Emeutes : « Lorsque l’on ne respecte pas la République, on n’a pas forcément le droit à toutes les prestations de la République », estime Raffarin

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin soutient la proposition des LR de toucher aux allocations familiales des parents de mineurs délinquants. Face aux violences urbaines qui frappent de nombreuses villes depuis une semaine, il appelle à « un virage de fermeté ».
Romain David

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La droite souhaite la suspension des allocations familiales pour les parents de délinquants. Dans un contexte de violences urbaines, déclenché par la mort du jeune Nahel à Nanterre le 27 juin, Éric Ciotti, le président des Républicains, a déterré un texte de loi qu’il avait lui-même présenté, et qui prévoyait de lutter contre l’absentéisme scolaire en sanctionnant les parents via le versement des allocations familiales. Votée en 2010, cette mesure a finalement été abrogée trois ans plus tard, lorsque la gauche est revenue au pouvoir. À l’époque, les rapports des deux commissions parlementaires saisies sur le fond, à l’Assemblée et au Sénat, avaient relevé la faible efficacité du dispositif.

« Toucher à la République, toucher à l’école, toucher aux tribunaux, toucher aux policiers, c’est toucher à l’essentiel. Je pense que la République doit prendre aujourd’hui un virage de fermeté pour montrer que l’on a des droits et des devoirs. Le débat est ouvert mais je pense que lorsque l’on ne respecte pas la République, on n’a pas forcément le droit à toutes les prestations de la République », a néanmoins estimé l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ce mercredi, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat.

« Doit-on donner le permis de conduire à quelqu’un qui brûle des voitures ? »

« De ce point de vue là, les Républicains ont raison de prendre un virage sécuritaire », salue cet ancien chiraquien, qui a pris ses distances avec sa famille politique en ralliant Emmanuel Macron. « Je comprends que l’on puisse remettre en cause certaines prestations sociales. Le respect de la République est une condition pour avoir les bienfaits de la République, celui qui ne respecte pas la République doit sentir que la République ne le respectera pas au degré où il souhaiterait l’être », martèle notre invité. « Il y a des formes de sanctions, il faut trouver des choses à inventer. Doit-on donner le permis de conduire à quelqu’un qui brûle des voitures ? Il y a des questions à se poser », développe Jean-Pierre Raffarin.

« Il y a des non-intégrés de la République qui combattent la République, il faut faire en sorte qu’ils puissent ne pas nuire. La fermeté est la seule réponse. Je trouve qu’Edouard Philippe a la bonne réponse quand il dit que les émeutiers ne peuvent pas avoir le dernier mot. »

« L’Assemblée donne le sentiment de ne pas respecter elle-même la politique »

Reconnaissant une situation de crise sociale, Jean-Pierre Raffarin pointe également du doigt la dégradation du débat public : « La politique n’est pas innocente des crises et des violences. Quand la violence augmente, c’est que la politique recule. Le discrédit de la politique affaiblit le message politique. Le manque de respect des politiciens pour la politique est le premier de nos sujets », soutient l’ancien chef de gouvernement.

Jean-Pierre Raffarin vise notamment les députés de La France insoumise : « L’Assemblée donne le sentiment de ne pas respecter elle-même la politique, or la politique a été inventée pour échapper à la violence », veut-il rappeler. Et de soupirer : « Quand on joue au football avec la tête d’un ministre, ce n’est pas du respect ». Une référence à l’exclusion provisoire du député LFI Thomas Portes en février dernier, pour avoir posté sur Twitter une photo de lui, un pied sur un ballon à l’effigie d’Olivier Dussopt, le ministre du Travail, en plein débat sur la réforme des retraites.

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