Politique
A l’initiative du groupe écologiste, le Sénat a adopté cet après-midi une proposition de résolution destiné à interdire l’importation en Europe de produits issus du travail forcé de la population ouïghoure en Chine.
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Par Romain David
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Relancer l’ascenseur social. La mission d’information sénatoriale sur la politique en faveur de l’égalité des chances et de l’émancipation de la jeunesse présente ses conclusions ce mardi après sept mois de travail. Les élus ne se sont pas spécifiquement attachés à évaluer l’impact de la pandémie de covid-19 sur les perspectives de la jeunesse, mais ont souhaité prendre de la hauteur pour inscrire leurs travaux dans la durée et identifier des défaillances systémiques. « Nous demandons à nos jeunes d’être des citoyens dès l’âge de 18 ans, d’être acteur de leur vie et de la société, mais nous ne leur donnons pas la possibilité de l’être », relevait au moment du lancement de cette mission d’information sa rapporteure, la sénatrice socialiste des Landes Monique Lubin.
« Il est clair que la France se situe parmi les pays de l’Union européenne les moins bien placés en termes de perspectives de mobilité sociale », écrivent les sénateurs dans le rapport de la mission que s’est procuré Public Sénat. Ils pointent du doigt un système éducatif « qui a beaucoup plus tendance à perpétuer les inégalités d’origine sociale ou territoriale qu’à les réduire ». C’est ainsi que sur les 58 propositions formulées par cette mission d’information, un tiers est consacré au parcours scolaire, de la maternelle jusqu’au lycée. Une grande partie des préconisations consistent en un renforcement de dispositifs déjà existants afin d’améliorer l’accompagnement des jeunes, mais aussi une meilleure coopération entre acteurs publics et associatifs.
Au niveau de la petite enfance, le rapport plaide pour un renforcement de l’investissement des politiques publiques avec, à la clef, davantage de places dans les structures d’accueil des jeunes enfants, notamment dans les quartiers prioritaires, les zones rurales sous-dotées et en Outre-mer. Ils estiment que des efforts doivent être faits en faveur de l’attractivité des métiers de la petite enfance, à travers notamment une revalorisation des salaires. Ils invitent également au développement de projets qui combinent accueil de l’enfant et accompagnement des parents, à l’image des crèches Avip qui réservent des places aux enfants de parents sans emploi.
Une série de recommandations concernent la maternelle, elles visent pour l’essentiel à améliorer l’encadrement des enfants. Par exemple en accélérant le dédoublement des classes de grande section (en 2019, quelque 20 000 élèves étaient déjà concernés par le dispositif) au-delà des seuls quartiers prioritaires de la politique de la ville. Les sénateurs veulent également favoriser l’accès à la maternelle pour les enfants à partir de l’âge de 2 ans. Ils réclament une réduction du « taux d’encadrement », c’est-à-dire du nombre d’élèves attribués à un enseignant, pointant le retard de la France dans ce domaine par rapport à certains de ses voisins. Dans les pays de l’OCDE, la moyenne est d’un professionnel pour 5 enfants, contre un professionnel pour 8 enfants chez les moins de 6 ans en France.
Concernant la suite du parcours scolaire, le rapport propose d’étendre à d’autres villes l’expérimentation des secteurs communs, mise en place à Paris en 2017. Elle consiste à attribuer à plusieurs établissements une même zone de rattachement afin de favoriser la mixité sociale. Autre piste, cette fois pour lutter contre le décrochage scolaire : accélérer le développement de certains dispositifs, comme « devoirs faits » - un temps d’aide aux devoirs gratuit proposé aux collégiens, que le rapport préconise d’adapter aux contraintes du milieu rural.
La mission d’information insiste sur la nécessité d’orienter davantage le parcours scolaire vers le monde du travail. Notamment en ouvrant les lycéens sur « la réalité des métiers », avec des heures obligatoires consacrées à l’orientation, mais aussi des immersions en entreprises et des rencontres avec des professionnels.
« Globalement, le nombre de départs de mineurs en colonies de vacances est en baisse régulière depuis plusieurs années. Il est passé de 986 000 en 2013-2014 à 846 000 en 2018-2019, puis a chuté en 2019-2020 (472 000 départs recensés) du fait de la crise sanitaire », relèvent les sénateurs. Selon eux, les départs en colonies de vacances concernent largement des enfants de cadres et de chefs d’entreprise, et ne profitent guère aux publics plus modestes en dépit des aides accordées par les caisses d’allocations familiales, les collectivités locales et certains comités d’entreprise. En conséquence, et dans la lignée du Pass culture lancé en mai dernier, « l’idée d’un ‘Pass colo’, avancée par plusieurs organismes, mérite d’être sérieusement étudiée pour toucher davantage les publics qui n’ont pas recours aux aides existantes et redonner une plus grande visibilité aux colonies de vacances », notent les sénateurs.
Sur le terrain de l’insertion dans le monde du travail des jeunes en difficulté, le rapport souligne l’importance des partenariats entre acteurs publics et associatifs, à l’image de Pôle emploi et des missions locales qui accompagnent les jeunes de 16 à 25 ans dans leurs démarches de formation et de recherches d’emploi. Les élus prônent aussi un renforcement du maillage territorial des écoles de la 2e chance qui permettent d’accéder à une formation rémunérée. Plus généralement, ils veulent relancer l’idée d’un service public de l’insertion des jeunes, sujet sur lequel le gouvernement avait déjà demandé, fin 2019, au Conseil d‘orientation des politiques de jeunesse de plancher.
En Seine-Maritime avec Agnès Canayer