French Senat Paris : weekly questions to the government

Elections sénatoriales 2023 : la majorité présidentielle pas toujours unie sur les candidatures

Les trois partis de la majorité présidentielle avancent sur les investitures pour les sénatoriales. Renaissance, Modem et Horizons se soutiennent dans une série de départements. Mais dans le Nord ou les Hauts-de-Seine, la désunion s’installe. A Paris, le cas du sortant Julien Bargeton fait débat et certains imaginent quelques scénarios surprenants…
François Vignal

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La majorité présidentielle, c’est du 3 en 1. Quand tout va bien. Renaissance, le Modem et Horizons discutent depuis plusieurs mois des listes pour les élections sénatoriales du 24 septembre. L’hiver dernier, Renaissance avait jeté un froid, en décidant unilatéralement d’investir ses sénateurs sortants, sans prendre la peine d’attendre un éventuel accord avec ses alliés d’Horizons et du Modem. Une politique du fait accompli qui était mal passée.

Les échanges entre les trois hommes chargés de discuter des élections, le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester pour Renaissance, celui de l’Agriculture, Marc Fesneau, pour le Modem, l’ex-député et président du groupe Indépendants et progressistes du conseil de Paris, Pierre-Yves Bournazel, pour Horizons, n’en ont pas moins continué. Trois hommes, mais pas encore de couffin, car l’accouchement se fait un peu dans la douleur dans certains départements, on va le voir. Si division il y a, elle devrait cependant rester plutôt à la marge, la majorité présidentielle étant capable de jouer l’union dans plusieurs départements.

Vers une forme de stabilité pour le camp présidentiel au Sénat ?

Si personne ne se risque à donner un objectif de progression, que ce soit pour Renaissance, le Modem ou Horizons, au total, au soir du 24 septembre, il n’est pas impossible que le nombre global des sénateurs favorables à la majorité présidentielle reste plus ou moins stable.

Lors d’un bureau exécutif lundi soir, Renaissance a investi une nouvelle série de candidats, comme le relate Le Figaro. « Notre règle, c’est de soutenir les sortants partout. Nous sommes à la fois constructifs, loyaux et fermes sur les engagements des candidats, c’est-à-dire qu’ils s’engagent à soutenir le gouvernement », explique François Patriat, président du groupe RDPI (Renaissance) du Sénat.

Un seul membre du gouvernement candidat

Le parti macroniste présente un seul membre du gouvernement aux sénatoriales, avec la secrétaire d’Etat à la Citoyenneté, Sonia Backès, en Nouvelle-Calédonie (contre deux en 2020, avec Jean-Baptiste Lemoyne et Sébastien Lecornu). Le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées, Jean-Christophe Combe, qui envisageait un temps d’être candidat dans la Marne, a jeté l’éponge. L’ex-ministre des Outre-mer Annick Girardin, sera candidate à Saint-Pierre-et-Miquelon.

Quant à l’ex-ministre Brigitte Bourguignon, battue en juin dernier aux législatives, elle devrait être numéro 2 sur la liste du Pas-de-Calais, derrière le Modem sortant Jean-Marie Vanlerenberghe. Encore faut-il trouver une porte de sortie pour Michel Dagbert, ancien PS qui a rejoint le groupe RDPI (Renaissance), et le convaincre de ne pas se représenter… Ce qui est en cours de discussion.

Horizons mise sur la Marne et la Seine-et-Marne

S’il s’agissait lundi soir des investitures du côté du parti présidentiel, et non pas celle des partis alliés – Horizons ne devrait d’ailleurs pas faire d’investiture officielle, laissant les grands électeurs décider – les choix n’en sont pas moins partagés dans plusieurs territoires.

Les partis de la majorité présidentielle se sont par exemple entendus pour soutenir un seul candidat Renaissance dans la Loire, ou dans l’Orne. Le candidat sera celui du Modem dans le Loir-et-Cher ou dans les Pyrénées-Atlantiques, où le parti compte déjà la sortante Denise Saint-Pé. Elle siège, comme tous les Modem du Sénat, au groupe Union centriste, membre de la majorité sénatoriale avec LR. Le Modem voit aussi Daphné Ract-Mdaoux, sa sénatrice sortante de l’Essonne, obtenir le soutien du parti présidentiel.

Horizons voit de son côté ses candidats soutenus en Loire-Atlantique, comme le sortant Joël Guérriau, du groupe Les Indépendants et qui est proche du parti, ou dans le Maine-et-Loire, où le sortant Horizons, Emmanuel Capus, se représente. Avec d’autres membres du parti d’Edouard Philippe, il siège au groupe Les Indépendants, de Claude Malhuret. Toujours pour Horizons, il faudra suivre aussi, et surtout, les départements de la Marne et de la Seine-et-Marne, qui pourraient être les deux principales chances de gain de siège. Dans la Marne, c’est Cédric Chevalier qui sera candidat, soutenu par le maire de Reims, Arnaud Robinet, et Catherine Vautrin. Dans le département d’Ile-de-France, c’est Louis Vogel, maire de Melun, qui se présente.

