Euro, money, metal coins, currency, paper, Europe union, economy
Euro, money, metal coins, currency, paper, Europe union, economy

Economie française : vers une récession en 2023 ?

Les rapports prévoyant une récession pour la France en 2023 se multiplient. Un ralentissement de l’activité économique qui impacterait forcément l’équation budgétaire du gouvernement, alors que le projet de loi de finances doit être présenté le 26 septembre.
Public Sénat

Par Tam Tran Huy

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Des économistes de plus en plus pessimistes

Quelle sera l’ampleur de la crise économique ? Ces derniers jours, plusieurs rapports font état de prévisions beaucoup moins optimistes que Bercy pour l’année 2023. Le ministère de l’économie, le 13 septembre, a déjà revu ses prévisions de croissance à la baisse, passant de 1,4 % à 1 % et ses prévisions d’inflation à la hausse, à 4,2 % (au lieu de 3,2 % annoncées au mois de juillet). Ces prévisions pourraient encore être modifiées la semaine prochaine, à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances pour 2023.Depuis, plusieurs rapports ont noirci un peu plus le tableau. La Banque de France table sur une activité économique comprise entre une hausse de 0,8 % et un repli de 0,5 %. L’institution prévoit une fourchette de prévisions, tant la guerre en Ukraine fait peser des incertitudes sur la situation économique, notamment en matière de coût de l’énergie. « Les aléas portent à la fois sur les quantités et les prix d’approvisionnement en gaz, ainsi que sur l’ampleur et la durée des mesures gouvernementales de protection des ménages et des entreprises », détaille le rapport de l’institution financière. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau n’exclut pas une « récession limitée » en France et en Europe en 2023 qui n’aurait toutefois « rien à voir » avec le recul historique du PIB en 2020 en raison de la pandémie de covid-19.La Banque Barclays anticipe un repli de 0,7 % en 2023 et l’institut Rexecode parle d’une récession pour l’ensemble de l’Europe : « l’économie européenne pâtira plus encore des contraintes d’offre (énergie, main-d’œuvre), au point d’entrer en récession courant 2023 » explique ainsi le Think Tank libéral dans son dernier rapport. Les économistes de Rexecode pointent notamment le « contexte de grande incertitude sur les accès à des ressources aussi fondamentales que l’énergie ou la main-d’œuvre ».

Une conjoncture qui pèse sur le budget

Ce risque de récession complique donc un peu plus l’équation budgétaire du gouvernement. Bruno Le Maire et Gabriel Attal comptaient, il y a peu, sur une croissance de 1,4 % l’an prochain. L’hypothèse retenue par Bercy est finalement de 1 %, mais cela pourrait donc être beaucoup moins. Après deux ans de quoi qu’il en coûte et d’aides au pouvoir d’achat, Bercy s’est donné pour objectif de ramener le déficit à 5 % en 2023 (et en dessous de la barre fatidique des 3 % en 2027). Bruno Le Maire a martelé que le rétablissement des comptes publics « n’était pas négociable ». Un ralentissement de l’activité économique est donc synonyme de moins de dépenses ou de nouvelles ressources pour tenir cet engagement.Côté économies, c’est dans ce contexte que le gouvernement a décidé d’étaler sur deux ans la suppression de la CVAE, impôt de production dont le patronat attendait la disparition dès 2023. L’étalement va permettre d’économiser 4 milliards d’euros. Pas touche non plus aux droits de succession pour l’instant, quoique lors des « Dialogues de Bercy » avec les parlementaires, les ministres ont entrouvert la porte. Côté dépenses, le bouclier tarifaire pour limiter à 15 % la hausse des tarifs du gaz et de l’électricité va peser lourd sur les finances publiques. Son coût, depuis 2021, a été évalué à 24 milliards d’euros par le ministère de l’Economie et des finances. Il pourrait atteindre plusieurs dizaines de milliards d’euros en 2023.» Lire aussi : En plein ralentissement économique, pourquoi la BCE augmente-t-elle ses taux d’intérêt ?

Vers une reprise dès 2024

Mais l’horizon n’est pas complètement bouché. Si la Banque de France prévoit « un net ralentissement à partir de l’hiver prochain, dont l’ampleur serait entourée d’incertitudes très larges », elle estime aussi qu’il y aura « une reprise de l’expansion économique en 2024 ». Ses projections parlent d’une croissance de 1,8 % pour une inflation contenue autour de 2 %. François Villeroy de Galhau explique en effet que les prix de l’énergie ne peuvent augmenter indéfiniment : « Dans l’histoire économique, les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel : même si la guerre devait malheureusement perdurer, les prix de l’énergie finiront inévitablement par se stabiliser voire baisser » expliquait-il à La Croix le 15 septembre dernier. Ultime point positif pour l’économie française, cette dernière « montrerait une résilience de l’emploi, du pouvoir d’achat des ménages et du taux de marge des entreprises : au-delà des variations de court terme, chacune de ces trois variables serait en 2024 meilleure que dans la situation pré-Covid ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Economie française : vers une récession en 2023 ?
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Economie française : vers une récession en 2023 ?
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le