Edouard Philippe favorable au 80 km/h, sur fond de hausse de la mortalité routière
Le Premier ministre Edouard Philippe s'est dit lundi "favorable à titre personnel" à la réduction de vitesse à 80 km/h, au lieu...

Edouard Philippe favorable au 80 km/h, sur fond de hausse de la mortalité routière

Le Premier ministre Edouard Philippe s'est dit lundi "favorable à titre personnel" à la réduction de vitesse à 80 km/h, au lieu...
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Par Jérémy MAROT, Ambre TOSUNOGLU

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4 min

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Le Premier ministre Edouard Philippe s'est dit lundi "favorable à titre personnel" à la réduction de vitesse à 80 km/h, au lieu de 90, sur les routes nationales et départementales, alors que le nombre de morts sur les routes en 2017 s'annonce en hausse pour la quatrième année consécutive.

Après avoir été stable en octobre, la mortalité routière est remontée en novembre avec une progression de 8,9%, représentant 281 personnes tuées, soit 23 de plus par rapport au mois de novembre 2016, a annoncé lundi la Sécurité routière.

Selon les chiffres officiels, 3.500 personnes sont mortes entre décembre 2016 et novembre 2017, soit 59 de plus qu'entre décembre 2015 et novembre 2016, représentant une hausse de 1,7% selon un bilan provisoire.

La France s'apprête ainsi à connaître une quatrième année de hausse de mortalité sur les routes, une première depuis 1972, ce qui l'éloigne encore plus de l'objectif du gouvernement précédent, qui voulait faire passer le nombre de morts sous la barre des 2.000 d'ici à 2020.

"On a 3.500 morts par an, on pourrait passer à 2.500", a estimé le Premier ministre lors d'un déplacement à Coubert (Seine-et-Marne) pour suivre une opération de "prévention" organisée par la gendarmerie. "Notre objectif est qu'il y ait moins d'accidents", a-t-il ajouté.

La presse évoquait ces derniers jours une baisse prochaine de la vitesse à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur physique, où se produisent 63% des accidents mortels. Une mesure à l'origine de vifs débats chez les acteurs de la sécurité routière.

"A titre personnel, j'y suis favorable car je sais que deux tiers des accidents se concentrent sur ces tronçons de routes nationales et départementales bidirectionnelles aujourd'hui limitées à 90 km/h", a déclaré Edouard Philippe, au cours de son déplacement.

Cette décision "exige une concertation avec les associations, les professionnels, les élus également", a indiqué M. Philippe, précisant qu'elle "sera prise au mois de janvier", lors du Comité interministériel de la sécurité routière qui se tiendra "probablement le 18".

- "Nécessaire" ou "débile" -

"S'il y a une mesure et une seule à prendre, c'est le passage de 90 à 80 km/h sur les réseaux, où se déroule actuellement la majorité des accidents", a estimé Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.

"Ce problème majeur de santé publique a été négligé par le gouvernement précédent", a-t-elle déploré auprès de l'AFP, estimant qu'"il y a une urgence absolue à ce que le Premier ministre et le président de la République reprennent en main ce dossier".

Mais pour la Ligue contre la violence routière, il faut aller au-delà et "interdire les avertisseurs de radars, déployer des voitures banalisées, surveiller le retrait des points de permis".

"La baisse de la vitesse permet de diminuer la gravité des accidents", a rappelé auprès de l'AFP Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière, saluant les déclarations du Premier ministre.

Un constat que ne partage pas le directeur général de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray, pour qui un passage de 90 à 80 km/h sur les routes nationales et départementales, serait "totalement débile".

"Il faut évidemment prendre des mesures, faire des choses, mais faire un lien entre des chiffres sur un mois et une mesure à 80 km/h, c'est faire preuve de mauvaise foi", a-t-il fustigé, dénonçant "des charlatans de la sécurité routière qui sont en train d'influencer Edouard Philippe".

Selon lui, "il faut arrêter d'empiler des mesures". "S'il y a des aménagements à faire, c'est dans les accompagnements sur les addictions au volant", fait valoir M. Chasseray, rappelant que "les stupéfiants interviennent dans 25% des accidents mortels".

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