A Paris, la majorité présidentielle manque de grands électeurs

Restent quelques points sensibles. A commencer par Paris. Dans la capitale, comme souvent, que ce soit chez les LR ou à gauche, c’est compliqué. La majorité présidentielle n’y coupe pas. Julien Bargeton, sénateur Renaissance sortant, a été investi dès janvier, selon la règle édictée par le parti. Mais ce qui n’est pas forcément pour plaire à Horizon ou au Modem. Du côté du conseil de Paris, certains estiment que le siège est difficile à faire, pour ne pas dire impossible. D’autant que Julien Bargeton n’est plus membre du Conseil de Paris. Surtout, il faut 13 conseillers de Paris pour s’assurer un siège de sénateur. Or les groupe Les indépendants et progressistes en a 6 et le groupe Modem 5, soit un total de 11 (ce qui fait 98 + 81 grands électeurs, en tenant compte des grands électeurs supplémentaires désignés par chaque conseiller de Paris). Sur le papier, cela ne suffit pas.

C’est pourquoi l’idée d’une autre candidature, qui pourrait rassembler plus large et élargir le spectre, revient régulièrement. On cite le nom de Pierre-Yves Bournazel, qui est toujours conseiller de Paris, ou un candidat issu du Modem. Une deuxième candidature de la majorité présidentielle est en revanche écartée. Pour le parti présidentiel en revanche, il n’y a pas à revenir sur l’investiture. « C’est une circonscription Renaissance, il y a un sortant, qui est un bon candidat, qui a bossé. En faisant l’unité, on peut faire élire un sénateur à Paris, il aura assez de grands électeurs », soutient François Patriat.

L’hypothèse Pierre Charon soutenu par la majorité présidentielle à Paris : réaliste ou de la science-fiction ?

Au moins qu’une troisième idée sorte du chapeau. Une idée surprenante, qui commence à être soufflée discrètement… Celle de voir Pierre Charon, sénateur LR sortant, recevoir les voix des conseillers de Paris de la majorité présidentielle. « Il est plutôt bien vu du côté du Château (l’Elysée, ndlr) et du président de la République lui-même, avec qui il a de bonnes relations. C’est un sénateur constructif. Il y a des gens dans l’entourage d’Emmanuel Macron qui théorisent l’idée qu’il pourrait, en fin de compte, être le candidat à soutenir, car avec les quelques grands électeurs qu’il a encore de son côté, il pourrait faire son siège », lâche un membre du camp de la majorité présidentielle. Si l’idée reste très hypothétique, ce genre de coup de billard à trois bandes permettrait aux macronistes de conserver un siège et constituerait une nouvelle prise de guerre chez les LR. D’autant que Pierre Charon est un fidèle et un proche de Nicolas Sarkozy. Et on sait qu’Emmanuel Macron consulte Nicolas Sarkozy, ce dernier militant depuis des mois pour la constitution d’une majorité entre LR et la majorité présidentielle.

Un tel scénario n’est néanmoins, pour l’heure, pas à l’ordre du jour. Car Pierre Charon souhaite, en toute logique, obtenir l’investiture des LR. Il demande la première ou la seconde place. Mais la composition de la liste de droite est pour le moins compliquée, comme nous le racontions ici… On lui propose la quatrième place, ce que Pierre Charon refuse en tant que sortant. Le cas de Paris devrait être réglé tardivement, lors d’une commission nationale d’investiture des LR, le 4 juillet. Mais il ne semble pas évident qu’il obtienne gain de cause, selon certains LR…

Dans les Hauts-de-Seine, où iront les voix du Modem ?

Un autre département agite la majorité présidentielle, c’est celui des Hauts-de-Seine. Le sortant Renaissance Xavier Iacovelli a été investi (André Gattolin, l’autre sortant, ne se représentant pas). Mais il peine à faire l’union, car il se dit avec insistance qu’Hervé Marseille, sénateur et président de l’UDI, pourrait avoir à la seconde place sur sa liste la présidente du Modem 92, avec Isabelle Florenne, qui n’est autre que la fille du sénateur Modem Jean-Marie Vanlerenberghe. Histoire de rajouter un peu de sel, Isabelle Florenne est membre de la majorité municipale du maire de Suresnes, Guillaume Boudy, quand Xavier Iacovelli, qui a quitté le PS en 2019 pour rejoindre LREM, est aussi élu de Suresnes mais dans l’opposition municipale…

Autre département où il n’y a pas d’union : le Nord. Le sortant Renaissance Frédéric Marchand a été investi, mais un autre sortant, Dany Wattebled, membre du groupe Les Indépendants, est aussi à nouveau candidat. Sans oublier un troisième larron, qui se revendique d’Edouard Philippe, Franck Dhersin. Soit deux candidats proches d’Horizons. Et il n’a pas été possible de jouer l’unité dans le camp macroniste. « On ne va pas faire entrer dans une même boîte des choses qui ne rentre pas », dit un élu de la majorité présidentielle. Le dernier mot sera donné aux grands électeurs pour départager tout le monde.

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