Une donnée avait marqué les observateurs au soir du second tour des dernières élections municipales en juin 2020. Pour la première fois sous la Ve République, la moitié des dix plus grandes villes françaises allaient être dirigées par une femme. Outre les réélections d’Anne Hidalgo à Paris, Johanna Rolland à Nantes, et Martine Aubry à Lille, Jeanne Barseghian devenait maire de Strasbourg, et Michèle Rubirola maire de Marseille. Celle-ci a depuis été remplacée par Benoît Payan en cours de mandature.
Le symbole était fort mais cette parité dans le top 10 des communes de l’Hexagone était en réalité l’arbre qui masquait la forêt. Sur l’ensemble des communes, les statistiques de la féminisation des exécutifs locaux sont en effet moins flatteuses.
La parité est loin d’être atteinte pour les fonctions exécutives locales
Actuellement, les femmes ne représentent que 19,8 % du total des maires à l’échelle nationale. La part a constamment progressé à chaque élection municipale, mais leur part reste encore largement minoritaire. Elles étaient 16,1 % en 2014 par exemple. Les femmes sont même encore plus rares aux manettes des conseils communautaires. Dans les communautés de communes et autres communautés d’agglomération, on ne compte que 11,4 % de femmes (contre 8 % en 2014).
Si elles n’occupent pas la première place, elles sont plus nombreuses à être cantonnées à des fonctions d’adjointes dans les communes. Elles représentent plus de 40 % du total des adjoints.
L’étude des données montre également que les femmes sont plus souvent à la tête de petites communes que de grandes. Selon la Direction des collectivités locales, 22,4 % des maires des communes de moins de 100 habitants étaient des femmes en 2021, contre 18,8 % dans les communes de plus de 1 000 habitants.
Elles sont légèrement plus nombreuses dans les très grandes villes. Sur les 42 communes de plus de 100 000 habitants, il y avait en 2021 11 maires femmes, soit une part de 26,2 % : c’est plus que sous la mandature précédente, où elles n’étaient que 7 (16,7 %).
Une féminisation des conseils municipaux qui progresse à chaque élection
L’alternance obligatoire d’un homme et d’une femme dans les listes de candidats, qui s’impose depuis 2014 dans les communes de 1000 habitants et plus, a eu une conséquence forte sur l’équilibre entre les deux genres dans les conseils municipaux. La part des femmes dans les conseils municipaux est de 42,4 %, contre 33 % en 2001 et moins d’un quart en 1995. Le seuil des 1000 habitants montre d’ailleurs un saut statistique évident. Sous cette barre, le taux de féminisation n’est que de 37,4 %, contre 48,1 % pour les communes où la parité dans les listes est obligatoire.
Ces chiffres globaux des conseils municipaux devraient sans surprise s’améliorer notablement l’an prochain, puisque le Parlement a adopté une proposition de loi pour généraliser le scrutin de liste paritaire à l’ensemble des communes, indépendamment du nombre d’habitants. La loi a été validée par le Conseil constitutionnel le 15 mai.