Fils d’instituteurs, l’école est un sujet qui tient particulièrement à cœur de Yannick Jadot. Et en la matière, le candidat écologiste prend le contrepied du président sortant qui, jeudi, a présenté un projet qui consiste notamment à gagner plus à condition d’enseigner plus.
« Le modèle du tableau Excel, c’est un modèle qui fait souffrir nos enfants »
« Une faute politique » pour Yannick Jadot qui a fustigé, lors de sa conférence de presse, le manque de reconnaissance d’Emmanuel Macron pour le « travail héroïque de l’ensemble de la communauté éducative » durant la pandémie.
« Nous avons besoin de réconciliation, d’apaiser les tensions au sein de l’école et éviter de les cultiver. J’entends la petite musique récente qui consiste à appliquer à l’école la logique de l’entreprise. Le modèle du tableau Excel, c’est celui qui a fait dérailler l’hôpital public, c’est un modèle qui fait souffrir nos enfants », a-t-il fustigé.
Conférence de consensus
Yannick Jadot veut s’attaquer à deux terrains minés de l’éducation nationale : les rythmes scolaires et la carte scolaire. Et pour ne pas susciter la levée de boucliers à laquelle François Hollande avait dû faire face au début de son quinquennat, l’écologiste mise sur une conférence de consensus en début de mandat. Une conférence qui réunirait l’ensemble du monde éducatif y compris les parents d’élèves et les collectivités locales. « Notre boussole sera le bien-être de tous les élèves et le besoin de sanctuariser des temps de concertation pour le personnel éducatif. L’école française reste l’une de celles où les journées sont les plus denses pour les élèves », a-t-il insisté.
» Lire notre article. Le programme d’Emmanuel Macron sur l’Education, un copier-coller des propositions de LR ? « La photocopieuse a bavé », raille Max Brisson
Yannick Jadot a évoqué la semaine dernière sa volonté de réduire les vacances scolaires, une idée potentiellement polémique. « On peut faire évaluer le temps de vacances sans augmenter le temps de travail des enseignants qui font déjà entre 40 et 42 heures par semaine. On peut les faire travailler différemment », a-t-il argué, en renvoyant à la conférence de consensus.
« L’école du XXIe siècle » souhaitée par l’écologiste passe aussi par la fin du système de « l’apprentissage intensif et de l’évaluation permanente », une plus grande autonomie pédagogique locale, une autonomie des équipes ou encore la transformation du conseil supérieur des programmes en « une Haute Autorité » préservée des logiques de pouvoir, garantissant la pluralité et l’indépendance de ses membres ».
Dotation aux établissements en fonction de critères de mixité sociale et scolaire
Un autre axe de son projet consiste à mettre un terme « au séparatisme scolaire ». Sur le modèle de la loi SRU sur le logement, il propose un système de dotations progressives des établissements publics et privés. Il attribuera les moyens humains et matériels en fonction de critères de mixité sociale et scolaire. 2h heures par semaine d’apprentissages pratiques (fabriquer, réparer, cultiver, jardiner, cuisiner) seront également intégrées au programme au collège. « J’associerai le monde artisanal, agricole, industriel pour familiariser les élèves aux enjeux de la transition écologique et ancrer le savoir dans le territoire proche. Je permettrai aux élèves d’explorer la nature en découvrant le vivant dans son milieu, de bouger et faire du sport dans la ville » fait-il valoir.
Chiffré à 4,5 milliards par an, le paquet éducation doit permettre le recrutement de 65 000 enseignants sur le quinquennat, la création d’un service local de remplacement des professeurs, d’augmenter des pratiques de co-enseignement, et le temps de concertation et de délibération en équipe. Les salaires des enseignants seront augmentés de 20 % d’ici la fin 2027.