Le président Emmanuel Macron a lancé dimanche à la télévision italienne un vibrant appel à la réconciliation et annoncé que son homologue italien Sergio Mattarella viendrait célébrer le 2 mai à Amboise (Indre-et-Loire) les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci.
"Il y a eu des propos excessifs. Il y a des péripéties aujourd'hui. Moi, je pense que ce que nous devons à nos peuples, à notre histoire et à l'Europe, c'est d'aller au-delà", a plaidé M. Macron à propos des tensions entre Rome et Paris qui ont culminé le mois dernier avec le rappel provisoire de l'ambassadeur de France en Italie.
Pour illustrer cela, M. Macron a annoncé qu'il recevrait M. Mattarella le 2 mai à Amboise et à Chambord, deux célèbres châteaux de la Loire, "avec la jeunesse française et italienne". "On parlera d'avenir et d'Europe", a-t-il ajouté.
Les deux présidents entendent aller "au-delà des malentendus qui peuvent parfois s'installer dans la vie politique ou économique et qui sont, pour moi, secondaires", a assuré M. Macron, sans jamais mentionner le chef du gouvernement Giuseppe Conte ou aucun autre dirigeant italien.
A l'exception d'une question sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin -- dont il a souligné l'importance --, le président français s'est gardé d'évoquer les sujets qui fâchent comme le soutien des dirigeants populistes italiens au mouvement de protestation des "gilets jaunes" ou la fusion entre les Chantiers de l'Atlantique (ex-STX France) et Fincantieri.
Il a en revanche longuement parlé de son amour pour l'Italie, de ses voyages, de ses lectures, de Naples...
"Il y a tant et tant de Français qui aiment l'Italie et d'Italiens qui aiment la France et les Français. Mais du coup, on a presque oublié qu'il fallait continuer à apprendre à se comprendre", a-t-il expliqué.
"Je ne sous-estime aucune des difficultés du quotidien et des impatiences, mais je crois qu'entre nos pays, il y a toujours eu et il y a du cœur, c'est-à-dire de l'amitié, de l'amour", a-t-il ajouté dans un message final face à la caméra.
En Italie, l'interview a provoqué la polémique avant même sa diffusion: M. Macron a choisi de répondre à Fabio Fazio, l'une des bêtes noire du vice-Premier ministre Matteo Salvini (extrême droite) et des souverainistes qui le considèrent comme l'archétype du journaliste "bobo".
Pendant l'entretien, le président français a aussi cité l'écrivain Roberto Saviano, l'un des critiques les plus virulents de M. Salvini, et fustigé "la simplification du message de certains nationalistes".
"Aucun pays, aucun en Europe, ni l'Italie, ni la France, ne règlera les problèmes qui sont les siens en s'opposant aux autres pays européens et en se repliant juste sur le plan national", a-t-il insisté.
Il a aussi estimé que l'Europe était comme "sur un volcan": "Il y a des gens qui pensent qu'on peut continuer comme des somnambules, comme si de rien n'était, ils seront ensevelis. Moi, j'ai la conscience du tragique (...). Nous avons besoin d'une vraie pensée philosophique complexe et de réinspirer nos peuples".