Les sondages annonçaient le chef de file du RN, Thierry Mariani, largement en tête au premier tour. Mais finalement, l’affrontement avec le président LR sortant, Renaud Muselier est bien plus serré que prévu. L’écolo Jean-Laurent Felizia complète le podium avec 15,9 % des votes et a annoncé son maintien.
Elections régionales : en PACA, l’écolo Felizia maintient sa liste face au duel Muselier/Mariani
Les sondages annonçaient le chef de file du RN, Thierry Mariani, largement en tête au premier tour. Mais finalement, l’affrontement avec le président LR sortant, Renaud Muselier est bien plus serré que prévu. L’écolo Jean-Laurent Felizia complète le podium avec 15,9 % des votes et a annoncé son maintien.
Par Pierre Maurer
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La victoire annoncée s’annonce plus compliquée que prévu. Le RN, qui nourrissait ses plus hauts espoirs dans le PACA, voit son chef de file, Thierry Mariani (35,9 %), se battre au coude-à-coude avec le président LR sortant, Renaud Muselier (32,5 %). L’ancien ministre sarkozyste, depuis passé au parti à la flamme, ne semble pas réussir à profiter des divisions des Républicains, qui se sont fracturés dans un véritable psychodrame depuis l’alliance entre la majorité présidentielle et Renaud Muselier.
Le RN cible les abstentionnistes
La déception est de mise pour le RN. Thierry Mariani a rejeté la faute sur l’abstention record du premier tour. « Bien sûr l’abstention massive est le fait majeur de cette élection dans notre région comme toutes les autres. Il apparaît que c’est notre liste qui en est la première victime », a soutenu l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy face à ses soutiens. « Vous êtes des centaines de milliers à vouloir que ça change. Mais le changement c’est aussi votre responsabilité. Si vous n’allez pas voter, c’est le candidat d’Emmanuel Macron qui sera élu », a-t-il martelé. « Tout ne dépend que de vous au second tour ! », a-t-il encore lancé en direction des abstentionnistes.
Résultat, le candidat d’une liste d’union écologiste (EELV, PS, PCF, PRG, Place Publique), Jean-Laurent Felizia pouvait jouer les faiseurs de roi. Il a recueilli 15,9 % des votes et figure en troisième position. Derrière lui, l’écolo-centriste Jean-Marc Governatori n’accède pas au second tour avec ses 5,4 % des votes et a déjà annoncé qu’il soutiendrait Renaud Muselier.
Que va donc faire Jean-Laurent Felizia ? La question a furtivement animé la soirée. L’écolo pouvait bien sûr décider de maintenir sa liste pour obtenir des élus au conseil régional. Mais il pouvait aussi fusionner avec Renaud Muselier, ou se retirer comme l’avait fait en 2015 le chef de file de la gauche, Christophe Castaner, dans un geste de front républicain. Cette dernière option empêchait la gauche d’obtenir des sièges et la privait d’influence sur les décisions politiques régionales pour un nouveau mandat. Au niveau national, l’eurodéputé Yannick Jadot n’avait pas formellement tranché sur France 2. « On va étudier exactement la situation. On est très loin d’une situation ou Mariani est très loin de Muselier. L’idée n’est pas de prendre le risque, mais de faire vivre la démocratie », a-t-il expliqué. Les socialistes, eux, plaidaient clairement pour le front républicain. « Si M. Mariani peut l’emporter, nous ferons notre devoir », a assuré Olivier Faure, le patron des socialistes qui soutiennent la liste de Jean-Laurent Felizia.
Pas de front républicain, pour le moment
« Nous sommes une région indivisible, que rien ne peut fracturer », a souligné pour sa part Renaud Muselier, rassuré. Lui aussi savait que la décision de Felizia était décisive. « Nous allons rester fidèles à notre logique de rassemblement et j’appelle chacun à ses responsabilités face à l’extrême droite », a déclaré le président sortant, espérant un geste de l’écolo. La direction d’EELV, fidèle à sa ligne, a laissé la liste se décider elle-même. « Ce n’est pas Paris qui décide pour PACA. Ce n’est pas nous en tant que direction qui imposeront une décision », a affirmé sur BFMTV la numéro deux d’EELV, Sandra Regol.
Sur les coups de 22 heures, Jean-Laurent Felizia a annoncé sa décision : ce sera un maintien. Pas d’alliance, ni de barrage. Selon lui, Renaud Muselier est capable de gagner sans « alliance artificielle ». L’objectif est clair pour la gauche : siéger au nouveau conseil régional, quitte à laisser le RN l’emporter. Mais cette décision tiendra-t-elle jusqu’au dépôt des listes mardi ? Après l’annonce de Felizia, Yannick Jadot a regretté le choix de l’écologiste : « C’est une erreur politique […] face au risque de victoire RN en Paca. Je ne soutiens pas cette décision ». L’eurodéputé appelle les écolos à revenir sur leur décision, tout comme la direction d’EELV. Et d'ailleurs ce soir à l'issue d'un bureau exécutif, EELV retire son soutien à Jean Laurent Felizia, si la liste est maintenue.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a quant à lui appelé une nouvelle fois « solennellement » au retrait de la liste d’union de la gauche.
Bisbilles et « bras d’honneur »
Au sein de liste Felizia, tout le monde n’est pas d’accord. Les membres du PCF souhaitaient faire barrage au RN mais figureront bien sur la liste. La branche locale de Génération Ecologie, le parti présidé par l’ancienne ministre Delphine Batho, s’est fermement opposée au maintien. Sur Twitter, le représentant local de Place Publique a annoncé son départ de la liste. « Assumons la défaite, seule façon de construire une offre politique crédible », écrit Alexandre Latz. Le sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône, proche de la liste, explique : la décision « a été prise collectivement, quasiment à l’unanimité, avec les représentants de tous les partis. Même les socialistes. » Pas du goût des ténors du PS. « Notre position est claire. Il y a un vrai danger RN. Et quand il y a un danger RN, on se retire. Dans les Hauts-de-France, on se maintient car il n’y a plus de danger RN. Si les socialistes en PACA ne se retirent pas, je pense qu’ils ne seront plus socialistes cette semaine », prévient le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner. Réponse de Felizia : « Je n’ai pas à répondre aux Olivier Faure. Les états-majors parisiens sont parfois déconnectés de la réalité du terrain. C’est une décision collective que nous assumons. » « Notre analyse est plus fine que celle des états-majors nationaux », enchérit Benarroche qui assène que « plus personne ne croit au front républicain ».
Pour Christophe Castaner, le patron des députés LREM et ancien candidat de la gauche en 2015, Felizia ne fait rien de moins qu’un « bras d’honneur à Olivier Faure ». « Je vois une gauche perdue, qui a perdu la raison. Dans la seule région de France où le RN peut l’emporter, la gauche n’est pas au rendez-vous. C’est une faute politique », a déclaré l’ancien ministre de l’Intérieur. Jean-Laurent Felizia « serait certes un président de groupe de l’opposition, mais un président de la honte », a-t-il ajouté.
Et si Muselier proposait une fusion des deux listes ? « Je ne sais pas quelle sera la réaction de la liste. Je ne crois aucunement que Muselier proposera une fusion de listes. Nous, on y réfléchirait », affirme un écolo local. Pour l’heure, Renaud Muselier devrait pouvoir compter sur le soutien de Jean-Marc Governatori et ses 5,4 %. Mais sa décision n’est pas encore arrêtée.
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