Education, retraite, immigration… les réformes que Valérie Pécresse souhaiterait faire adopter d’ici novembre
La candidate LR a détaillé le calendrier qu’elle entend suivre durant les premiers mois de son quinquennat, en cas de victoire à la présidentielle. Cet agenda particulièrement chargé – il contient une grande partie des mesures listées dans son programme – a été élaboré par Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat.
Un premier acte du quinquennat, divisé en deux tableaux. Valérie Pécresse a présenté jeudi en fin de matinée, le programme des « 100 premiers jours de sa présidence » ou plutôt de ses 7 premiers mois, si elle venait à être élue le 24 avril prochain. La candidate LR compte mettre en oeuvre l’essentiel des promesses portées par son programme avant l’automne. En deux temps. Une première vague de mesures entre la présidentielle et les législatives des 12 et 19 juin. Puis, une fois le renouvellement des bancs de l’Assemblée nationale opéré, le lancement d’une série de chantiers législatifs ambitieux, concernant la plupart des grands axes de son programme électoral, notamment la revalorisation du travail, la fin des droits de succession et la réforme des retraites. « Il n’y aura pas de vacances parlementaires », a-t-elle précisé durant une conférence de presse tenue à la Maison de la Chimie, dans le 7e arrondissement de Paris.
Une série de consultations
Au lendemain de la présidentielle, Valérie Pécresse entend se concentrer sur « sept grandes initiatives ». À commencer par la mise en place d’une revue stratégique en matière de défense avant la prochaine loi de programmation militaire. Elle veut également lancer deux conférences, la première, « salariale et sociale », pour préparer l’augmentation de 10 % des salaires qu’elle présente comme « la mesure phare » de son quinquennat ; la seconde, baptisée « conférence de simplification », recueillera les doléances des collectivités, des branches professionnelles, des administrations, ou encore des usagers des services publics en matière de complexité administrative et de surtransposition.
Un audit des comptes publics sera également lancé. « Le gouvernement a renoncé à envoyer sa trajectoire budgétaire à Bruxelles, je crains une addition cachée de ce quinquennat », rappelle régulièrement la présidente de la région Île-de-France. Elle veut aussi lancer une réflexion sur « la nouvelle stratégie française pour la lutte contre le changement climatique », en vue de la COP 27. Une initiative à mettre en écho avec sa volonté d’abroger la limitation à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique. « On n’a pas besoin de contraintes. Toutes les énergies doivent être mises en œuvre pour atteindre notre objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre », plaide-t-elle.
Le sommet européen prévu en juin, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, sera recentré sur « la protection des intérêts de l’Europe », notamment en matière de commerce et d’industrie. Elle souhaite qu’il y soit aussi question de la lutte contre l’immigration illégale, l’un de ses principaux chevaux de bataille dans cette campagne présidentielle. Par ailleurs, le président du Sénat, Gérard Larcher, qui pilote également son comité de soutien, se verra confier une mission sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.
En parallèle, plusieurs circulaires doivent mettre fin à la circulaire Valls sur la régularisation des étrangers sans-papiers, à la circulaire Belloubet limitant les emprisonnements de courte durée, et stopper la réforme de la haute fonction publique qui a vu la dissolution de l’ENA.
Cinq projets de loi et un référendum
La mise en place de la prochaine législature marquera la seconde étape des premiers mois de la présidence, avec le dépôt, devant le Parlement, de « cinq projets de loi fondateurs ». Ils concerneront l’éducation (renforcement de l’autonomie des établissements), la santé (mise en place d’une année d’internat dans les déserts médicaux), ou encore la sécurité et la justice, avec, entre autres, l’élargissement des possibilités d’action des polices municipales et le retour des peines planchers. Un projet de loi de finances rectificative (PLFR) portera la réforme des droits de successions et des donations, la défiscalisation des heures supplémentaires et la suppression de certaines cotisations et charges patronales en vue d’une revalorisation des salaires. Enfin, l’allongement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans sera inscrit dans un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificative (PLFSSR). Valérie Pécresse table sur une adoption de ces différents textes d’ici la mi-septembre, et d’ici la mi-novembre pour le volet sécurité-justice.
À l’automne, les Français seront invités à s’exprimer par référendum sur une réforme constitutionnelle permettant au Parlement de fixer chaque année des quotas de titres de séjour par pays et par métier. Un dispositif largement présenté par la candidate comme un outil privilégié « pour mettre fin à l’immigration incontrôlée ».
« Nous sommes prêts à gouverner »
Ce programme des « 100 premiers jours » se veut une transposition du triptyque qu’elle a défendu tout au long de sa campagne : « Protéger, Éduquer, Soigner ». « C’est l’attente des Français : être protégés. Il ne faut pas oublier qu’il y a un rebond de la crise sanitaire, qu’il y a 6 millions de Français sans médecin traitant dans les déserts médicaux. Il ne faut pas oublier le grand malaise hospitalier en France », explique Bruno Retailleau le président du groupe LR au Sénat, qui est le grand architecte de cet ambitieux plan de bataille. « Il y a aussi un certain nombre de mesures de sécurité régaliennes, parce que le grand fiasco d’Emmanuel Macron c’est le régalien, avec l’insécurité qui explose et l’immigration qui a accéléré », ajoute l’élu vendéen.
Bruno Retailleau explique encore que la candidate entend profiter d’une « situation inédite » depuis la mise en place du quinquennat : un délai de sept semaines entre le second tour de la présidentielle et le premier tour des législatives. « On sait parfaitement que pour réformer, il faut aller vite, sinon des verrous se mettent en place et les promesses s’envolent », argue-t-il. « Cette méthode est une innovation, parce que l’exercice du pouvoir se prépare », ajoute l’ancien filloniste. Une manière de faire valoir le sérieux de la candidate, qui continue pourtant de s’enfoncer dans les sondages. Deux enquêtes (Ipsos-Sopra Steria et Elabe) la donnent désormais sous la barre des 10 %, à 9,5 %, au coude à coude avec Éric Zemmour (10,5 %), devancée par Jean-Luc Mélenchon (15,5 %) et loin derrière Marine Le Pen (21 %) et Emmanuel Macron (28 %). « Nous sommes dans un contexte de guerre en Ukraine, avec des Français qui se demandent si l’on peut changer de capitaine », concède Valérie Pécresse. « Mais nous sommes prêts à gouverner ! », assure-t-elle.
La candidate, si elle accède à l’investiture suprême, ajoute qu’elle effectuera son premier déplacement outre-Rhin. L’Allemagne reste, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, la destination des premiers déplacements officiels des présidents élus.
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Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.