La « présomption de maintien » des élections en juin est-elle déjà menacée ? C’est ce que craignent de nombreux représentants politiques, au Sénat et ailleurs, depuis l’annonce de la consultation des maires par le gouvernement sur la question durant le week-end. Invité de la matinale de Public Sénat « Bonjour chez vous », le président socialiste du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel fustige la méthode et se prononce fermement pour un maintien en juin des élections régionales et départementales. « Il faut qu’elles se déroulent dans les conditions de sécurité sanitaire les plus strictes, mais on ne peut pas confiner en permanence la démocratie dans notre pays. Les États-Unis élisent leur président, le Portugal élit son président, les Landers allemands procèdent à leurs élections… Et on ne pourrait pas, en France, élire les conseillers régionaux et départementaux ? », interroge-t-il.
Pour lui, la manœuvre de l’exécutif est claire : « On sent bien, y compris avec cette consultation expresse qui n’était pas prévue durant ce week-end des maires par les préfets, que le gouvernement n’a qu’une idée en tête : les reporter le plus loin possible… » Le socialiste ne comprend toujours pas ce énième coup sorti du chapeau au dernier moment. « Le gouvernement s’en remet au Conseil scientifique. Ce dernier ne tranche pas et renvoie la balle au gouvernement en lui disant ‘si vous mettez en place les conditions de sécurité, vous devez pouvoir les organiser. Le Premier ministre, lui-même a dit il y a quelques jours que son option privilégiée, c’est de les maintenir en juin. Et puis d’un seul coup, parce que je ne sais pas qui se réveille vendredi soir avec un avis différent dans la majorité présidentielle, les préfets se lancent dans une consultation expresse des 35 000 maires ! », résume-t-il. En bref, « cela ressemble de plus en plus à du tripatouillage électoral ! », dénonce-t-il. Les multiples revirements usent les élus : « Il faut faire respirer notre démocratie, que toutes les conditions de sécurité soient remplies. Mais cessez de changer la règle en permanence ! », plaide Stéphane Troussel, estimant que « tout cela n’est pas sérieux ».
Le président de la Seine-Saint-Denis n’est pas le seul. À l’annonce de la nouvelle consultation, le président du Sénat Gérard Larcher était furieux selon Politico. Dans la foulée, dimanche, Gérard Larcher a annoncé qu’il saisirait le Conseil constitutionnel en cas de report des élections. « Il y a eu un certain nombre de propositions pour que les élections se déroulent. Le gouvernement n’en a suivi aucune. C’est le sentiment que le gouvernement donne : s’il pouvait échapper aux scrutins locaux, il le ferait allègrement car LREM n’est pas implantée dans les territoires. Et il les organiserait bien plus tard », abonde Stéphane Troussel. Il termine, soulignant une énième incohérence : « Le gouvernement se dit prêt à discuter de la réouverture des établissements culturels, mais on ne pourrait pas aller voter ? »