Tout un symbole. L’université de Strasbourg fermera ses portes deux semaines cet hiver pour réduire sa consommation d’énergie et faire face à l’envolée des prix de l’électricité. En Allemagne et en Espagne, le sidérurgiste Arcelor Mittal a mis à l’arrêt deux de ses hauts fourneaux. En France, c’est Ascoval, l’aciérie nordiste qui tournera au ralenti jusqu’à la fin de l’année, Voilà les conséquences directes de la guerre en Ukraine avec l’arrêt de l’approvisionnement de gaz russe. Doit-on craindre des coupures d’électricité sur le sol européen ? « Pas pour les citoyens, pas pour les foyers », croit savoir Cristian Busoi, eurodéputé roumain (PPE) et président de la Commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie au Parlement européen. « Mais je crains que presque partout en Europe, des industries devront suspendre leur activité. J’espère qu’il n’y aura pas de fermeture totale et des pertes d’emploi. »
« Ce qu’il fallait, c’est éviter une explosion sociale du fait du coût de l’électricité pour les ménages. », Ernest Urtasun
« Eviter une explosion sociale »
Les factures qui s’envolent dans un contexte d’hyperinflation, voilà ce qui préoccupe l’élu espagnol, Ernest Urtasun, (Les Verts). « Pour les foyers, je suis plus inquiet du coût de l’électricité. Je ne pense pas qu’il y aura des coupures, les réserves sont dans un bon état, on a fait des plans d’approvisionnement. Ce qu’il fallait, c’est éviter une explosion sociale du fait du coût de l’électricité pour les ménages. »
« Nous aider à traverser cet hiver »
Avec deux mesures d’urgence, l’exécutif européen espère parer au plus pressé : le plafonnement des revenus des producteurs d’électricité et la taxation des superprofits réalisés par les entreprises de combustibles fossiles. Deux mesures qui pourraient rapporter 140 milliards d’euros et ainsi faire baisser les factures des Européens. Une réponse de la Commission européenne qui satisfait majoritairement les eurodéputés. « Ce que la Commission a présenté, on l’a retrouvé dans le discours de Ursula von der Leyen, c’est un signal très fort, ce sont des mesures très bonnes pour calmer un peu la situation et pour nous aider à traverser cet hiver, cette situation catastrophique », reconnaît Cristian Busoi. « Ce sont des propositions un peu tardives, mais je dirais qu’elles vont dans le bon sens. J’espère en tout cas que les chefs d’Etat et de gouvernement vont les adopter le plus vite possible », ajoute Ernest Urtasun.
Une nouvelle réunion des ministres européens de l’énergie
Les ministres européens de l’énergie se réuniront une nouvelle fois, le 30 septembre, pour tenter de se mettre d’accord sur les propositions de la Commission. L’exécutif européen, veut aller vite, et a trouvé un subterfuge pour éviter des négociations interminables. Plutôt que de parler de taxe, Bruxelles évoque une contribution, car les décisions fiscales requièrent l’unanimité des 27. « Les Etats membres doivent s’entendre sur cette question. Le Parlement est très clair là-dessus, nous soutenons les mesures proposées par la Commission. Le Conseil doit les adopter. Sur la taxation des superprofits, ce qui est intéressant, c’est que la Commission a utilisé une base légale qui nécessite au conseil la majorité qualifiée. Donc pas d’unanimité requise pour la taxation des superprofits », affirme Ernest Urtasun, non sans un certain sourire.
Mais au-delà des mesures d’urgence, il faut que l’Union prenne le chemin de la souveraineté énergétique. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, souhaite ainsi amorcer une grande réforme du marché de l’électricité.
Revoir l’intégralité de l’émission en replay