« Je ne me sens pas être agresseur en étant homme. » Arnaud de Heer, cadre dans une entreprise et papa de trois enfants dont deux petites filles ne veut pas être réduit en tant qu’homme à une menace pour la gent féminine. Loin de lui l’idée de nier les violences que subissent les femmes, qu’il s’agisse de sexisme ordinaire ou de violences sexuelles, mais ce quadragénaire espère des relations plus apaisées entre les hommes et les femmes.
« Ce n’est pas l’homme qu’il faut punir, c’est l’agresseur »
« Le problème c’est qu’on met l’homme avant l’agresseur. Ce n’est pas l’homme qu’il faut punir, c’est l’agresseur. Et l’agresseur malheureusement, je vous l’accorde, cela va être à 99,9 % un homme. « Mettre l’homme uniquement en tant qu’individu social, en tant qu’être dangereux, c’est un extrême et là-dessus je suis un peu gêné. » Arnaud de Heer n’est pas le seul homme à se poser des questions, à être parfois perturbé par certaines revendications féministes qu’il ne comprend pas. Au point que ces dernières années, un mouvement est apparu sur les réseaux sociaux #Notallmen (Pas tous les hommes) qui réfute l’idée de faire porter la responsabilité des violences sexistes sur l’ensemble des hommes.
La longue complainte des hommes ?
Un discours difficilement entendable pour Laurence Rossignol, sénatrice socialiste de l’Oise et ancienne ministre des Familles, de l’enfance et des droits des femmes sous le quinquennat de François Hollande. « Je veux bien entendre la longue complainte des hommes qui trouvent qu’il ne faudrait pas être assimilé aux autres hommes, mais nous voyez-vous on règle les problèmes un par un. Nous, notre problème aujourd’hui, nous les femmes, c’est que la société dans laquelle on vit prenne conscience de ce que ce sont les agressions sexuelles et où elles commencent. »
Selon le rapport paru en janvier 2023 du Haut conseil à l’égalité, 14 % des femmes françaises déclarent avoir subi une agression sexuelle ou un viol, une proportion qui monte à 22 % pour les femmes de 18 à 24 ans.
« Montrer qu’une femme peut être conquérante »
Une réalité alarmante, dont Laure Darcos en a fait un combat, en tant que sénatrice (LR) de l’Essonne et vice-présidente de la délégation aux droits des femmes à la Haute assemblée. Mais si elle partage l’urgence du combat, elle constate aussi dans certains cercles féministes une dérive « anti-hommes » qui l’inquiète. « #MeToo a été un phénomène extraordinairement important qui aura marqué vraiment les dernières années. Mais je pense qu’on est en train de passer d’un extrême à l’autre, où finalement tout homme pourrait être un violeur ou un agresseur en puissance. » Et Laure Darcos d’ajouter : « C’est moi qui le dis et je caricature un peu. Certaines féministes aujourd’hui finiraient finalement par nous faire penser que l’hétérosexualité est une sorte de dérive de la nature et qu’au fond la femme, si elle est en couple hétérosexuel ne peut être que la victime ou soumise à son mari, et qu’au fond l’homme sera toujours super puissant. ». Et de conclure, qu’il est « important de pouvoir montrer qu’une femme peut être conquérante. » Une phrase qui sonne comme un appel.
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