation des travaux de la commission.

Hervé Maurey confie avoir reçu « des kilomètres de mails de la part de Coca-Cola »

Économie circulaire : le Sénat s’interroge sur le poids des lobbys dans la mise en place de la consigne
02:07

En conférence de presse, ce matin, la mise en place de la consigne, « la mesure phare » du projet de loi a concentré une large part des critiques des parlementaires. En juillet, Brune Poirson avait confié à un comité de pilotage la charge de déterminer quels matériaux seraient concernés. La concertation est d’ailleurs toujours en cours. « Une ambiguïté », et un dessaisissement du Parlement » pour le Sénat, afin d’entretenir « l’image d’Épinal » de la consigne de réemploi des bouteilles en verre. Dans le projet de loi, la mise en place de ce dispositif est renvoyée par décret. Et la seule étude d’impact réalisée sur ce sujet par le gouvernement a été confiée aux industriels du « collectif boissons » avec le concours de l’éco-organisme, Citeo. « On est étonné que le gouvernement qui souhaite lutter contre les lobbys s’appuie sur des professionnels (…) Le gouvernement veut une consigne sur les bouteilles plastiques pour les recycler. C’est tout à fait néfaste. C’est un recul en matière d’écologie car ça légitime le recours à la bouteille plastique (…) Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si un certain nombre d’industriels, au premier desquels Coca Cola, sont absolument à fond pour cette mesure. Cette mesure coûtera de l’argent au consommateur (…) Ça coûtera de l’argent aux collectivités locales car c’est de la matière valorisable en matière de recyclage en moins » énonce Hervey Maurey qui confie avoir reçu «des kilomètres de mails de la part de Coca-Cola » demandant un rendez-vous.

Pour la commission, une consigne de bouteilles plastiques PET, « monétiserait » un geste jusqu’à présent gratuit. « Le consommateur vertueux paye aujourd’hui un euro sa bouteille en plastique et la met dans le bac jaune : demain, il la payera plus cher et devra peut-être prendre sa voiture pour rapporter la bouteille sans une grande surface : où est le bénéfice écologique ? » peut-on lire dans le pré-rapport.

Les sénateurs veulent miser sur le développement de la collecte « hors foyer » pour tous les emballages plastiques

Bien loin de souhaiter l’instauration d’une telle consigne, et afin d’atteindre l'objectif européen du taux de collecte de 90% en 2029 des bouteilles en plastique (la France est à 57%), les sénateurs veulent miser sur le développement de la collecte « hors foyer » pour tous les emballages plastiques. En clair, le développement des poubelles jaunes dans les rues.

Après avoir mené une centaine d’auditions depuis juillet, et commandé leur propre étude d’impact, les sénateurs ont exposé une partie de leurs propositions, comme l’interdiction de la distribution gratuite des bouteilles d’eau en plastique dans les établissements recevant du public, conjuguée à l’obligation de mise à disposition d’eau du robinet dans les établissements de restauration.

Absence de mesures contre le suremballage et favorisant la réparation des produits

La Haute assemblée reconnaît quelques avancées dans le projet de loi. Il interdit la destruction de produits non alimentaires neufs, renforce du principe du pollueur-payeur à des nouveaux secteurs (jouets, article de sport, de bricolage, cigarettes, lingettes, matériaux de construction). Les élus regrettent également l’absence de mesures contre le suremballage.

157 amendements ont été adoptés hier, avant l’examen du projet de loi dans l’hémicycle à partir du mardi 24 septembre.

Dans la même thématique

Économie circulaire : le Sénat s’interroge sur le poids des lobbys dans la mise en place de la consigne
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le

Paris: Emmanuel Macron Receives President Of Guinea-Bissau Umaro Sissoco Embalo
4min

Politique

« Réguler les égos » : comment Emmanuel Macron conçoit son rôle dans son camp

Au moment où le chef de l’Etat s’apprête à nommer un nouveau premier ministre, Emmanuel Macron a reçu ce mercredi à déjeuner les sénateurs Renaissance, à l’Elysée. Une rencontre prévue de longue date. L’occasion d’évoquer les collectivités, mais aussi les « 30 mois à venir » et les appétits pour 2027…

Le

Économie circulaire : le Sénat s’interroge sur le poids des lobbys dans la mise en place de la consigne
4min

Politique

Gouvernement : « On ne peut pas simplement trépigner et attendre que le Président veuille démissionner », tacle Olivier Faure

Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.

Le