S’il ne plaide plus, Eric Dupond-Moretti n’a pas abandonné l’idée de revenir prochainement dans les prétoires. Bien qu’il remplisse aujourd’hui son agenda et les salles avec les dates de son spectacle J’ai dit oui ! jusqu’à Montréal, l’ancien ministre de la justice imagine un jour renfiler la « robe ». Une carrière qu’il n’a pas choisi par hasard : lui qui a perdu son père à l’âge de quatre ans, décrit avec émotion ce drame comme « l’injustice originelle » qui a provoqué chez lui « l’envie inconsciemment de réparer les choses » et de devenir avocat.
Étudiant juriste, il termine dernier de sa promotion pour avoir manqué volontairement certains cours mais toujours pour une bonne raison. « Lorsque je séchais, j’allais m’asseoir aux assises, et j’écoutais les grands ténors de l’époque, Pelletier, Leclerc, ça me fascinait ». Une passion qui lui a permis de remporter un concours d’éloquence quelques mois plus tard.
Fidélité sans faille au Président
Homme de loi, il se définit également comme un homme de loyauté. Et au moment où les compagnons de route du Président de la République le lâche, Eric Dupond-Moretti affiche son soutien inconditionnel à Emmanuel Macron : « Il n’est pas jupitérien comme on peut le dire. Moi, je connais un homme dans un rapport de simplicité, d’authenticité, d’humanité », et d’ajouter aussitôt, « je le dis parce que je le pense vraiment. »
Il n’a d’ailleurs guère apprécié l’attitude des deux anciens premiers ministres Edouard Philippe et Gabriel Attal, à la suite des changements successifs de gouvernements depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024. « Le sens de l’honneur n’est pas un sens interdit en politique. Quand je vois Gabriel Attal qui est une création du président de la République et Edouard Philippe qui dit « je ne lui dois rien », mais si vous lui devez tout ! Vous aviez promis que vous seriez totalement loyal au Président de la République. Que nenni, c’est une promesse de nuit qui n’a pas vu le jour », avant de lâcher, « Edouard Philippe est à la loyauté ce que Richter est au séisme, une référence ».
Un syndicat de la magistrature politisé ?
Dans son livre, l’ancien garde des Sceaux règle aussi ses comptes avec les syndicats de magistrats qui s’étaient indignés de sa nomination et qui l’avaient poursuivi pour « conflits d’intérêts » : « Quand le Syndicat de la magistrature dit « Macron-Le Pen, deuxième tour de cauchemar », moi je pense qu’ils sont en dehors des rails, ils ne devraient pas dire ça parce qu’ils accréditent l’idée dans la tête de nos compatriotes que la Justice est ultra politique. »
« Je pense que les magistrats ont évidemment le droit de se syndiquer, ce sont des citoyens comme les autres. Mais ce qu’on attend d’un magistrat engagé politiquement, syndicalement, religieusement peu importe, c’est qu’il sache s’abstraire de ses convictions et de ses aprioris lorsqu’il juge. Et qu’au fond, l’impartialité soit la seule boussole. »
L’émission est à retrouver en intégralité ici.