Dans la dernière ligne droite avant le 1er tour des régionales, Xavier Bertrand enchaîne les rencontres avec les élus et à chaque fois, il met en jeu son bilan à la tête de la région pendant 6 ans.
Dans la salle communale d’Attiches, il a donné rendez-vous aux élus locaux de la région. Des maires, des parlementaires à qui Xavier Bertrand martèle ses priorités : emploi, sécurité santé… « Avant de vous donner la parole, je voulais vous expliquer de quelle façon je vais continuer de me battre pour vous, pour les communes, pour les Hauts-de-France » précise le candidat sortant déambulant micro en main, au centre des élus réunis en cercle autour de lui.
Il rappelle que « 68 % des habitants de la région, quel que soit leur bord politique », estiment que son équipe « a bien bossé » lors de la précédente mandature.
Xavier Bertrand au coude à coude avec Sébastien Chenu
Xavier Bertrand bat le rappel de ses troupes en martelant. Tout en semant quelques graines pour 2022. Une double campagne. Mais il l’a promis, en cas de défaite aux régionales, il renoncera à sa candidature à la présidentielle et même à la vie politique. Les derniers sondages le donnent en tête avec 33 % des intentions de vote… mais au coude à coude avec le candidat du RN qui est lui à 32 %. Xavier Bertrand veut à tout prix se montrer serein, chiffres à l’appui. Selon lui, le FN a reculé dans la région de 8 % alors que la droite a progressé de 10 %.
A ceux qui comme en Marche avec Laurent Pietraszewski sont prêts à une fusion au soir du 1er tour, il répond : « Je ne changerai rien à ma liste, ni à mon projet. Ce sera la même liste au 1er et au second tour. Les autres sont tous là pour me battre, mais moi je me bats pour la région, cela fait une sacrée différence ».
L’écart entre Xavier Bertrand et Sébastien Chenu n’est plus que d’un point. 33 % des intentions de vote au premier tour pour le Président sortant, 32 % pour Sébastien Chenu.
« Il n’a rien fait pendant 6 ans ! » le député RN entend bien battre Xavier Bertrand et compte bien prendre sa revanche. En 2015, la gauche s’était désistée au second tour pour faire barrage au FN.
Sur le marché d’Auchel, à quelques kilomètres de Béthune, rares sont ceux qui refusent de prendre les tracts du Rassemblement national… Sébastien Chenu est à l’aise, dis bonjour aux commerçants, il reçoit un bon accueil.
Sur sa liste, on trouve des transfuges d’autres partis de droite comme de gauche. Une diversité que met en avant Sébastien Chenu. « Nous sommes les seuls à incarner autre chose, un réel changement », assure-t-il.
Le député RN est persuadé qu’en cas de quadrangulaire, En Marche ne se désistera pas pour contrer le RN. « Le front républicain personne n’y croit. C’est le front des sortants qui ne veulent pas laisser leur place et qui s’accrochent à leur mandat pour que d’autres ne puissent pas démontrer leur capacité à réussir. Le front républicain a voté en éclats », affirme-t-il.
Secrétaire d’Etat aux retraites, Laurent Pietraszewski est le candidat En Marche. En embuscade, il entend bien se poser en recours face au duel annoncé entre Xavier Bertrand et Sébastien Chenu et jouer les troubles fêtes.
Entre deux déplacements, il nous confie que « si le RN est aussi haut, c’est parce que Xavier Bertrand est l’homme à abattre » Pour lui, la nationalisation de la campagne dans les Hauts-de-France fait que Xavier Bertrand est « candidat à un abandon de poste ». « C’est dommage pour la démocratie », tacle-t-il. Lors d’une conférence de presse dans le Cambresis, territoire rural des Hauts-de-France, il présente ses colistiers. Sa numéro 2 est maire d’un village de moins de 500 habitants. En Marche manque d’implantation dans la région. Il s’agit pour la liste de Laurent Pietraszewski de s’imposer dans les territoires.
Laurent Pietraszewski se veut le candidat de la ruralité « oubliée » face au candidat « des grandes villes » (sans citer Xavier Bertrand avec qui il installe le duel dans chacun de ses propos).
La présence de 5 ministres sur sa liste n’a pas créé de dynamique.
Laurent Pietraszewski plafonne à 10 % dans les sondages, mais il est convaincu d’arriver au second tour et compte bien peser dans les négociations. Il espère arriver le plus haut possible au soir du premier tour et réunir autour de lui « l’ensemble des mouvements républicains ». Il ajoute : « Il appartient à celui ou celle qui sera le premier de créer l’action pour réunir autour de lui. » Autrement dit, Laurent Pietraszewski ne serait pas contre une fusion de la droite et d’En Marche au second tour. Pour l’instant, Xavier Bertrand refuse net. Une chose est sûre, une quadrangulaire avec le maintien de la liste de Laurent Pietraszewski favoriserait la victoire du RN.
Les Hauts-de-France sont la seule région où toute la gauche part unie. Une prouesse que certains aimeraient appliquer pour la présidentielle.
Et pourtant cette liste d’union emmenée par Karima Delli stagne à 20 % des intentions de vote et arriverait 3e. L’euro députée EELV occupe le terrain au maximum. Son objectif, mobiliser les électeurs déçus qui s’abstiennent.
« Nous sommes dans la région avec le taux de pauvreté le plus important de France »
Elle compte bien déjouer les pronostics et incarner l’alternative pour reprendre la région. Pour elle, avec Xavier Bertrand, la région est restée dernière en tout. « Qu’a-t-il fait ? Nous sommes dans la région avec le taux de pauvreté le plus important de France, nous avons une espérance de vie de trois ans inférieure à la moyenne nationale et le taux de chômage est de 31 % chez les jeunes. »
Cette fois, Karima Delli refuse de s’engager sur le terrain du front républicain. « Vous poserez la question à Xavier Bertrand. Si lui est prêt à jouer les barrages comme nous l’avons fait en 2015 ou à jouer les passoires ? Quand au quatrième c’est à lui de prendre ses responsabilités, pas nous »
Alors que la gauche a disparu du Conseil régional, cette liste d’union avec 20 % des suffrages permettrait à la gauche d’obtenir près de 25 conseillers régionaux. Elle aussi regrette que les régionales dans les Hauts-de-France aient été « à ce point nationalisées » mais reste persuadée que « les habitants ont envie de nouveauté ». Réponse dans les urnes les 20 et 27 juins prochains