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Elections sénatoriales 2023 : EELV veut « peser encore plus » et mise sur 15 à 20 sénateurs

Après son retour en 2020, le groupe écologiste du Sénat espère continuer sa progression en profitant de la « vague verte des municipales 2020 ». Pour gagner de nouveaux élus, EELV mise notamment sur Paris, les Français de l’étranger ou sur les terres de Gérard Larcher, dans les Yvelines. Malgré la présence de listes LFI, l’accord conclu avec le PS et le PCF devrait favoriser ce renforcement.
François Vignal

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C’est le plus petit groupe du Sénat. Mais il n’en est pas moins actif. Le groupe écologiste de la Haute assemblée aborde les élections sénatoriales du 24 septembre plutôt sereinement. Les écolos comptent surfer sur ce qui reste de « la vague verte des municipales 2020 », rappelle ce mardi matin, Aminata Niakate, porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts, lors d’un point presse au siège parisien du parti. Pour les sénatoriales, ce sont les grands électeurs, composés à 95 % de conseillers municipaux, qui élisent les sénateurs.

« On arrivera très facilement à dépasser les 15 sénateurs »

Le cru 2020 a en effet permis aux écolos de remporter Lyon, Bordeaux, Strasbourg ou de s’implanter à Marseille. Reste que la série précédente – le Sénat est renouvelé par moitié tous les 3 ans – a déjà permis de récolter les fruits de ces victoires dans ces quatre villes. Pour ce scrutin 2023, EELV peut cependant encore compter sur de nouveaux gains.

C’est pourquoi le président du groupe écologiste, Guillaume Gontard, présent en visioconférence pour cause de campagne dans son département de l’Isère, ne cache pas son optimisme. « On arrivera très facilement à dépasser les 15 sénateurs », avance celui qui n’est pas membre d’EELV. Il compte même « approcher la vingtaine de sénateurs écologistes au Sénat », où il suffit d’être 10 pour former un groupe, contre 15 à l’Assemblée. Pour résumer, « l’ambition est de peser encore plus fort au Sénat », où avec seulement « 3 % des sénateurs », le groupe s’enorgueillit d’avoir « 10 % des amendements adoptés ».

Ghislaine Senée entend « faire mentir le président du Sénat. Non, il n’arrivera pas à faire le grand chelem dans les Yvelines »

Alors que les effets du changement climatique se font ressentir encore ces derniers jours, entre canicule et pluies diluviennes en Méditerranée, cet optimisme raisonné s’explique aussi par l’accord national signé avec le Parti socialiste et le Parti communiste. De quoi gagner les précieux sièges supplémentaires pour le groupe écologiste – solidarités et territoires, son nom entier. Des dissensions et des divisions avec le reste de la gauche existent en réalité encore, comme dans le Morbihan, où le sortant Joël Labbé ne se représente pas. Mais à Paris par exemple, où Antoinette Guhl et l’ancien candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, font liste commune avec le PS et le PCF, EELV peut afficher sans crainte son ambition. Deux sièges sont gagnables de façon certaine, voire trois. « L’union est une force est nous pouvons compter sur la division de la droite », rappelle Antoinette Guhl, deuxième de liste.

Dans les Yvelines, où la gauche part cette fois unie derrière l’écologiste Ghislaine Senée, EELV caresse quelques espoirs. « Elle a la lourde tâche d’affronter le président du Sénat, Gérard Larcher », lance le sénateur EELV du Rhône, Thomas Dossus. « Même pas peur », sourit la présidente du pôle écologiste à la région Ile-de-France. Ghislaine Senée entend « faire mentir le président du Sénat. Non, il n’arrivera pas à faire le grand chelem dans les Yvelines ». L’ancienne maire d’Evecquemont rappelle que la gauche avait perdu le siège de la socialiste Catherine Tasca, en partant divisée, en 2017.

Le parti mise aussi sur Mathilde Ollivier, qui mène la liste pour les sénateurs représentants les Français établis hors de France. Cette jeune femme de 29 ans – soit le même âge que le benjamin du Sénat, le socialiste Rémi Cardon – habite Vienne, en Autriche. Elle entend « porter la voix des jeunes » si elle est élue. Mathilde Ollivier est suivie sur la liste par le sénateur PS sortant, Jean-Yves Leconte.

