Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Édouard Philippe : « Nous héritons d’un dérapage de 8 milliards d’euros, c’est inacceptable »
Par Alice Bardo
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« Nous sommes les derniers », déplore Édouard Philippe. Ou plutôt avant-derniers puisque la France est, après l’Espagne, le pays ayant le déficit le plus élevé de l’Union européenne. Le gouvernement précédent avait tablé sur un retour en dessous de la barre des 3%, mais force est de constater que cet objectif semble compromis.
« Nous héritons d’un dérapage de 8 milliards d’euros, c’est inacceptable. C’est comme si le gouvernement précédent avait construit un budget en oubliant celui de la Justice, et cela représente près de trois fois celui de la Culture. » Le Premier ministre mise sur la dramatisation, peut-être pour mieux faire passer la pilule des économies à venir : « Nous nous engageons à contenir le déficit à 3% dès cette année et nous ne le ferons pas en augmentant les impôts. »
Les promesses d’Emmanuel Macron telle la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages, la transformation du CICE en baisse de charges, ou encore la réforme de l’impôt sur la fortune risquent donc d’être retardées voire annulées pour respecter la sacro-sainte règle des 3%.
Mais Édouard Philippe rappelle qu’ « au moment où (il) parle, la dette augmente à chaque seconde ». « Nous n’avons pas le droit de faire ça à nos enfants », poursuit-il. Et il n’y a pas qu’eux qui risquent de payer l’addition : « C’est aussi la souveraineté de notre pays qui est en jeu. » La Commission européenne a d’ores et déjà prévenu qu’elle n’accorderait pas de délai supplémentaire à la France, qui est encore sous le coup d’une procédure pour déficit excessif. La facture pourrait être salée si elle ne tient pas l’engagement des 3% : une amende pouvant atteindre 0,2% du PIB. Pas de quoi arranger les finances publiques.