Elections régionales : alliances, agriculture, transports… Ce qu’il faut retenir du débat de second tour en Bretagne
Dans un débat organisé par TV Rennes, Ouest-France et Public Senat, les cinq candidats bretons qualifiés pour le second tour des élections régionales se sont écharpés autour des tentatives de formation d’alliances et ont marqué leurs différences sur le fond.

Elections régionales : alliances, agriculture, transports… Ce qu’il faut retenir du débat de second tour en Bretagne

Dans un débat organisé par TV Rennes, Ouest-France et Public Senat, les cinq candidats bretons qualifiés pour le second tour des élections régionales se sont écharpés autour des tentatives de formation d’alliances et ont marqué leurs différences sur le fond.
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Les langues étaient affûtées. Pendant plus d’une heure et demie ce mercredi, les cinq candidats pour le fauteuil de président de la région Bretagne se sont affrontés lors d’un débat organisé par Public Sénat, Ouest-France et TV Rennes. Et autant dire que la discussion fut âpre.

Pour rappel, étaient présents : Loïg Chesnais-Girard (PS), qui a viré en tête dimanche avec 20,95 % des voix, a fusionné sa liste avec l’ancien maire antipesticides de Langouët Daniel Cueff. En face, l’écologiste (EELV) Claire Desmares-Poirrier a choisi de partir seule au second tour. Isabelle Le Callennec (LR), le RN Thierry Burlot (LREM) et Gilles Pennelle (RN) complètent le tableau, menant la Bretagne à une quinquangulaire.

« Droite stigmatisante », division de la gauche…

Les hostilités n’ont pas tardé à démarrer lorsque le candidat de la majorité présidentielle, Thierry Burlot, a attaqué la « droite stigmatisante » d’Isabelle Le Callennec. Elle, arrivée deuxième avec 16 % des voix, entend bien « transformer l’essai » et convaincre les abstentionnistes, seule réserve de voix à sa disposition, en défendant la « droite des valeurs ». Thierry Burlot, comme la macronie au niveau national argue que l’immense abstention transforme ce premier tour en sorte de « troisième sondage ». « Je suis convaincu que personne n’a gagné dimanche dernier », insiste-t-il. Le socialiste sortant, Loïg Chesnais Girard est enthousiaste après son score de premier tour et de la fusion trouvée avec le dissident écolo Daniel Cueff. Alliance que regrette la représentante d’EELV, Claire Desmares-Poirrier, qui lance un appel aux jeunes. Gilles Pennelle, le représentant du RN, est quant à lui convaincu que les « électeurs du RN vont se mobiliser, car ce sont des électeurs de second tour ».

D’alliances, il est beaucoup questions. L’accord du président sortant avec Daniel Cueff occupe la discussion à gauche. « Toutes les opérations de fusions provoquent des remous », défend Loïg Chesnais-Girard, qui assure qu’il s’arrêtera là. « Je ne suis pas là pour aller chercher des gens. Il n’y a pas d’accord secret. » La candidate écologiste regrette, elle, ne pas avoir pu taper dans la main du socialiste. « Nous le souhaitions. On avait à la sortie de ce premier tour un résultat très enthousiasmant. Il fait le choix de la division de la gauche. J’en prends acte. Vous êtes arrivés à la négociation les mains dans les poches », tacle-t-elle. « C’est faux. Vous êtes intransigeants sur le fond. Vous arrivez avec un projet politique pour remplacer le mien. Sinon je ne vous aurais pas reçu jusqu’à 4 heures du matin », rétorque le président sortant. Réponse de Claire Desmares-Poirrier : « Vous ne savez pas partager le pouvoir ». Voilà pour les amabilités.

La droite et le centre ne sont pas en reste. Thierry Burlot affirme avoir transmis un « protocole d’accord » au socialiste. Sans réponse. Le duel des héritiers de Jean-Yves Le Drian ira jusqu’au bout. Avant le premier tour, le ministre des Affaires étrangères avait appelé Chesnais-Girard à l’union avec Burlot. Raté.

Du pain béni pour le candidat de Marine Le Pen qui ne demande qu’à se placer au-dessus des « tambouilles » pour défendre le « mode de vie breton » face à « l’immigration et au communautarisme ».  « Je ne suis pas là pour commenter les tempêtes dans un verre de centristes où se noie Mme Le Callennec ou les nuits qui se sont mal passées entre Mme Poirrier et M. Chesnais-Girard », ricane Gilles Pennelle.

Démographie, modèles agricoles, trains et voitures…

Sur les propositions de fond, les passes d’armes s’enchaînent aussi. D’ici 2040, la Bretagne sera confrontée au défi démographique de l’accueil de 400 000 nouveaux habitants. Le « statut de résident » proposé par la candidate écologiste pour « empêcher les spéculations immobilières » laisse place à la formation d’un front commun des autres candidats. Chacun y va de son bon mot. Burlot et Le Callennec sont formellement contre. Pour Gilles Pennelle, c’est tout simplement « illégal et farfelu ». Loïg Chesnais-Girard dit ne pas « pouvoir accepter une telle proposition ». Lui préfère une « clause anti-spéculative » dans certaines communes.

Le thème de l’agriculture n’apaisera pas les tensions. D’entrée, Thierry Burlot lance : « L’agriculture bretonne a pris un coup en découvrant l’accord entre Loïg Chesnais-Girard et Daniel Cueff ! ». « Accord que tu cherchais à faire cher ami ! », lui renvoie le socialiste sortant. Globalement, tous défendent le modèle agricole breton actuel, sauf la candidate écologiste, qui reste interloquée. « C’est un modèle à bout de souffle et il faut en faire advenir un autre. Le modèle breton traditionnel ultra-productiviste est à bout de souffle », répète-t-elle. L’occasion est trop belle pour le RN. « Les bobos trottinettes ne connaissent pas la ruralité », cingle Gilles Pennelle. « Je suis agricultrice ! », s’exclame Claire Desmares-Poirrier.

Quant au volet des transports, tous s’accordent peu ou prou pour renforcer les lignes de train Nord Sud. Gilles Pennelle aussi, mais défend en sus la voiture et déplore le discours « anti-automobiles ». Enfin, tous défendent la création d’une assemblée unique de Bretagne, moyen pour certains de lutter contre l’abstention qui s’élevait au premier tour à près de 65 %.

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