Pas un seul parlementaire écolo en Seine-Saint-Denis

En Seine-Saint-Denis, où la Nupes a 12 parlementaires mais « pas un seul écolo », Anne de Rugy entend parler aux grands électeurs de « pollution de l’air, pollution industrielle, pollution des sols. Tout ça, ce sont des problèmes qui touchent d’abord les populations les plus fragiles économiquement ». Celle qui est aussi la sœur de François de Rugy, l’ancien ministre de l’Ecologie d’Emmanuel Macron, occupe la troisième place de la liste conduite par la socialiste Corinne Narassiguin, responsable du PS et proche de son numéro 1, Olivier Faure. Mais la gauche n’est pas totalement unie. Anne de Rugy rappelle que les communistes font « traditionnellement » leur propre liste dans ce département, avec le sortant Fabien Gay. Le PCF a aujourd’hui deux sièges sur six.

Dans les Hauts-de-Seine, il y a en revanche eu un accord entre les trois formations. Catherine Candelier occupe la seconde place de cette liste d’union de la gauche, derrière le sénateur sortant PCF, Pierre Ouzoulias. Elle pointe « la grande division de la droite », entre la liste LR officielle du sortant Roger Karoutchi, et celle dissidente de Marie-Do Aeschlimann, sans oublier une « dispersion de la majorité présidentielle », entre le Modem et un Horizons, derrière l’UDI Hervé Marseille, et la liste « Renaissance-Horizons de Xavier Iacovelli ». Un contexte favorable ? « Depuis les dernières sénatoriales, le nombre d’écologistes a été multiplié par cinq dans les Hauts-de-Seine », souligne la conseillère municipale d’opposition de Sèvres. De quoi espérer remporter le deuxième siège.

Listes LFI : « Il faut éviter de faire perdre des voix à la gauche », soutient Thomas Dossus

Mais cette ambition pourrait être mise à mal par la liste LFI. Comme dans tous les départements de France, La France Insoumise a décidé de présenter des candidats. Exclu des accords entre les autres formations de gauche, LFI entend ne pas « laisser faire (son) éradication, car c’est le but des appareils PS, EELV et PCF, qui se sont entendus pour nous écarter et tout faire pour nous empêcher d’entrer au Sénat », avance à publicsenat.fr le député Paul Vannier, responsable des élections à LFI. Leurs candidats entendent représenter « le programme de la Nupes ». Conséquence de cette division à gauche : cela pourrait enlever les quelques voix parfois nécessaires pour faire un siège, qui peuvent se jouer sur les doigts d’une main.

« C’est le risque », reconnaît Thomas Dossus, « il faut éviter de faire perdre des voix à la gauche ». Face « aux compromis très réactionnaires avec la droite au Sénat », le sénateur du Rhône insiste sur l’objectif que se sont fixé les groupes PS, communiste et écolo : passer d’un total de 92 sénateurs de gauche à une centaine. Quant aux Insoumis, « il n’y a jamais eu de volonté d’éradiquer LFI. Ce sont des propos de campagne ». La demande de LFI « d’avoir au moins un siège était légitime », reconnaît Olivier Bertrand, responsable des élections d’EELV, qui a négocié au plan national, mais « dans les faits, ces candidats n’auraient pas permis l’élection d’un sénateur insoumis ».

Mélanie Vogel défend la « capacité à porter de la radicalité et du pragmatisme »

Malgré ce risque de perdre quelques voix, EELV entend bien se « renforcer » au Sénat, insiste la sénatrice Mélanie Vogel. Elle avoue qu’il y a « un côté déprimant. On est le plus petit groupe dans un Sénat très à droite, qui n’est pas forcément sur notre ligne ». Mais celle qui a été élue en 2020 rappelle qu’« on arrive à porter des sujets, comme l’inscription de l’IVG dans la Constitution ». Mélanie Vogel est l’auteure d’une proposition de loi sur le sujet, rejetée par la droite. Un « échec tout relatif ». Car un autre texte a été finalement adopté. « Nous avons réussi à pousser la droite à le voter », se souvient-elle. Pour la sénatrice EELV, l’enjeu pour le groupe est cette « capacité à porter de la radicalité et du pragmatisme ».

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