Résultats des élections régionales : les 5 enseignements du scrutin

Résultats des élections régionales : les 5 enseignements du scrutin

L’abstention record, le RN loupe le coche, la droite conforte ses ténors, la gauche conserve ses régions, pas l’implantation territoriale pour LREM. Au lendemain des élections régionales, 5 choses à savoir sur le dernier scrutin avant la présidentielle.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

  • Abstention record

Malgré les appels au vote répétés des responsables politiques de tous bords, entre les deux tours, la participation des quelque 48 millions d’électeurs appelés aux urnes s’établit à environ 34 % pour le deuxième tour en France métropolitaine. Soit le même niveau qu’au premier tour où l’abstention avait atteint 66,7 %, marquant une envolée vertigineuse par rapport à 2015 (41,59 %).

  • Les ténors de droite confortés

Le scrutin a été marqué par une prime aux sortants parfaitement respectée puisque tous les présidents de régions, à gauche comme à droite, ont été réélus en métropole.

Candidat à la présidentielle, Xavier Bertrand est largement réélu président des Hauts-de-France. Le candidat de la droite (ex-LR) l’emporte avec 53 % des voix. En prenant la parole dimanche soir, Xavier Bertrand s’est clairement tourné vers 2022. « Ce chemin de l’espoir démarre maintenant, il démarre ici » […] Ce résultat me donne la force d’aller à la rencontre de tous les Français », a-t-il lancé.

Très confortablement réélu avec 55,9 % des suffrages exprimés, le président LR de la région Auvergne Rhône-Alpes a lui aussi donné un discours aux accents nationaux. Il attribue sa victoire à la « constance des convictions, la défense des classes moyenne, le refus de tout compromis avec le communautarisme et la sécurité dont (il a) fait (sa) priorité ». Laurent Wauquiez est arrivé devant la coalition de la gauche menée par l’écologiste Fabienne Grébert (32,7 %) et le Rassemblement national (11,4 %).

En Ile-de-France, Valérie Pécresse devance de 10 points la coalition de gauche menée par l’écologiste, Julien Bayou (34,6 %). Le RN n’engrange que 11,8 % des voix. Quant au candidat de la majorité présidentielle, Laurent Saint-Martin, il parvient seulement à obtenir 9,5 % des suffrages.

Si Valérie Pécresse est élue moins confortablement que Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez, elle souligne que « nous avons fait gagner les forces de la droite et du centre, dans une région où la majorité présidentielle avait décidé d’engager cinq ministres ».

  • La gauche conserve ses régions et en remporte en Outre-mer

Dans la lignée du premier tour, la gauche sort aussi requinquée de ce scrutin et maintient ainsi son ancrage local. De quoi faire dire au numéro un du PS Olivier Faure que son parti avait la « responsabilité de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes » pour 2022.

Alain Rousset (PS), président de région depuis 1998, a décroché un cinquième mandat en Nouvelle-Aquitaine, avec près de 40 % des voix et sans s’allier avec EELV. En Occitanie, la socialiste Carole Delga a également été très confortablement reconduite par les électeurs, tout comme François Bonneau en Centre-Val de Loire, et Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté, au terme d’une campagne qui s’annonçait pourtant difficile. En Bretagne, le président socialiste sortant Loïg Chesnais-Girard vire en tête avec près de 30 % des voix. Mais, après avoir fait cavalier seul en refusant tout accord avec EELV comme LREM, il n’aura qu’une majorité relative.

La gauche peut aussi se targuer de voir deux région basculer dans son escarcelle. A La Réunion, Huguette Bello, à la tête d’une liste d’union, a revendiqué sa victoire face au sortant Didier Robert (DVD). Elle remporte également la Guyane où le président sortant, Rodolphe Alexandre, soutien du président de la République, a été battu par la liste d’union de la gauche du député Gabriel Serville (54,83 % des suffrages exprimés contre 45,17 %).

Le député apparenté PS, Serge Letchimi a quant à lui remporté, dans une quadrangulaire, les élections territoriales en Martinique avec 37,72 % des voix et retrouve son siège à la présidence de la collectivité territoriale de Martinique qu’il avait perdu en 2015 face à l’indépendantiste, Alfred Marie Jeanne.

  • Le RN rate une marche avant 2022

Certains sondages prédisaient, au début de la campagne, des lendemains qui chantent au RN avec deux voire trois régions pouvant tomber dans l’escarcelle du Rassemblement national. Ce sera zéro région au compteur, les régionales devaient être une rampe de lancement pour avril 2022, elles se sont transformées en faux départ.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, Thierry Mariani (ex-LR devenu RN) voit la victoire filer à Renaud Muselier (LR), qui a notamment bénéficié du retrait du candidat de gauche pour faire barrage au RN, engrange autour de 57 % des suffrages contre 43 % pour Thierry Mariani. Le barrage républicain a fonctionné.

Marine Le Pen, a cependant donné « rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l’alternance dont la France a besoin ».

  • LREM ne s’implante toujours pas dans les territoires

Quant à la majorité présidentielle, absente au premier tour en Paca et éliminée dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, elle confirme ses faibles étiages là où elle a pu concourir. Les ministres Brigitte Klinkert (Grand Est), Geneviève Darrieussecq (Nouvelle-Aquitaine), Marc Fesneau (Centre-Val de Loire), ou encore le député Laurent Saint-Martin (Ile-de-France) stagnent ou régressent par rapport au premier tour. « Un coup de semonce très important pour la majorité », prévient le patron du MoDem François Bayrou.

Pour autant, un grand remaniement n’est pas à l’ordre du jour. Des ajustements techniques, sur le périmètre de certains ministres, sont évoqués du côté de l’exécutif.

 

Dans la même thématique

Paris: Designation Bureau Assemblee Nationale
6min

Politique

Ingérences étrangères : quelles sont les règles qui s’appliquent aux élus ?

Les élus sont souvent une cible privilégiée pour les ingérences étrangères. Si les atteintes à la probité existent, les formes d’influences sont diverses et se renouvellent. Après l’adoption de la loi sur les ingérences étrangères le 5 juin dernier, retour sur les règles s’appliquant aux élus pour prévenir les ingérences.

Le

France Europe Election
5min

Politique

Au Parlement européen, Jordan Bardella peine à se « normaliser »  

A la tête des Patriotes, le troisième groupe le plus important numériquement au Parlement européen et désormais membre de la prestigieuse commission des affaires étrangères, Jordan Bardella entend poursuivre à Strasbourg sa stratégie de « normalisation ». Une stratégie compromise cependant par le « cordon sanitaire » des partis pro-européens contre l’extrême-droite et par certaines personnalités embarrassantes au sein de son camp.

Le

LEGISLATIVES FRANCE : 2ND TOUR SOIREE ELECTORALE PS
5min

Politique

Lettre d’Olivier Faure au Conseil d’Etat : « Un message politique, plus qu’un recours contentieux », explique Paul Cassia  

Le 24 juillet, Olivier Faure a adressé à Didier Roland-Tabuteau, vice-président du Conseil d’Etat, un courrier pour alerter la juridiction administrative sur l’exercice du pouvoir réglementaire par le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal. Si cette lettre interroge les diverses nominations à effet différé qui ont eu lieu au cours des deux derniers mois, elle constitue en réalité davantage un message politique qu’un véritable recours contentieux.

Le