Elections européennes : les « petites listes » saisissent l’Arcom

Ce lundi, sept têtes de liste candidates aux élections européennes se sont rendues devant l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) pour dénoncer les règles électorales et le traitement médiatique dont elles font l’objet durant cette campagne.
Camille Gasnier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

38 listes concourent aux élections européennes du 9 juin prochain. Cependant, certaines estiment être moins représentées dans les médias que d’autres. Les 28 et 29 mai, des spots de campagne des partis Renaissance et Rassemblement national ont été diffusés sur le créneau initialement prévu pour sept autres listes candidates aux élections européennes : Changer l’Europe, Non ! Prenons-nous en main, le Parti révolutionnaire communiste, Lutte ouvrière, le camp des travailleurs, la Ruche citoyenne, Esperanto langue commune et Démocratie représentative. Leurs spots ont finalement été retransmis dans la nuit, à des horaires de faible écoute.

Le 29 mai, Pierre Larrouturou, tête de liste « Changer l’Europe » et Nina Morel, présidente du parti « Allons Enfants » et candidate aux élections européennes, ont saisi l’Arcom pour dénoncer la diffusion tardive de leurs spots.

« En Allemagne, il suffit de faire 0,6 % des voix pour avoir des députés, en France, il faut faire 5 % »

Pierre Larrouturou pointe le manque de moyens dont bénéficient les « petites listes » aux élections européennes en France, et ce en comparaison à d’autres pays européens : « En Allemagne ou au Portugal, vous n’avez pas un euro à dépenser, vous n’avez pas besoin de bulletins de vote, il y a une liste qui est payée par l’Etat ». Des difficultés financières qui accompagnent des règles électorales peu favorables à l’émergence des « petites listes » : « En Allemagne, il suffit de faire 0,6 % des voix pour avoir des députés, en France, il faut faire 5 % ».

Plus largement, le traitement médiatique de ces forces politiques est également contesté par leurs représentants : « Dans d’autres pays, l’accès aux médias est beaucoup plus important, tandis qu’ici les vieux partis ont des heures et des heures de temps de parole sur les télés, sur les radios, et les nouvelles forces politiques ont une minute par ci, une minute par-là » selon Pierre Larrouturou. C’est également ce que dénonce Marine Cholley, tête de liste du parti Equinoxe : « Nous portons le sujet n°1 de la jeunesse, celui de l’urgence climatique, et pourtant nous ne sommes invités nulle part ». A cet égard, elle invoque « une responsabilité des médias ».

« Nous ne sommes ni farfelus, ni fantaisistes »

Une invisibilisation des « petites listes » qui nuit à la démocratie : « C’est risible, nous ne sommes ni farfelus, ni des listes fantaisistes, nous sommes des gens qui agissent au quotidien pour faire fonctionner l’état de droit » selon Caroline Zorn, tête de liste du parti Pirate.  « On traite de façon folklorique la démocratie alors que nos sociétés vont s’effondrer si on n’apporte pas de solutions nouvelles », affirme Pierre Larrouturou.

D’ailleurs, selon Hélène Thouy, tête de liste du Parti animaliste, « Si on arrive aujourd’hui à cette crise majeure de la démocratie, c’est parce qu’il y a une déconnexion entre les attentes des citoyens et la transcription politique ».

Une absence d’intervention de l’Arcom

Les représentants des « petites listes » alertent sur le risque de manquement au principe d’équité qui s’applique depuis le 15 avril et jusqu’au 7 juin prochain à minuit. Pour appliquer ce principe, plusieurs éléments sont pris en compte comme les résultats aux précédentes élections ou les intentions de vote.

Devant l’Arcom, Pierre Larrouturou dénonce l’inaction de l’autorité : « L’autorité de régulation ne fait rien ». Le député européen prend l’exemple des sanctions qui ont pu à maintes reprises être prononcées à l’encontre de C8. En effet, depuis 2012, près de 43 sanctions ont été prononcées par le régulateur de l’audiovisuel contre les groupes de chaînes détenues par Vincent Bolloré. Pourtant, la tête de liste du parti « Changer l’Europe » déplore qu’« en matière de démocratie, on a l’impression que c’est folklorique ».

Partager cet article

Dans la même thématique

« Déni démocratique », « inqualifiable » : la nomination de Michel Barnier fait l’unanimité contre elle dans la gauche du Sénat
5min

Politique

Budget 2026 : la gauche dénonce un budget qui fait payer « à tous les Français les avantages de quelques-uns »

Après les annonces de François Bayrou, la gauche sénatoriale dénonce un budget « profondément inégalitaire », qui fait payer à tous les « largesses fiscales » du gouvernement à l’égard des grandes fortunes ces dernières années. Alors que le spectre de la censure plane sur le gouvernement Bayrou, les socialistes semblent miser sur la contribution de solidarité mais préviennent : si le dispositif n’est pas à la hauteur, « ça ne sera pas possible. »

Le

France Budget
6min

Politique

Budget de François Bayrou : « Ce n’est pas d’une violence inouïe, par rapport à ce qu’on risque si on ne fait pas d’efforts », selon François Patriat

Après le plan d’économies de près de 44 milliards d’euros annoncé par le premier ministre, le socle commun est à peu près satisfait au Sénat, d’autant que les propositions de la Haute assemblée ont été en partie reprises. Mais sur la question des collectivités, ça grince chez les LR.

Le

Conclusion of the Summit for the Future of New Caledonia at the ÉlysÃ’e Palace
6min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Cet accord offre une solution pérenne »

C’est une signature « historique ». Un an après les violences insurrectionnelles en Nouvelle-Calédonie qui ont fait 14 morts, un accord a été trouvé entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Principale mesure : la création d’un Etat calédonien dans la Constitution française assortie d’une nationalité calédonienne. Le sénateur non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel pointe un texte qui va « améliorer la qualité de vie des citoyens ».

Le

Budget 2026 : suivez en direct les annonces de François Bayrou
12min

Politique

Budget 2026 : suppression de 2 jours fériés, année blanche, contribution des hauts revenus... Ce qu'il faut retenir des annonces de François Bayrou sur le budget

C'était un moment attendu. Le Premier ministre a présenté à partir de 16 heures ses grandes orientations budgétaires. Pour tenir la trajectoire de réduction de déficit, le gouvernement prévoit finalement 43,8 milliards d’euros d’effort budgétaire. Pour ce faire, le premier ministre propose notamment une année blanche, la suppression de 2 jours fériés. Retrouvez ici l'ensemble des annonces de François Bayrou.

Le