L'appel d'un ex-soutien de Jean-Luc Mélenchon à voter RN aux européennes est "un coup monté", s'est indigné mercredi le chef de file de La France insoumise, tandis que Marine Le Pen a salué la "cohérence" du militant, qui participera à un meeting du RN jeudi.
Andréa Kotarac, élu régional LFI en Rhône-Alpes et ancien membre de l'équipe de campagne présidentielle de M. Mélenchon, a annoncé mardi soir qu'il quittait le mouvement et allait voter pour la liste du Rassemblement national aux élections européennes pour "faire barrage" à Emmanuel Macron.
Il participera jeudi soir à une réunion publique de Marine Le Pen à Fessenheim (Haut-Rhin), a appris l'AFP auprès du RN.
"Pour solde de tout compte: Kotarac est le nom d'une boule puante de fin de campagne. Un coup monté. Le soutien d'un tel traître à ses amis déshonore ceux qui compteraient en profiter", a réagi sur Twitter M. Mélenchon.
L'appelant à respecter "au moins les électeurs", il a souhaité que, "élu contre le FN", il démissionne de son mandat, ce que M. Kotarac a annoncé dès mardi.
Ce dernier avait été élu en 2015 sur la liste PS/MRC/EELV/PG du socialiste Jean-Jack Queyranne et siégeait depuis au sein du groupe Rassemblement citoyen écologiste & solidaire (RCES), qui a décidé de "l'exclure dès ce (mardi) soir".
Précisant ne pas adhérer au RN, M. Kotarac a dit considérer la liste conduite par Jordan Bardella comme "la seule liste souverainiste, qui met en avant l'indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à Emmanuel Macron et de faire barrage à ce rouleau compresseur antisocial".
La présidente du RN a elle estimé mercredi sur France 2 qu'il y avait "une cohérence" dans ce soutien "puisque la France insoumise ne cesse de dire qu'il faut battre Macron", assurant qu'il y aurait "d'autres" ralliements similaires.
M. Kotarac "a constaté qu'à la France insoumise il y a une véritable dérive (...) sur le communautarisme, dans les relations troubles avec le fondamentalisme islamiste, (et) dans le domaine de la laïcité", a ajouté Mme Le Pen. LFI a en outre "abandonné ce souverainisme. Ils veulent, eux, la disparition, la dilution des nations", selon elle.
Ce ralliement n'augure cependant pas d'un scénario à l'italienne d'alliance entre le RN et LFI, à l'instar de la coalition de gouvernement en Italie entre la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles, a précisé Mme Le Pen. "Je ne crois pas (à ce scénario) parce que 5 étoiles n'est pas en l'occurrence la France insoumise", a-t-elle déclaré.
La tête de liste LFI Manon Aubry a appelé sur BFMTV à "ne pas donner trop d'importance à une personne individuelle qui, par opportunisme, trahit les valeurs chevillées au corps" de LFI, et a pointé du doigt des "convergences" entre RN et LREM, "tous deux contre la hausse du Smic", "contre l'égalité femmes-hommes", défenseurs de "la hausse du temps de travail" et inactifs contre le changement climatique.
Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a pour sa part constaté sur Europe 1 que les "porosités entre LFI et RN que nous observons, là, s'incarnent".